El Niño de Hollywood, Oscar et Juan José Martinez.

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Synopsis:

Quelle est la relation entre le gouvernement de Ronald Reagan et un membre d’un gang en Amérique centrale qui a assassiné plus de 50 personnes ? Quel est le lien entre la Californie et le fait que le Salvador soit le pays le plus meurtrier au monde ? Comment un groupe d’immigrés à Los Angeles – fans absolus de heavy metal – est devenu l’embryon du gang le plus dangereux de monde ? Dans ce document poignant de réalité, les frères Óscar et Juan José Martínez – l’un reporter, l’autre anthropologue – racontent la vie de Miguel Ángel Tobar, dit El Niño de Hollywood, un tueur sanguinaire appartenant au seul gang faisant partie de la liste noire du département du Trésor aux Etats-Unis, la Mara Salvatrucha 13. Cette histoire brutale du Niño de Hollywood permet surtout aux auteurs de livrer les dynamiques sous-jacentes du phénomène des gangs aux États-Unis et en Amérique centrale, et de montrer comment des processus globaux construisent une infinité d’histoires microscopiques qui ont, elles, des conséquences bien réelles. Entre thriller, récit documentaire et enquête historique, les auteurs nous plongent au cœur des ténèbres – peuplées de mysticisme, codes d’honneur, tatouages et trahisons – pour essayer de déchiffrer les racines d’une violence qui semblerait inexplicable mais qui ne l’est pas. Des mauvaises décisions, des décisions stupides ont été prises et personne ne semble avoir conscience des erreurs. La fin d’une guerre n’est pas nécessairement le début de la paix. A travers des scènes d’une réalité féroce, nourries par des centaines d’heures d’interviews et de terrain, les frères Martínez font honneur à la terrible réponse qu’ils ont donné au Niño de Hollywood lorsque celui-ci leur a demandé pourquoi ils s’intéressaient à lui :  » Parce que, malheureusement, nous croyons que ton histoire est plus importante que ta vie… « 

Ce que j’ai ressenti:

▪️Pour certains, la paix est impossible…

« Je hais donc j’existe. »

Puisque on en est à parler épidémie, il faudrait que je vous parle aussi de celle-ci…L’épidémie du Salvador, le pays le plus meurtrier au monde…Ce livre est un choc. Je suis totalement sortie de ma zone de confort pour découvrir la violence extrême. Avec ce récit documentaire, les frères Martinez nous emmène au plus près du gang le plus dangereux du monde: la Mara Salvatrucha 13, et sur les traces de l’un de ses membres les plus terribles, El Niño de Hollywood. C’est un documentaire édifiant et terriblement choquant. Les chiffres et les statistiques s’affolent et défient tout entendement: autant de morts pour un si petit pays, ça fait froid dans le dos, et c’est pour cela que le mot Épidémie, lui est associé, avec ce nombre ahurissant de victimes. En retraçant ainsi, grâce aux entretiens et au travail d’enquête minutieux de ces deux auteurs sur les origines de la formation de ce gang, on s’aperçoit que pour certains, le mot paix n’a pas de place dans leurs vocabulaires. Miguel Angel Tobar est El Niño de Hollywood et son histoire est importante pour comprendre le fléau qui sévit au Salvador.

Ils naissent et ils meurent comme ça.

Mais ces morts étaient des morts pauvres. Des morts de règlements de comptes entre gangs. Morts de cette guerre entre miséreux.

▪️Sauf que c’étaient des gamins…

J’avais déjà entendu parler du phénomène des « baby-gang » en Italie avec la duologie Roberto Saviano (Piranhas et Baiser Féroce), mais même sur d’autres frontières, ce mal se répand aussi, malheureusement. Utiliser des enfants pour répandre la haine. La misère, bien sûr, a été le terreau de ce phénomène dévastateur…À force de recherches et d’entretiens, les deux frères Martinez nous démontrent que l’embrigadement se fait dès le plus jeune âge, et comme ce sont des « gamins de rien » livrés à eux-mêmes, qu’ils n’ont personne pour les protéger de ces figures manipulatrices, ils tombent vite sous la coupe des gangs…Et dans leurs totales inconsciences, dans leur total dévouement, ils font pire que les « grands », et n’ont de cesse de faire monter cette violence en escalade, jusqu’au bain de sang, pour nourrir la Bête. C’est la haine, leurs moteurs de vie. Parce qu’ils n’ont rien d’autre que ça, ces enfants perdus. Ils dévorent et se font dévorer pour cette idée d’appartenance à un clan. Et ils ne peuvent pas s’en sortir, une fois que La Bête les a marqués, c’est définitif. Aucune échappatoire possible. Souvent, ils prennent alors un nom avec une majuscule, pour faire courir la légende et semer la mort, partout. El Niño de Hollywood est un assassin avec plus de 50 meurtres à son actif. Un enfant-tueur, victime et bourreau de La Bête.

De la chair fraîche et agressive pour faire grossir la Mara Salvatrucha, La Bête.

▪️Comprendre la création du gang le plus dangereux du monde…

Bien que le sujet soit très difficile, c’est un livre que je recommande à qui voudrait comprendre l’histoire et la formation du gang de la Mara Salvatrucha 13. J’ai pris le temps de lire avec attention cette lecture. C’est un récit très documenté et fort en émotions parce que l’on voit à travers les yeux et les ressentis de El Niño de Hollywood.

La mort appelle la mort. Pas partout, mais au Salvador, si. La mort a la mort en héritage. Des petites histoires de famille à l’histoire récente du pays, le Salvador est construit sur des morts qui ont généré d’autres morts.

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement les éditions Metailie de leur confiance et l’envoi de ce livre.

Editions Métailié : en novembre, on lit, on lit ! L'automne s ...

Richesse Oblige, Hannelore Cayre.

