Les Fils des Ténèbres, Dan Simmons

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Synopsis:

1990, le régime sanguinaire de Ceaucescu est tombé, mais le pays est à l’agonie. Dans les orphelinats, les enfants se comptent par dizaines de milliers, et ceux atteints du sida sont abandonnés à leur funeste sort. Kate Neuman, brillante hématologiste, est intriguée par le cas d’un bébé dont l’état de santé s’améliore à chaque transfusion sanguine. Aidée du père Mike O’Rourke, elle parvient à emmener l’enfant, qu’elle a désormais adopté, aux États-Unis. Mais le petit Joshua est enlevé et ramené en Roumanie par la mystérieuse Famille. Commence alors une course-poursuite en terre de légende vampirique…

Ce que j’ai ressenti:

▪️Cauchemar de sang et de ténèbres…

Ce fut mon premier moment de tressaillement: une histoire de vampires. Remonter le fil d’une légende, voir de plus près les yeux d’un fou sanguinaire, sentir le pouvoir, cette toute puissance avide de vie et de mort sur les gens qu’il avait et qu’il a transmis par la force du sang à sa descendance…Rien ne semble étancher sa soif de vengeance et de sang. Surtout celle du sang. C’est toute une ambiance de terreur qui s’invite dans ces pages, une ambiance tendue entre violence et horreur, mais quand même fascinante, parce que le mythe de Dracula agit sur mes sensations, comme de l’adrénaline…J’ai adoré le travail de recherche de l’auteur qui nous offre un voyage époustouflant en Transylvanie.

– La banalité du mal, murmurai-je.
– Quoi ?
– La banalité du mal. » Je me retournai et adressai un grand sourire au médecin. « Dracula, ce serait une belle histoire. Mais des centaines de milliers de victimes de l’insanité politique, de la bureaucratie, de la stupidité, c’est seulement… un désagrément.
« 

▪️Rêves de sang et d’espoir…

Puis vint, le deuxième tressaillement: une histoire d’orphelinat. Remonter les fils de l’adoption, voir de plus près les yeux de cet enfant innocent, sentir le petit coeur de Joshua, cette fragilité de vie et cette défaillance dans le sang. Rien ne semble entacher la détermination de Kate et la passion pour son métier. Le sang comme spécialité…Docteur brillant en hématologie, elle décide de s’investir encore plus, en adoptant carrément un enfant malade, et elle devient de ce fait, une mère prête à tout! Kate est une héroïne forte et attachante, je me suis vraiment passionnée à la suivre dans ces péripéties en territoire vampire, mais plus encore dans ses combats de femme. Avec ce sujet sensible des rapts d’enfants et de conditions de vies dans les orphelinats, j’ai été extrêmement touchée…Un déchirement serait le mot exact…Surtout quand on sait que la réalité est plus atroce encore que la fiction.

Parfois, dit-il d’une voix très lasse, je pense que la seule chose à laquelle on puisse croire et que l’on puisse demander, c’est la chance.

▪️Et dans le fer et le sang…

Et finalement, le troisième tressaillement: une histoire de monstres. Parce que ce n’est jamais tout à fait, ceux auxquels, on pense…Dan Simmons revisite le mythe du vampire avec brio, et nous entraîne donc en Roumanie, dans un contexte anxiogène de régime totalitaire déchu, à la recherche d’un antidote, où le sang est au centre de cette histoire. Entre avancée médicale et horreur sanguinaire, ce roman réveille nos sangs et nous fait terriblement palpiter…Il est temps maintenant pour moi, d’aller essayer de dormir, en espérant ne pas entendre dans mes nuits, les cris des strigoi…

« J’ai aimé les étoiles trop tendrement pour craindre la nuit. »

Ma note Plaisir de lecture 9/10

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement Charlotte ainsi que les éditions Pocket Imaginaire pour leur confiance et l’envoi de ce livre.

Le Jour où Kennedy n’est pas mort, R.J.Ellory.

Couverture Le jour où Kennedy n'est pas mort

Synopsis:

La vérité est plus forte que tout.

C’est l’une des histoires les plus connues au monde – et l’une des plus obscures. Le 22 novembre 1963, le cortège présidentiel de John F. Kennedy traverse Dealey Plaza. Lui et son épouse Jackie saluent la foule, quand soudain…
Quand soudain, rien : le président ne mourra pas ce jour-là. En revanche, peu après, le photojournaliste Mitch Newman apprend le suicide de son ex-fiancée, dans des circonstances inexpliquées. Le souvenir de cet amour chevillé au corps, Mitch tente de comprendre ce qui s’est passé. Découvrant que Jean enquêtait sur la famille Kennedy, il s’aventure peu à peu dans un monde aussi dangereux que complexe : le cœur sombre de la politique américaine. Sexe et manipulations, mensonges et assassinats… Dans cette histoire alternative, à mi-chemin entre 22/11/63 de Stephen King et les thrillers paranoïaques des années 1970, JFK semble avoir échappé à son destin. Mais pour combien de temps ?

Ce que j’ai ressenti:

Monsieur Ellory,

J’ai décidé de n’écrire qu’une seule lettre. Une seule lettre à votre attention pour exprimer mon admiration pour ce roman. Comme je souhaiterai que vous la lisiez, même si vous l’oubliez ensuite, ça serait mon petit bonheur… Après, je me fondrai dans le décor et je m’en retournerai dans le monde où JFK est bel et bien mort le 22/11/63, un monde d’inhumanité, un monde de guerre: notre monde réel. Mais pas aujourd’hui…

Aujourd’hui, je m’abandonne à un monde fantôme: Le jour où Kennedy n’est pas mort. Un monde que vous avez créé où personne ne se doute qu’on vient de passer à côté d’un drame qui va bouleverser l’ordre du monde: le cortège présidentiel poursuit tranquillement sa route sur Dealey Plaza et s’en va vers d’autres objectifs, notamment une probable réélection…Alors, forcément aller dans ce monde, c’est plonger dans les méandres de la politique, explorer un univers ténébreux, regarder bien en face les enjeux noirs de la course à la présidence, mais Cher Monsieur Ellory, vous le faites dans une espace-temps parallèle et c’est toute l’ingéniosité de ce thriller sombre. C’est tellement brillant cette manière que vous avez de mettre en lumière les possibles perspectives d’une trajectoire présidentielle sombre…

Mais cet espace temporel que vous ouvrez en enlevant sciemment, un événement de l’Histoire des Etats-Unis, ça n’en est pas moins un monde empli de douleurs et de peines, de supercheries et de pratiques immondes, de solitudes et de chagrins. Il me semble que personne n’a votre égal pour les raconter avec autant de profondeur, en tout cas, quand j’ouvre un de vos romans, je sais que je vais être absorbée, imprégnée d’une atmosphère qu’il me sera difficile d’oublier…Force est de constater que les hommes ne changent pas de beaucoup, même dans une ligne temporelle différente et que vous avez l’air d’en connaître beaucoup, des cœurs ombrageux, pour aussi bien en faire ressortir la lumière…Les hommes sont presque toujours hantés par quelque chose: hantés par leurs regrets, des fantômes acharnés, leurs amours perdus, leurs failles intérieures…Et puis, vous nous présentez Mitch, qui dans son imperfection d’homme arrive à emprunter le chemin direct vers nos cœurs. Enfin, de sûr, vers le mien…Il me semblait ressentir sa souffrance autant que son acharnement à saisir la vérité. Il me semblait toucher vraiment sa peine et les sanglants souvenirs de la guerre…Il me semblait que je pouvais voir les éclats de son cœur éparpillés et l’ampleur démesurée de son amour pour Jean…

Alors dans cette faille temporelle, je suis allée aussi saisir des histoires fantômes, des mémoires fantômes, des souvenirs fantômes. Mais il paraît que les fantômes ne parlent pas. Quand on est mort, on est mort. Reste plus que les vivants pour faire revivre ceux qui sont partis trop vite, trop tôt, trop précipitamment, trop injustement…Alors, j’ai décidé comme Mitch que le moins que je puisse faire, c’était d’écrire une lettre pour dire merci à Mitch d’être allé jusqu’au bout de la vérité…D’avoir eu la belle intention de rendre justice aux âmes errantes…Le moins que je puisse faire aussi, c’est de dire grand merci à vous, Monsieur Ellory, pour ce sublime roman, pour ce moment de lecture tout en émotions…

Stelphique.

La place du mort, Jordan Harper.