Synopsis:

Dans les petites communautés, il y en a toujours un par génération qui se fait remarquer par son goût pour le chaos. Pendant des années l’engeance historique de l’île où je suis née, celle que l’on montrait du doigt lorsqu’un truc prenait feu ou disparaissait, ça a été moi, Blanche de Rigny. C’est à mon grand-père que je dois un nom de famille aussi singulier, alors que les gens de chez moi, en allant toujours au plus près pour se marier, s’appellent quasiment tous pareil. Ça aurait dû m’interpeller, mais ça ne l’a pas fait, peut-être parce que notre famille paraissait aussi endémique que notre bruyère ou nos petits moutons noirs… Ça aurait dû pourtant…Au XIXe siècle, les riches créaient des fortunes et achetaient même des pauvres afin de remplacer leurs fils pour qu’ils ne se fassent pas tuer à la guerre. Aujourd’hui, ils ont des petits-enfants encore plus riches, et, parfois, des descendants inconnus toujours aussi pauvres, mais qui pourraient légitimement hériter ! La famille de Blanche a poussé tel un petit rameau discret au pied d’un arbre généalogique particulièrement laid et invasif qui s’est nourri pendant un siècle et demi de mensonges, d’exploitation et de combines. Qu’arriverait-il si elle en élaguait toutes les branches pourries ?

Ce que j’ai ressenti:

▪️Talent oblige…

Hannelore Cayre nous revient en ce mois de mars, avec encore des personnages féminins très forts. Elle a vraiment le chic cette auteure pour faire briller les femmes, toutes les femmes. Et plus particulièrement, elle fait sortir de l’ombre ces femmes qu’on oublie, ces femmes ordinaires que l’on regarde à peine, mais qui sont pourtant tellement fabuleuses pour un peu qu’on s’y intéresse…Je trouve qu’elle a un super pouvoir cette Hannelore Cayre, celui de magnifier les femmes dites « invisibles ». Lire son roman noir pendant ce Mars au féminin, c’est de régaler d’avoir à vivre le temps d’une lecture avec des personnalités bien campées et hautes en couleurs et de rire à leurs côtés de leurs audaces… Donc que je vous présente: Blanche de Rigny, son amie Hildegarde et leur petite protégée Juliette dans leur sillage, des femmes fortes et déglinguées, avec un redoutable sens de l’efficacité et déterminées plus que jamais, à sauver le monde…Toutes différentes qu’elles sont, ce duo de nanas, qui a l’art et la manière de « faire chier », donne un sacré coup de pied, là où ça fait bien mal et nous, lecteurs, on en redemande forcément!

-C’est bien la jeunesse, ça, de courtiser le désastre!

▪️Généalogie oblige…

En point de départ, un nom de famille pour le moins étrange. De Rigny. C’est vrai, que ça résonne bizarrement comme un nom de la noblesse, alors Blanche s’interroge et va se concentrer sur son arbre généalogique et faire bouger les branches en secouant bien fort pour faire tomber les fruits pourris…Vous savez ce genre de secrets de famille qu’on planque sous les tapis à coups de pots-de-vins et autres petites « arrangements » que les riches peuvent se permettre pour un peu qu’on y mette le prix?!…C’est la toute première fois que j’entends parler de « remplacement militaire », et je dois dire que je ressors choquée, outrée même qu’on puisse acheter une vie, switcher son destin parce qu’on a l’argent et le pouvoir, pour le faire, mais ce n’est pas le seul thème que cette auteure aborde, pour nous faire bondir de nos chaises… Elle en a sous le pied Hannelore!!… Avec ces sauts dans le temps de 1870 à nos jours, on s’aperçoit que les histoires passées ont toujours l’emprise sur nos présents, et que le futur ne pourra changer que si l’on se bouge, même à notre petite échelle, même entravé, avec des idéaux plus sains que ce que la Richesse oblige

Un prix des hommes existe toujours, mais son calcul ne répond plus aussi directement à la loi de l’offre et la demande.

▪️Karma oblige…

Après le détonant roman noir et son personnage inoubliable de La Daronne, je confirme que Hannelore Cayre fait partie de mon paysage du polar. Elle a une plume énergique, incisive et avec du caractère! Pour moi, une incontournable! Elle dénonce avec un sacré bagout, les problèmes de sociétés d’hier et d’aujourd’hui et nous surprend avec un humour noir et brillant de mille feux. Loin de moi, l’idée de vous obliger à quoi que ce soit, mais je vous conseille de découvrir cette auteure parce qu’en fait, elle est tout simplement, géniale!

Croche dedans si tu peux, il n’y en aura pas pour toutes!

Ma note Plaisir de Lecture 9/10

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement les éditions Metailie de leur confiance et l’envoi de ce livre.

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La Fille aux Ciseaux, Jorge Franco.


Synopsis:

Antonio et Emilio sont amoureux de la même fille, Rosario, la fille aux ciseaux, la belle tueuse, la Vénus futuriste, fascinée par la violence et la mort. Elle a séduit les deux garçons et les a entraînés dans un triangle amoureux fait de plaisir, de vertige et de peur, entrecoupé par les missions mortelles qu’elle effectue pour “les hommes” du narcotrafic. Rosario aimait Emilio mais c’est avec Antonio qu’elle parlait, et c’est Antonio qu’elle a appelé à l’hôpital où elle est en train de mourir, exécutée par celui qu’elle pensait tuer. Roman noir des bas-fonds de la drogue, de la prostitution et du crime, avec en toile de fond la ville de Medellín, La Fille aux ciseaux est aussi un roman d’amour et d’apprentissage vibrant et poétique.


Ce que j’ai ressenti:

▪️ ♫Excuse-moi Partenaire, de te parler comme ça …Mais il va falloir éteindre la passion dans tes yeux, Partenaire. Reprendre tes esprits et ton cœur en miettes…Rosario se meurt et c’est dans un dernier baiser qu’elle reçoit le vertige…Tu l’as aimé Partenaire, oh ça oui! Aimer à te consumer de l’intérieur, à te brûler à des flammes toxiques, à basculer dans le vide…Car elle est comme ça, Rosario, Fatalement attirante, Fatalement mortelle. Et puis, tu la désires tellement Partenaire, mais tu restes dans l’ombre. À l’attendre. À te tuer d’amour quand elle embrasse tous les autres, sauf toi. Excuse-moi Partenaire, de te parler comme ça, mais va falloir l’oublier La fille aux ciseaux. C’est mieux pour toi…Excuse-moi Partenaire de te parler comme ça…

-C’est ça la connerie, dit-elle. Souffrir par amour.