Couverture La place du mort

Synopsis:

Polly McClusky a onze ans le jour où son père Nate, fraîchement sorti de prison, vient la récupérer à la sortie du collège. Elle ne sait pas encore que sa mère a été assassinée, ni que sa tête et celle de son paternel ont été mises à prix.
C’est le début d’une cavale violente et sanglante à travers la Californie. Et la naissance d’une complicité, affective et criminelle. Un premier roman sombre, nerveux et plein d’humanité sur la famille, le sacrifice et la rédemption.

Ce que j’ai ressenti:

▪️En guise d’évasion, la fuite…

Nate est un gangster, un zombie ambulant, un homme avec une sentence de mort imminente posée sur le sommet de sa tête…Sauf que Nate ne l’entend pas de cette manière, et puisqu’il n’a plus rien à perdre à tout tenter pour sa fille Polly, il se lance dans une vengeance à toute berzingue au volant de son monstre vert…En emmenant Polly, son ours en peluche et quelques cadavres dans son sillage sanglant…C’est un road-trip étourdissant, impossible de descendre en cours de route, donc attachez bien vos ceintures et profitez du décor jusqu’à Perdido…Une fuite en avant pour un petit souffle de liberté, une fuite en avant pour profiter d’un petit bout d’amour filial…Une fuite en avant pour contrer la mort, la Force, les voix fantômes et les voies de la criminalité…Un premier roman remarquable!

« T’es un peu grande pour avoir un nounours, non? »

▪️En guise d’attention, des yeux de tueurs…

C’est dans les yeux qu’on voit tout, paraît-il… Allez-vous avoir la curiosité de vous attarder sur le regard de Nate? Allez-vous sombrer dans le regard de Polly? Allez-vous sonder le regard d’un ours en peluche? Alors puisque dans les yeux, il paraît qu’on voit l’âme, j’ai osé posé mon regard sur des yeux de tueurs…Et dans ceux de Polly comme dans ceux de Nate, il y a avait certes une rage déconcertante mais aussi un amour infini, alors je les ai suivi, rien que pour ça, pour cette once d’humanité qu’il en est resté, malgré le pire…C’est à travers les yeux d’une enfant, qu’on voit le sens du mot drame. C’est à travers les yeux d’un père, qu’on voit le sens du mot sacrifice. Et c’est sans doute, à travers les yeux de cet ours qu’on voit le mieux, la direction fatale de ce duo qui partage plus que du sang…

Plus tard, elle apprendrait que les yeux ne reflètent pas seulement ce qu’ils voient, mais aussi ce qu’ils ont déjà vu.

▪️En guise d’émotion, la Force …

Parce que chaque mot que Jordan Harper pose dans ce roman noir est un mot flambant, ils arrivent tous autant qu’ils sont jusqu’au cœur, direct. C’est très intense comme lecture. Tout comme ces personnages qui vivent dans l’urgence, on est pris aussi dans ce tourbillon d’émotions, et on ressort avec une sacrée décharge d’adrénaline! Il m’est arrivé aussi, de me demander si je ne venais pas de Vénus également, car j’ai eu un coup de foudre pour cette petite Polly, qu’on force à grandir un peu trop vite. J’aurai eu à cœur aussi de la défendre envers et contre tous, juste pour qu’il ne vienne pas cette lueur irrévocable de la violence au fond de ces yeux…Sans aucun doute, un auteur à suivre! J’ai adoré la force de sa plume, le noir comme la douceur qui ressort de ces pages…

Vénus était descendue sur Terre, et ses tempêtes avec elle.

Ma note Plaisir de Lecture 9/10

La vie secrète des écrivains, Guillaume Musso.

Synopsis:

“Tout le monde a trois vies : une vie privée, une vie publique et une vie secrète…”
Gabriel García Márquez. En 1999, après avoir publié trois romans devenus cultes, le célèbre écrivain Nathan Fawles annonce qu’il arrête d’écrire et se retire à Beaumont, une île sauvage et sublime au large des côtes de la Méditerranée. Automne 2018. Fawles n’a plus donné une seule interview depuis vingt ans. Alors que ses romans continuent de captiver les lecteurs, Mathilde Monney, une jeune journaliste suisse, débarque sur l’île, bien décidée à percer son secret. Le même jour, un corps de femme est découvert sur une plage et l’île est bouclée par les autorités. Commence alors entre Mathilde et Nathan un dangereux face à face, où se heurtent vérités occultées et mensonges assumés, où se frôlent l’amour et la peur…Une lecture inoubliable, un puzzle littéraire fascinant qui se révèle diabolique lorsque l’auteur y place sa dernière pièce.

Ce que j’ai ressenti:

▪️Et un jour, un écrivain

Retranché sur une île à ressasser ces souvenirs, Nathan Fawles ne veut plus entendre parler d’écriture, il ne cherche plus que la tranquillité insulaire de Beaumont, tout amoureux de cette vie d’ermite…C’est l’écrivain qui n’écrivait plus…Mais la vie a tôt fait de contrecarrer ses désirs et les secrets qu’il croyait avoir bien enfouis, de refaire surface…Avec ce qu’il faut de malice et de tacles bien appuyés, ce Nathan Fawles ne mène pas la vie facile à ses fans, ni à ses détracteurs…Et un jour, un cadavre fait surface dans les eaux méditerranéennes, près de la retraite de Fawles…Jusqu’où est-on capable d’aller pour connaître la vie secrète des écrivains? Et pourquoi un écrivain célèbre décide-t-il d’arrêter subitement d’écrire? C’est tout le mystère de Fawles, mais est-ce vraiment un mystère?! Guillaume Musso revient avec un thriller plus intime où les vérités et les mensonges se confondent…Et c’est à nous, lecteurs, de faire marcher notre imagination…

– Un roman, c’est de l’émotion, pas de l’intellect.

▪️Je t’aime, moi non plus…

J’ai essayé de retrouver l’engouement que j’avais à lire cet auteur, on ne peut pas dire que ça a été la révélation, mais ce fut quand même une lecture agréable dans l’ensemble. On cherche à comprendre les choix de Nathan, on espère avec Raphaël et Mathilde intrigue par ses stratagèmes, il n’y a pas à s’en faire, Guillaume Musso connaît les ficelles pour appâter son lecteur, le séduire et même le faire chavirer…Mais peut-être qu’à force, et ce n’est que mon impression, je ne suis plus surprise comme j’ai pu l’être avec cet auteur, et du coup, je l’avais un peu boudé ces dernières années…Mais avec celui-ci, dans la mesure, où je l’ai trouvé plus « impliqué » dans l’histoire, peut-être plus nostalgique aussi de ses débuts d’écrivain, et bien, je me suis laissée porter, et je n’ai pas regretté cette petite incursion dans le puzzle qu’il nous a concocté. Je lui ai retrouvé un peu du charme d’antan, bien que je sois moins convaincue de son virage dans l’univers thriller…

Les livres sont aussi facteurs de séparation. Ils n’abattent pas seulement des murs. Ils en contruisent. Plus souvent qu’on ne le croit, les livres blessent, brisent et tuent. Les livres sont des soleils trompeurs…

▪️Les trois aspects d’une vie…

L’idéalisation de la vie d’un écrivain est tellement facile, et pourtant, Guillaume Musso tente de nous enlever toute idée reçue sur ce métier…En créant, le personnage de Nathan Fawles, il nous fait voir la réalité du défi de l’écriture et écorche cette idée glamour qu’on pourrait en avoir. J’ai aimé cet aspect là dans ce roman: tout ce qui fait référence à la littérature, les petits secrets de nos auteurs chouchous, cette recherche permanente de l’inspiration et ou d’où vient-elle vraiment? On se rend mieux compte du parcours semé d’embûches qu’un écrivain peut avoir à être publié, lu, ou encore apprécié…Et peut-être qu’il serait bon et sans doute plus sage, pour un auteur, d’avoir effectivement une vie compartimentée, où le privé et le public ne viennent pas se mélanger, mais j’adorerai connaître par contre, la vie secrète des écrivains!

Depuis l’enfance, la lecture et l’écriture avaient été mes bouées de sauvetage pour endurer la médiocrité et l’absurdité du monde.