▪️La vie n’est pas rose à Medellín. C’est un combat de tous les jours dans ces rues et ça, Rosario l’a compris intimement bien avant l’heure. Alors forcément, elle prend les armes dont elle dispose: sa beauté et ses ciseaux. Dans cette ville, on engloutit voracement les calories, la violence, la merde et la drogue. La mort aussi est suspendue à leurs lèvres, mais c’est sur celles de Rosario qu’une poignée d’hommes s’abîment…C’est absolument bouleversant cette visite de la ville parce que le crime est omniprésent, presque banal…Le cadre de cette histoire d’amour toxique est d’une violence extrême, et pourtant, dans la façon désespérée et inconditionnelle dont ses jeunes se perdent, il y a quelque chose de terriblement beau. Jorge Franco a soufflé des sorts dans ses mots, et même s’ils rimaient avec mort, j’ai été envoûtée de la première à la dernière phrase…

Rosario reçut en même temps une balle à bout portant et un baiser, et c’est pourquoi elle confondit la douleur de l’amour avec celle de la mort.

▪️C’est un roman court et intense. D’un genre ténébreux et violent, qui vient taillader mes illusions d’amour romantiques, mais donne en échange les couleurs blafardes et furieuses d’une passion vénéneuse… Un shoot de vibrations vertigineuses à la saveur si particulière…Il a la sensualité d’un baiser fougueux et le goût de la mort, ce roman noir. Et tout le charme en revient à l’héroïne, Rosario Ciseaux. Elle est fascinante, hypnotique même…Impossible de détourner les yeux d’elle…Et on comprend aisément que tant d’hommes brûlent d’amour dans ses bras. Elle est douce et dangereuse, Rosario. Comme la mort. Tellement qu’elles se confondent toutes les deux…Elle est La fille aux ciseaux, et faire sa rencontre pourrait à jamais changer votre vie.

-Je ne comprends rien à cette manie que tu as d’embrasser les morts!

Ma note Plaisir de Lecture 9/10

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement les éditions Metailie de leur confiance et l’envoi de ce livre.

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Les Roses de la Nuit, Arnaldur Indridason.


Synopsis:

A la sortie d’un bal, un couple pressé se réfugie dans le vieux cimetière, mais au cours de leurs ébats la jeune femme voit un cadavre sur une tombe et aperçoit une silhouette qui s’éloigne. Elle appelle la police tandis que son compagnon, lui, file en vitesse. Le commissaire Erlendur et son adjoint Sigurdur Oli arrivent sur les lieux pour découvrir la très jeune morte abandonnée sur la tombe fleurie d’un grand homme politique originaire des fjords de l’Ouest.
La victime a 16 ans, personne ne la connaît, elle se droguait. Erlendur questionne sa fille Eva Lind, qui connaît bien les milieux de la drogue pour en dépendre. Elle lui fournit des informations précieuses et gênantes à entendre pour un père. Il s’intéresse aussi à la tombe du héros national et va dans les fjords de l’Ouest où il découvre une amitié enfantine et une situation sociale alarmante. La vente des droits de pêche a créé un grand chômage et une émigration intérieure massive vers Reykjavík, dont les alentours se couvrent d’immeubles modernes pour loger les nouveaux arrivants. Sigurdur Oli, lui, s’intéresse plutôt à la jeune femme qui les a appelés.
Le parrain de la drogue, vieux rocker américanisé et proxénète, est enlevé au moment où la police révèle ses relations avec un promoteur immobilier amateur de très jeunes femmes. 
Avec son duo d’enquêteur emblématique et classique, Erlendur, le râleur amoureux de l’Islande, et Sigurdur Oli, le jeune policier formé aux États-Unis, Indridason construit ses personnages et nous révèle leur passé, tout en développant une enquête impeccable dans laquelle on perçoit déjà ce qui fait l’originalité de ses romans : une grande tendresse pour ses personnages et une économie de l’intrigue exceptionnelle.


Ce que j’ai ressenti:

▪️Dans les terres et mers islandaises…

Un cadavre dans un cimetière. C’est sa place, vous allez me dire…Et pourtant, non. Il dérange ce corps sans vie posé là sur la tombe du président Jon Sigurdsson. Le duo Erlendur/ Sigurdur Oli vont devoir élucider un meurtre atroce, celui d’une jeune fille dont tout le monde se fout totalement. Une paumée, une droguée, trop jeune, trop seule: une ombre abandonnée…Arnaldur Indridason nous revient avec une enquête sensible, opaque et alarmante au cœur des fjords islandais. Un moment encore unique de lecture entre charme et nostalgie qui m’a encore profondément touchée. Une danse d’âmes en peine, de jeunes qui s’autodétruisent, de violences et de corruptions, qui vont faire pâlir la couleur de nos jours et faner Les roses de la nuit

Mais ce qui fait le plus mal, c’est l’injustice.

▪️Toutes les couleurs du Noir…

Dans ce roman noir, les victimes se comptent par dizaines: c’est une qui meurent pour cents autres perdues…La jeunesse islandaise n’a que peu de perspectives d’avenirs, à cause de ces quotas de pêches et la montée du chômage dans leurs villages. Les jeunes doivent fuir leurs terres, parce qu’il n’y a plus grand chose à en tirer…Alors l’exode vers la ville est inévitable, mais aussi terriblement cruel avec cette génération qui vient des rêves pleins les yeux et se retrouvent avec rien pour les faire vivre. Les dangers de la ville sont donc à portée de main, dans de la poudre blanche, sur le gris du bitume, au fin fond des eaux noires…Un triste sort pour des adolescents en quête de sensations fortes et d’un semblant d’exaltation qu’ils n’ont pas trouver dans leurs foyers. C’est d’une tristesse…Ça m’a pris au cœur pour ne plus me lâcher, parce que Arnaldur Indridason y met une intensité bouleversante à te conter l’envers du décor. Il nous rend visible les oubliés de la rue, les victimes de la malchance, la réalité de cette jeunesse écorchée prise dans les fléaux de la course aux profits. C’est un roman dense qui détache ses pétales de noirceur dans les tourbillons de l’économie et son parfum tenace m’est resté sur les doigts. 250 pages qui me hantent encore…

Il se rappelait ce qu’il avait pensé: C’est ça, mourir?

▪️Tombent comme les nuits…

Arnaldur Indridason est en passe de devenir, un auteur incontournable de mon petit monde. J’aime sa manière d’écrire sur des sujets difficiles, de nous sensibiliser sur des réalités sociales tout en y laissant des instants de poésie éblouissants. Tout en douceur et par la profondeur de ses thèmes, il vient colorer mes nuits de beautés et de conscience éclairée. Rien que pour cela, je lui enverrai bien un bouquet de roses aux couleurs des nuits d’automnes…Et je m’en vais collectionner toutes les autres enquêtes de ce duo d’enquêteurs. Depuis que les elfes m’ont soufflé le pouvoir enchanteur de ces polars islandais, je ne me lasse pas de découvrir les légendes de ce pays, et j’adore!