Ma note Plaisir de Lecture 7/10

Un amour parfait, Gilda Piersanti

Synopsis:

De tous les bars de tous les hôtels de la Terre, il a fallu qu’elle entre dans celui-là.
Avec le même sourire, la même beauté ravageuse qu’il y a trente ans.
Laura.
Un mariage et deux enfants plus tard, Lorenzo ne l’a pas oubliée. C’était son premier amour, sa première folie. Il aurait tué, pour elle. Et maintenant qu’elle le lui demande, sur cette plage de la côte génoise parcourue de parfums violents, il se pourrait bien qu’il le fasse…

Ce que j’ai ressenti:

Un amour parfait. Existe-t-il vraiment? Un amour parfait est-il envisageable quand la nature humaine est aussi imparfaite? Jusqu’où peut-on aller par amour? Autant de questions et d’addictions qui viennent bousculer un homme à priori, heureux…Lorenzo va connaître les ravages d’un retour de flamme avec son premier amour Laura, mais jusqu’à où va-t-il se perdre par amour? Ce thriller sent le drame à plein nez, rien qu’à la première phrase du livre, et puis tout du long, l’ambiance est chargée en désir mais aussi en une certaine fatalité dont on en peut se soustraire…

« Il n’est pas difficile de tuer un homme lorsque l’amour s’en mêle. Nous ne savons pas qui nous sommes tant que la vie ne nous a pas mis devant le choix duquel notre vie dépend.« 

C’est un page-turner efficace. Un amour même imparfait reste de l’amour. Et parce qu’il en sera toujours ainsi, l’amour fait tourner les têtes jusqu’aux contrées les plus obscures, parfois…Gilda Piersanti m’a bluffée avec cette histoire d’adultère passionnée et tragique. J’étais prise dans le courant de la passion, et j’ai trouvé cela addictif…Même s’il est difficile de s’attacher réellement à cet homme infidèle, l’auteure nous décrit avec sensualité et perspicacité, l’engrenage amoureux et complètement fou de leur attirance fusionnelle. Et on comprend aisément, cette descente aux enfers des amants maudits. Jusqu’au final…Exquis!

« Elle m’avait enflammé, brûlé, puis réduit en cendres. J’ai eu néanmoins le temps, entre les flammes et les cendres, de connaître le bonheur.« 

J’ai dévoré ce roman, complètement accro à comprendre les dangers de l’amour, ses illusions, et ses mensonges. A repérer ses stratagèmes et ses conditions ultimes. Et j’ai compris que peut-être si on le touchait du doigt, un amour parfait pouvait exister. Oui. Dans une chanson ou dans une réalité. Mais la vraie question, c’est qu’en ferions-nous si on le tenait entre les mains? Ce polar se déguste comme un carreau de chocolat. Oubliez la modération le temps de 300 pages…Et appréciez la saveur du noir…

L’obscurité lui provoquait des vertiges.

Ma note Plaisir de Lecture 9/10

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement les éditions Pocket de leur confiance et l’envoi de ce livre.

Bios, Robert Charles Wilson.

Synopsis:

Situé à quelques années-lumière de la Terre, Isis est un monde verdoyant à l’écosystème complexe. Un monde classé zone de biomenace de niveau 4. La moindre molécule de son biotope est capable de tuer un être humain au terme d’une terrifiante agonie. Et pourtant, Isis constitue la découverte la plus prometteuse de ce XXIIe siècle : berceau d’une vie fondamentalement différente, elle pourrait en miroir éclairer notre propre nature. Zoé Fisher a été conçue pour explorer Isis. Son organisme a été génétiquement optimisé pour s’adapter à l’environnement inhospitalier de cette planète ; sa personnalité patiemment construite autour de cette seule mission. Quels dangers imprévus Zoé affrontera-t-elle sur cette planète grandiose et meurtrière ? Devra-tille sacrifier son humanité pour en découvrir tous les secrets ? Dans la lignée de Solaris, de Stanislas Lem, BIOS nous invite à l’exploration vertigineuse d’un monde radicalement autre.

Ce que j’ai ressenti:

Bios aborde le thème d’une menace bactériologique très virulente sur une autre planète dans le futur lointain. La science-fiction me manquait de trop et quel plaisir de retrouver la plume de Robert Charles Wilson! Même si c’est un contexte très anxiogène, j’étais certaine que ce voyage vers Isis, serait interessant. Avec une héroïne génétiquement modifiée, conditionnée pour aller explorer cette planète hostile, on plonge dans un ailleurs totalement inconnu, avec des paramètres qu’on ne maîtrise pas. C’est aussi angoissant que perturbant. La curiosité est au maximum, le baromètre de nos angoisses aussi.

Était-ce donc entièrement de sa faute s’il était tombé amoureux des étoiles?