Quand on veut mentir, il faut réfléchir et se préparer, vous comprenez?

 

Ma note Plaisir de Lecture 9/10

 

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement les éditions Metailie de leur confiance et l’envoi de ce livre. Ce fut une très belle lecture.

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Le dernier grenadier du monde, Bakhtiar Ali.


Synopsis:

Muzafari, officier supérieur des Peshmergas, n’a jamais connu son fils qui n’avait que quelques jours au moment où il sauve la vie de son meilleur ami, célèbre chef révolutionnaire kurde. Cette action lui vaut vingt et un ans de captivité à l’isolement dans le désert.
Quand il retrouve la liberté, il s’embarque pour un voyage dans le champ de mines qu’est devenu son pays, qu’il ne reconnaît plus. Un voyage, à la recherche de son fils, dans les histoires de ses amis et leurs secrets. Il va y découvrir l’existence de trois fragiles grenades de verre, qui le guideront dans sa quête, écouter chanter deux sœurs énigmatiques et fortes, apprendre l’histoire cruelle de la “guerre des charrettes” du bazar et de leur jeune Maréchal. Comprendre jusqu’où peut aller la trahison des puissants et l’insoutenable douleur de la guerre. Un voyage qui l’amène à faire ce que des milliers d’autres ont fait avant lui : traverser la Méditerranée, pour aller en Europe.
Dans ce texte magnifiquement poétique, Muzafari apprend à écouter le désert, le vent et le sable qui sont ses seuls interlocuteurs pendant sa captivité. Mais le retour à la réalité se fait aussi par un récit plein de maisons enchantées, de personnages fantastiques et touchants, qui emportent le lecteur dans un autre Orient. Toutefois entièrement impliqué dans l’époque moderne.


Ce que j’ai ressenti:

▪️L’émotion à l’état brut.

J’ai beaucoup hésité à faire cette chronique, parce que ce livre a été réveiller des émotions profondes à l’intérieur de moi et de mon imaginaire. C’est tellement puissant que ça me laisse un peu confuse pour raconter cette sensation. Ce livre t’envoie en méditation intense, dans un espace de solitude où pousse Le dernier grenadier du monde, et où la poésie éblouit tout le paysage. C’est de l’émotion à l’état brut. Un voyage à l’intérieur de soi, dans une intimité épurée, un temps d’arrêt pour repenser à notre place, maintenant, dans cet instant si court entre la vie et la mort. Un vide nécessaire, apaisant et riche. Un néant à atteindre. C’est vertigineux comme sensation, parce que tu te délestes de tout, comme Mouzaffar. Tu deviens Tout et Rien. L’infini et le néant. Et juste là, tu vois à travers les yeux de ce personnage, le dernier grenadier du monde, qui lui même, voit venir auprès de son ombre, les tourments des gamins de « rien », des enfants avec tout l’avenir devant eux, et une grenade de verre dans leurs mains…C’est sublime.

« Heure après heure, son cœur se fracture davantage. Entre les éclats de verre de son cœur, les failles se creusent. Au lever du soleil, il s’endort au milieu du sang, de la pluie et des larmes et, dans son sommeil, il rêve d’un arbre qui a pour nom « le dernier grenadier du monde ». « 

▪️A travers le verre…

Ce roman extraordinaire, c’est l’histoire d’un homme qui cherche son fils après 21 ans de captivité, qui se cherche aussi, parce qu’il a tout laissé au désert et dans les murs de sa prison. C’est la seule chose qui lui reste de cet enfermement, l’espoir de trouver son fils. Toute l’ingéniosité de ce roman noir, c’est de ressentir un climat étouffant de guerre civile, de massacres et de violences extrêmes mais de ne jamais en voir la couleur, parce que Bakhtiar Ali, en mettant une telle force dans ces mots, une telle fantaisie dans ces métaphores, une telle magie dans son histoire, arrive avec délicatesse à t’épargner des scènes ignobles, pour ne garder que l’essentiel: la beauté. C’est renversant. Tu n’as que la grâce d’une plume brillante et l’élégance d’une poésie envoûtante pendant 300 pages. Ce livre, c’est la beauté.

« Il existe deux sortes de secrets, ceux qui assombrissent le monde et nous aveuglent et ceux qui nous emmènent plus loin et plus profond. »

▪️Plus qu’un coup de cœur…

Parce que cette lecture apporte une poésie venue d’ailleurs, une puissance de sérénité et la magie d’une belle histoire, ce livre va me marquer longtemps et je sais qu’il sera lu et relu…Parce que on ne peut se passer de beauté. Il y a parfois des coups de foudres, comme ça qui viennent te surprendre…Ça fait des étincelles en toi, des feux d’artifices même, et c’est juste incroyable. Que de richesse comma ça, à aller découvrir les lectures du monde. Mon premier essai avec la littérature kurde est un coup de cœur fulgurant! J’aimerai maintenant m’abriter auprès du dernier grenadier du monde, enfiler une robe blanche et chanter comme les sœurs Spi envers et contre tout, méditer et me réinventer en grain de sable, tenter de connaître les secrets de l’univers, perdre mon nom et le retrouver dans des légendes, jouer avec les clefs de Mohammad Delchoucha, ressentir l’énergie de la nature. C’est cela, oui, aller m’asseoir près de cet arbre extraordinaire, et essayer de saisir toute la beauté que Bakhtiar Ali nous fait passer dans ce roman très dense.

« Oui, c’était le dernier grenadier du monde, sur ce sommet où la terre prenait fin et où commencer les vastes contrées magiques de Dieu. C’était un endroit qui faisait naître en toi une sensation infiniment étrange de finitude et d’infinitude à la fois. Ce grenadier avait poussé à la lisière de deux royaumes, le royaume de la vérité et le royaume de l’imagination, la terre de la réalité et le ciel des contes. »

 

Ma note Plaisir de Lecture 10/10

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement les éditions Metailie de leur confiance et l’envoi de ce livre.

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Histoire d’une baleine blanche, Luis Sepúlveda.


Synopsis:

Au large de la Patagonie une baleine blanche est chargée de protéger les morts mapuches puis, lorsque la fin des temps sera venue, de guider toutes les âmes au-delà de l’horizon. Tout est prévu et écrit dans le temps des mythologies. Cependant l’homme vit dans un monde où tout bouge et, au xixe siècle, la chasse à la baleine se développe. La baleine blanche va devoir défendre son monde immobile contre ces prédateurs, en particulier le baleinier Essex du capitaine Achab. Elle va livrer une guerre sans merci aux baleiniers et devenir un grand mythe de la littérature.
Luis Sepúlveda nous raconte cette histoire du point de vue de la baleine blanche qui nous explique comment elle vit et s’intègre dans l’ordre du monde, ce qu’elle découvre des hommes, sa mission secrète, puis sa guerre et les mystères qu’elle protège. Enfin, c’est la mer qui nous parle.
Un texte beau et fort, avec un souffle épique. Du grand Sepúlveda.
Les images superbes de Joëlle Jolivet magnifient cette histoire.


Ce que j’ai ressenti:

▪️La Fée parle de sa rencontre avec la Baleine Blanche.

Un soir de l’été 2019, j’ai décidé de faire une rencontre exceptionnelle. Elle nous vient de loin cette histoire, du sud du bout du monde. Elle prend vie dans les eaux de la Patagonie, et emprunte la voix d’un cachalot, couleur de lune…

J’avais envie d’extraordinaire…D’ouvrir les pages de cette histoire, me laisser charmer par les illustrations de Joëlle Jolivet, et j’avais hâte de découvrir le mystère et les mémoires d’une baleine blanche. Ce n’est pas commun en plus, une baleine blanche, et ce qu’elle ressent non plus, alors j’ai écouté la beauté de cette âme de cétacé. Même si elle s’en est allée, il va me rester son message d’amour pour la mer, pour les hommes, pour ses semblables…

C’était une belle rencontre. Quand une telle créature marine te parle avec tant de douceur, de sa vie, de son expérience et de ses combats, il ne peux en être autrement, tu t’assoies, tu fais silence, et tu admires la grandeur de cet animal. Elle a des choses à nous apprendre cette baleine blanche, une philosophie à transmettre, des contrées à nous faire visiter…Si seulement, vous la rencontriez aussi, sur des pages blanches ou pourfendant les flots, peut être que vous aussi, vous seriez émerveillés…

Je voulais de l’extraordinaire. Et j’ai eu l’Histoire d’une baleine blanche. On raconte beaucoup d’histoires au sud du monde. Des histoires extraordinaires.

« Moi, la baleine couleur de lune, j’habite la mer limitée par la terre où commence la clarté du jour et par l’horizon où le soleil s’enfonce pour laisser la place aux étoiles. »

▪️La Fée parle de ce qu’elle appris de la plume de Luis Sepúlveda.

C’est le premier roman que je lis de cet auteur, et quelle surprise! C’est joli, simple, efficace et en même temps, c’est engagé. Sous des airs de conte, il y a des alertes intenses, des flash-backs qui crèvent le cœur, un avenir orageux, si la folie des hommes continue encore…Ces Hommes qui ne respectent pas l’équilibre de la Nature. D’histoires en Histoire, il n’y a souvent qu’une vague de sang innocent versé au nom du profit et de l’ignorance. C’est triste et c’est beau, comme il écrit cet auteur, j’ai été très touchée. C’est sans doute le meilleur moyen de faire passer le message, cette simplicité…Et l’avantage de cette collaboration avec cette artiste, c’est que c’est joliment mis en valeur, et qu’on peut le lire en famille…J’ai adoré.

On raconte beaucoup d’histoires au sud du monde, mais celle ci, il vous faut la lire de toute urgence, l’admirer dans ses dessins monochromes, la ressentir dans vos cœurs.

Oui, on raconte beaucoup d’histoires au sud du monde, mais celle ci, elle est extraordinaire. Parole de fée.

« Et sous le ciel gris du sud du monde une voix m’a parlé dans le vieux langage de la mer. »

Ma note Plaisir de Lecture 9/10

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement les éditions Metailie de leur confiance et l’envoi de ce livre.

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Le temps de la haine, Rosa Montero


Synopsis:

Madrid 2110. Lorsque le commissaire Lizard disparaît, la réplicante Bruna Husky, détective privée, se lance éperdument à sa recherche. Elle découvre à la télévision qu’il est l’un des treize otages qui seront exécutés, un par un, par des terroristes très jeunes et dont les revendications sont bien accueillies pas ceux qui souffrent dans un monde où l’air et l’eau doivent s’acheter. Bruna, qui compte de façon obsessionnelle le nombre de jours qui la séparent de son obsolescence programmée de réplicante, se met à compter aussi le nombre de jours avant que Lizard soit décapité.

Dans son enquête elle découvre une colonie qui refuse la technologie ainsi qu’une structure du pouvoir qui remonte au xive siècle et pourrait dominer les technologies dont elle est elle-même issue. Dans ce monde secoué de convulsions multiples, les crispations populistes s’exaspèrent et une guerre civile devient inévitable. Tous se méfient de tous et ne restent que les liens anciens de l’amitié avec Yannis, le vieil archiviste dépressif, la farouche Gaby, les extraterrestres tendres et le boubi Bartolo, vorace et affectueux.

Dans ce troisième volet des aventures de Bruna Husky, son personnage le plus proche et le plus intime, Rosa Montero construit avec virtuosité un univers bigarré, insolite et familier, elle provoque les émotions du lecteur, le secoue tout en l’amenant à réfléchir sur notre présent comme prémices du monde qu’elle nous décrit.

Un roman intense à l’action trépidante sur les excès du pouvoir, l’horreur des dogmes, la mélancolie du passage inévitable du temps, la passion amoureuse.

La lauréate du Grand Prix national des Lettres construit une brillante métaphore des temps que nous vivons.


Ce que j’ai ressenti:

▪️Et plus tard, l’amour et la haine…

Quelle belle surprise que ce polar teinté de SF! Je ne pensais pas plonger dans une histoire aussi captivante et futuriste, et je ressors donc complètement soufflée par Le temps de la haine. L’avenir est compromis par la corruption, la violence et le terrorisme. Le monde va de mal en pis: la moindre ressource élémentaire est tarie et surtaxée. Il ne fait plus bon vivre sur la Terre, et pas tellement mieux sur les autres planètes… Et pourtant…On s’accroche à l’amour comme à l’oxygène, on s’éprend d’amitiés pour ne pas succomber, on s’écorche à l’humanité pour ne pas tomber face à la barbarie, grâce à ces personnages qui ne se résignent pas. C’est d’une beauté exceptionnelle. Étrange et fascinante. C’est actuel et avant-gardiste, et en même temps, intemporel, parce que la violence des hommes a toujours fait des ravages. Alors ce n’est plus si important de savoir à quelle époque nous sommes, juste, il nous faut savoir que le temps de la haine a tout emporté, même l’innocence des enfants… La course à la technologie fait rage et emmène chaque fois plus loin, les limites de l’étique, pour toujours plus de profits… C’est un monde plus noir, plus haineux, plus opportuniste mais avec la plume de Rosa Montero, c’est étonnamment magnifique. Il subsiste un infime rayon d’amour, minuscule, mais elle a le talent de le faire briller au milieu de ce chaos…Grandiose!

Gardons espoir, même si en ce moment les étoiles sont noires et que nous traversons le temps de la haine.

▪️Un compte à rebours obsession.

Rosa Montero a su créer un personnage atypique et attachant. Bruna Husky. Belle, combative, amoureuse, androïde. Il y a dans ses pages, une tension permanente entre la haine et l’amour, la vie et la mort, l’espoir et l’anéantissement et en comptant, comme ça, désespérément, les derniers jours de la vie de cette réplicante, l’émotion est démultipliée. Mais en plus, avec cette prise d’otages avec les exécutions en direct, cela rajoute encore un effet d’urgence. Une urgence à se battre pour vivre. Pour mieux vivre. Plus intensément, plus consciemment, plus passionnément. Même en étant condamné, machine, ou miséreux, la force de vie des personnages est bouleversante. Bruna se démène pour sauver son amour, pour sauver sa famille, pour sauver quelques miettes d’humanité, en comptant obsessionnellement le temps, et ce qu’elle peut arracher à la haine. C’est très intense comme sensation de lecture.

—Sans amour la vie ne vaut pas la peine d’être vécue.

▪️Le temps d’une histoire…

Avec ce roman, j’ai voyagé dans un futur ravagé, dans la magnificence des étoiles, dans un Madrid apocalyptique, sur une autre planète…Et c’était une belle virée, enrichissante et émotionnelle. J’ai découvert une héroïne fascinante et j’aimerai beaucoup lire les précédents tomes, surtout que je suis tombée sous le charme de l’écriture de Rosa Montero. Elle a une plume sensationnelle, et j’ai adoré sa façon de mélanger les genres. Par le biais de la fiction et de la science-fiction, elle nous emmène à réfléchir sur nos problèmes de société actuels et futurs. C’est une réussite autant qu’un énorme coup de cœur, le temps précieux d’une belle lecture.

Un cœur métallique vous faisait-il moins humain qu’une jambe en titane?

 

Ma note Plaisir de Lecture 10/10

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement les éditions Metailie pour leur confiance et l’envoi de ce livre. Ce fut une très belle lecture, un coup de coeur intense!

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Estuaire, Lídia Jorge.


Synopsis:

Edmundo Galeano a 25 ans, il a parcouru le monde, participé à une mission humanitaire et est revenu dans la maison paternelle avec une main estropiée. Il est revenu pour écrire et passe ses jours à essayer d’élaborer littérairement son témoignage. Un roman qui expliquera le monde et l’empêchera de courir à sa perte.

Sa famille passe par une série de vicissitudes économiques qui mettent en danger la maison familiale, refuge de tous. Il y a l’aîné qui a mis sur pied un projet destiné à sauver la fortune de la famille en transformant deux bateaux, mais l’autorisation de l’administration se fait attendre depuis des années. Il a tenté de conjurer le sort et attend une bonne nouvelle. Un cadet avocat et dandy dont les affaires déclinent et qui essaie de sauver son cheval du naufrage de sa fortune. Le frère suivant qui réhabilite des immeubles vétustes pour les louer à des clandestins et est amoureux d’une belle Estonienne enceinte de lui et qui a besoin de place pour le bébé. La jeune sœur divorcée, avec un enfant de 8 ans fasciné par la baleine 52 Hertz, un enfant qui ne ressemble pas à son père mais au grand amour de sa mère. Et la tante Titi qui a sacrifié sa vie pour élever ses neveux et dont la vieillesse et la présence sont maintenant encombrantes. Lorsque le père de famille, armateur ruiné, baisse les bras, tout se précipite et chacun est confronté à ses échecs et à ses culpabilités. Edmundo prend alors conscience que ses aventures lointaines et son projet littéraire sont en relation directe avec les batailles privées qui se déroulent autour de lui.

Ce superbe roman choral nous montre, avec tendresse et ironie pour l’apprenti écrivain, le processus de la création littéraire, ses embûches, ce que représente le travail d’écriture. Il nous montre aussi comment les vies quotidiennes dépendent de ce qui se passe bien loin d’elles-mêmes et des décisions prises à d’autres échelles. Lídia Jorge, qui a toujours pratiqué un « réalisme aux portes ouvertes », nous trouble en introduisant des éléments fantastiques et irrationnels dans ses personnages et nous montre que la passion amoureuse va plus loin qu’on ne pourrait le penser. Elle montre le plus proche pour atteindre l’universel.

Après avoir exploré l’Histoire et les façons d’en rendre compte, Lídia Jorge revient à l’exploration des actions et des sentiments qui constituent les vies ordinaires et les abîmes qu’elles recouvrent. Un grand roman écrit par une très grande romancière.


Ce que j’ai ressenti:

💙Un Souffle de turbulences…

La famille Galeo connaît des jours nuageux et sombres. Dans la maison de leur enfance, la maison du Largo do Corpo Santo, ils se retrouvent, tous. Joâo. Silvio. Edmundo. Charlotte. David, Titi. Manuel. Un peu par dépit, beaucoup par commodité, mais surtout, dans le malheur d’un quotidien qu’il faut réévaluer à l’aube de la ruine familiale. Et forcément, ça crée des tensions pour les espaces de vies. Mais chacun, imagine un avenir radieux, auprès des siens, avec si possible, des petits bonheurs privés à atteindre, tout en faisant parti d’un tout. De la cellule familiale, de la vie en communauté, avec la beauté du paysage et des rêves-embruns, Lídia Jorge nous offre un roman choral sublime.

Là où il y avait des hommes, il y avait des perfidies, les perfidies étaient les fils de la toile d’araignée qui se tisse entre les hommes.

🔵 Et dans une sphère bleue…

Edmundo Galeano a une envie étourdissante d’écrire. D’écrire un livre. D’écrire « Le » livre. Avec cette folle audace en tête et la main mutilée fort impatiente, il regarde grossir une sphère bleue plutôt que sa famille…Il sent jaillir cette boule bleue en lui et l’entourer plus haut dans ses ambitions. Son foyer subissant multiples tempêtes pourtant, lui, il continue de chercher l’inspiration et l’appelle de toutes ses forces…Et à force d’écriture et d’introspection, il touche son rêve de ses doigts…

Lídia Jorge raconte la beauté ensoleillée de l’écriture créative, l’envie tenace de prendre la plume, les flux d’ardeur et de désespoir face au projet d’un livre à travers son personnage et c’est sublime. Le cœur de l’intention d’écriture. Tout en racontant, les peines de cette famille, elle nous démontre que c’est dans le quotidien parfois, qu’on peut puiser les idées, qu’on peut trouver avec un œil attentif, la richesse d’une belle histoire. J’ai adoré sa sensibilité d’écrivaine, sa façon de décrire avec des images fortes ou dans le plus infime détail, l’énergie qu’il faut déployer pour se dépasser avec la littérature.

La beauté. il savait qu’il devrait conquérir la beauté pour que son livre apporte une leçon. Ce qui lui semblait facile.

🌊Une ode à la mer…

Entre fleuve et océan, Estuaire est un roman qui t’embarque par sa beauté et son intensité. La plume de Lídia Jorge est puissante, suggestive, alarmante, poétique. Il y avait de la douceur dans les mots et puis d’un coup, des impacts tonitruants. J’ai adoré. Parce que c’était la vie avec ses coups durs, parce que c’était la mer avec sa magnificence , parce que c’était vrai, sincère dans chaque mot.

Les hommes devaient ficher la paix à la mer, la mer et ses fonds et ses abîmes, ses jardins secrets, ses nappes d’algues, ses créatures d’une infinie variété, son eau pure avec sa pointe de sel.

Ma note Plaisir de Lecture 9/10

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement les éditions Metailie de leur confiance et l’envoi de ce livre.

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Kintu, Jennifer Nansubuga Makumbi


Synopsis:

Les malédictions ont la vie dure. Depuis que Kintu, gouverneur d’une lointaine province du royaume du Buganda, a tué accidentellement son fils adoptif d’une malheureuse gifle, en 1750, un sort est lancé sur tous ses descendants, les vouant à la folie, à la mort violente, au suicide.

Et en effet, trois siècles plus tard, les descendants de Kintu semblent abonnés au tragique : Suubi harcelée par sa sœur jumelle qu’elle n’a jamais connue, Kanani, le « réveillé » évangéliste, fanatique mais lubrique, Isaac Newton, torturé par l’idée d’avoir transmis le sida à sa femme et à son fils. Et enfin, Miisi, le patriarche, l’intellectuel éduqué à l’étranger, harcelé par des visions et des rêves où s’invitent l’enfance, les esprits, l’histoire du clan et de la nation toute entière.

Un par un, ils sont appelés par les anciens du clan, dans une forêt aux confins de l’Ouganda, dans une ultime tentative de conjurer le sort.

Mêlant les époques, les lieux, les ambiances avec une force narrative proprement époustouflante,  manœuvrant avec souplesse et humour dans les méandres de l’histoire, du mythe, des légendes populaires, déployant un incroyable casting de personnages, tous liés par le sang, tous condamnés, Kintu est un premier roman magistral, foisonnant, inattendu ; un répertoire shakespearien des turpitudes humaines tout autant qu’une formidable plongée dans un pays méconnu.

Dans une langue magnifique, sans céder un millimètre aux bons sentiments, Jennifer Nansubuga Makumbi dresse une épopée terriblement contemporaine, aussi puissante, profonde et impitoyable qu’un fleuve. Et fait une entrée fracassante dans la littérature universelle.


Ce que j’ai ressenti:

▪️Parcourir le royaume de Buganda, entre risques et périls…

Les terres d’Afrique sont riches d’évasions, de prières, d’enfants, d’amours mais aussi de sangs et de légendes, et Jennifer Nansubuga Makumba nous en sculpte, un roman d’une beauté saisissante. VI livres comme autant de destins maudits. Des lundis 5 janvier 2004, comme points de départs pour ces vies en suspens. 470 pages pour nous emmener au cœur de la culture et des traditions africaines. Un voyage magnifique, intense, et dépaysant. Emballée dans une poésie renversante, parsemée des grains de mots venus de ces terres lointaines, cette histoire vibre aux sons de leurs cris d’amour, des liens du sang, des fol espoirs de ces personnages. La puissance de la vie face à la fatalité de la mort, et entre ces deux extrêmes: une famille tourmentée. Dans leurs souffrances, dans leurs errances, dans leurs croyances, dans leurs espérances, je les ai trouvé tous, fascinants.

On ne s’aperçoit pas qu’on est maudits jusqu’à ce qu’on soit exposé à cette autre façon de vivre.

▪️La puissance d’une malédiction.

Kintu, est un nom maudit. En effet, en ayant eu un geste malencontreux cet homme condamne toute sa descendance et la marque, à jamais, dans le drame…Même après 250 ans, elle est toujours là, cette malédiction.Tenace, inquiétante, puissante. Elle guette dans l’ombre, et fonce en piqué, sur le sang des Kintu, immanquablement. Kidda, Suubi, Isaac, Miisi, Baale, Kanani, Magda et tous les autres, m’ont captivée. Chacun à leur manière, ces personnages ont quelque chose à nous faire ressentir, à nous faire découvrir, à nous apprendre même…Et l’auteure réussit un tour de force impressionnant, en nous faisant vivre, viscéralement, cette malédiction. Il y a une multitude d’émotions, de mystères et de découvertes dans ces pages, et c’est pour cela que j’ai adoré suivre les Kintu dans leurs cheminements intérieurs, les voir se débattre avec leurs destinées sanglantes et leurs karmas malheureux. Il vous prend aux tripes, ce roman, parce qu’il est bouillonnant de sentiments. C’est un ailleurs qui a le pouvoir d’envoûter, littéralement. Et bien sûr, c’est comme une évidence, de se laisser charmer de la sorte…

-Quels sont les derniers mensonges du monde?

▪️Un premier roman magistral.

Jennifer Nansubuga Makumbi nous conte admirablement le poids des traditions, les transmissions familiales, la puissance des liens, des mystères venus d’ailleurs, les effets de la gémellité, la beauté d’un pays, le cœur battant d’un peuple. Et c’est magnifique. Autant l’écriture que les thèmes abordés, on est transporté par ce roman débordant de vie. J’ai passé un moment très fort avec les Kintu. Il était tellement dense et beau ce roman, que j’ai encore du mal à quitter les membres de cette famille. Coup de Cœur!

Il sourit en pensant à l’ironie de la chose. Pour lui, l’humanité était maudite, de toute façon.

Ma note Plaisir de Lecture  10/10

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement les éditions Métailié de leur confiance et l’envoi de ce livre.

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Des Hommes en Noir, Santiago Gamboa


Synopsis:

Le gamin perché dans son arbre a tout vu. Les trois véhicules aux vitres teintées attaqués à l’arme lourde, la riposte, les hommes qui tombent sous les balles, l’arrivée d’un hélicoptère qui évacue les passagers, deux femmes et un homme en noir. Le lendemain, la route a été nettoyée. Plus de cadavre, aucune trace de balles.
Le récit du gamin est pris au sérieux à Bogotá par Edilson Jutsiñamuy, le procureur d’origine indienne. Il demande de l’aide à une journaliste d’investigation, Julieta, qui part sur place avec son assistante Johana, une ex-guérillera des FARC. Leur enquête va dévoiler une inquiétante histoire entre la Colombie, le Brésil et la Guyane française, au coeur des puissantes Églises évangéliques qui ont envahi l’Amérique latine. La violence qui subsiste encore dans les bas-fonds de la société est prompte à jaillir et les enfants perdus, vestiges des histoires dramatiques que la fin de la guerre civile a révélées, n’ont pas fini de payer les pots cassés.
Sur cette toile de fond, l’auteur construit une intrigue musclée et spirituelle, avec une ironie et un humour dévastateurs, et deux héroïnes fortes, tendres et presque incorruptibles.
Un formidable polar dans les montagnes couvertes de jungle d’un pays magnifique.


Ce que j’ai ressenti:

▪️Passion Gamboa.

J’adore cet auteur. Je dirai même que je suis tombée « amoureuse » de sa plume, tellement il a de passion et d’humanité, dans ses écrits. Et la passion alliée à la poésie, je ne pouvais que succomber. Forcément…Il maîtrise les mots, enjolive les récits,  joue avec la petite touche de lumière dans cette noirceur…A chaque lecture, il me renverse…Depuis que je l’ai découvert, avec ce roman fabuleux Retourner dans l’obscure vallée, il fait partie de mes auteurs préférés. Tout simplement, je l’adore parce que je sais qu’il a cette énergie puissante qui va directement me toucher au cœur. Et voilà, qu’il arrive en avril, avec un nouveau polar noir, au cœur d’une Colombie, ravagée de violence. Des hommes en noir. J’étais évidemment très impatiente de le découvrir…Et parce qu’il y aura toujours en ce monde, de l’amour et du silence, du désamour et de la souffrance, de l’abandon et des blessures, il y aura toujours des auteurs pour sublimer ses émotions. Santiago Gamboa, fait cela, à merveille. Ses polars sont d’une intensité folle, et cette virée en Amérique Latine, va nous plonger dans une sombre histoire de pouvoir, au sein des Eglises évangéliques.

En regardant le ciel, vous voyez des étoiles, vous les trouvez belles, mais moi je n’y vois que des blessures qui fourmillent et brillent, des brûlures au visage, des eczémas, des cicatrices, les miennes et celles des autres.

▪️Et un jour, un enfant…

Perché dans un arbre, un enfant assiste à une scène de carnage. Une scène, comme il y en a tant malheureusement trop, dans ce pays, coincé entre un passé de guerre civile et un présent dramatique de corruption. Un enfant perdu, orphelin, comme il y en a tant aussi dans ses rues, certains cachés dans les manguiers et d’autres, oubliés sur un banc…Santiago Gamboa nous parle de cette jeunesse soumise aux vents impétueux, victime de solitude, témoin des pires atrocités, arrachée à l’innocence parce que le contexte politique et social ne leur permet pas une enfance tranquille. Avec ce nouveau roman, il nous conte avec brio, ses vies tourmentées, ces enfants égarés et ces adultes qui se cherchent…La religion et le charisme d’un pasteur peuvent, peut être, les sauver, voire montrer un nouveau chemin de guérison…Mais si, dans la foi, certains s’y retrouvent, d’autres s’y perdent également…Ces nouvelles branches du christianisme n’ont pas fini de plier sous le poids des personnes aux mauvaises intentions ou briller à  l’aube d’un espoir éclatant…Alors sang ou lumière, au bout du chemin? Haine ou rédemption, à la fin du discours? C’est ce qu’il vous reste à découvrir…

Tout dans ce monde prodigieux est fait de paroles et c’est la seule façon de comprendre, d’aimer ou de haïr.

▪️Des hommes en noir et des femmes lumineuses…

J’ai beaucoup apprécié de lire des héroïnes fortes et étonnantes dans ce nouveau roman. Julieta, Johanna, Wendy sont les atouts charme et elles ont, quelque chose de fascinant dans leurs failles, qui les rendent attachantes. Même écorchées, elles ont à coeur, de porter aux nues, la vérité et les valeurs du journalisme. Pendant ce temps, Des hommes en Noir, descendent toujours plus bas, dégringolent dans la violence et la corruption, sèment le trouble et le chaos, et font disparaître des scènes de crimes…

En bref, j’ai été, une fois de plus transportée par ce conteur hors pair. Une histoire noire et palpitante, pour mieux comprendre un pays, une vocation et, les humains, dans toutes leurs contradictions et leurs splendeurs. Certains passages sont magnifiques, et rien que pour le plaisir, je lis et relis ces moments de poésie incroyable…Fabuleux Santiago Gamboa. Encore, une fois, j’ai des étoiles plein les yeux…

Les amies écrivirent des phrases sur la vie, des idées optimistes et des vœux d’avenir.

 

Ma note Plaisir de Lecture 9/10

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement les éditions Métailié de leur confiance et pour l’envoi de ce livre.

 

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En Féérie, il brille quelques poussières…

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