J’ai aimé cette sensation de se confronter à cette peur insidieuse, invisible. Cette lecture prend bien sûr, une dimension plus forte en ces temps étranges…Robert Charles Wilson réussi à inverser la tendance avec cette histoire au-delà des étoiles: ce n’est pas les terriens (même modifiés), qui ont le contrôle, c’est la nature. L’environnement se défend de toute sa pleine puissance, ne laissant que peu de chance à l’arrogance de ces hommes aux envies de conquêtes. L’auteur nous sensibilise sur la fragilité des êtres humains, sur l’importance de respecter la vie sous toutes ses formes…La vie, d’ici ou d’ailleurs, dans la faune et la flore, dans les étoiles ou au fin fond des mers, est fondamentale, et ça serait bien qu’on cesse de l’oublier, avant de le regretter amèrement…

L’humanité avait trop longtemps connu une Terre sauvage. Elle en avait subi les conséquences: croissance démographique effrénée, dégénérescence du climat, maladies.

Avec une histoire d’amour toute en pudeur, une crise sanitaire en milieu clos et l’univers entier pour terrain d’exploration, Robert Charles Wilson nous offre un roman intéressant. J’aurai aimé plus d’approfondissement dans les sensations et émotions de Zoé, mieux voir les conséquences du geste de ce médecin qui lui laisse l’opportunité d’être plus humaine que clone…C’est tout de même un page-turner efficace avec une pointe thriller bien flippante, et une évasion vers l’infini qui nous donne de belles pistes de réflexions…

Fais quelque chose, Zoé, pensa Anna. Quelque chose d’insensé, de tapageur, de grand. Pleure, tombe amoureuse, écris des poèmes. Ouvre grands les yeux sur ton nouveau monde.

Ma note Plaisir de Lecture 8/10

Beloved, Toni Morrison.

Synopsis:

Inspiré d’un fait divers survenu en 1856, Beloved exhume l’horreur et la folie d’un passé douloureux. Ancienne esclave, Sethe a tué l’enfant qu’elle chérissait au nom de l’amour et de la liberté, pour qu’elle échappe à un destin de servitude. Quelques années plus tard, le fantôme de Beloved, la petite fille disparue, revient douloureusement hanter sa mère coupable. 

Loin de tous les clichés, Toni Morrison ranime la mémoire et transcende la douleur des opprimés. Prix Pulitzer en 1988, Beloved est un grand roman violent et bouleversant. 

Ce que j’ai ressenti:

Le 124 était habité. Tantôt bruyant, tantôt calme ou encore malveillant. Le 124 était hanté. Tantôt par des hommes malveillants, tantôt par des femmes calmes ou encore par le fantôme bruyant d’une enfant. Le 124 vous ouvre ses portes et laisse des traces dans notre chair, nos entrailles et nos esprits. Le 124 raconte tantôt l’esclavagisme, tantôt l’infanticide ou encore des histoires d’amour de femmes tristes. C’est au 124 que nos cœurs implosent, et c’est Toni Morrison qui nous emporte dans un roman flamboyant, dramatique et superbe.

Au 124, l’amour n’y est pas léger, il est tellement lourd et coupable qu’il hante tous ceux qui se risque à passer la porte…J’ai exploré les recoins de cette maison, vu des phénomènes étranges, pleurer avec ses habitantes et compris ce que le mot douleur peut contenir de poids. Au 124, le temps n’est pas linéaire, il est tellement flou qu’on le dirait inversé, inconstant, comme si dire ces horreurs éprouvées dans la chronologie des faits pouvait bouleverser plus que de raison les blessures à vif de ces femmes meurtries. Au 124, le chant n’est pas un écho vide, il est tellement puissant qu’il purifie les âmes et les bannis, il ramène les fantômes et les amis, il unie les forces et fait des collines d’hommes. Au 124, le lien n’est pas vain, il est tellement enchainé dans l’ADN, empêtré dans le sang et la tragédie, qu’il fait renaître les morts à la vie, qu’il réveille les peurs et les souffrances, qu’il continue de faire mal au delà de l’entendement. Au 124, la folie n’y est pas petite, elle s’invite en grande pompe et laisse un chaos indicible, tellement violent qu’il exhume un zombie qui rampe -Elle rampe déjà?-Beloved, petit être au pouvoir destructeur.

Beloved, est une lecture bouleversante. Tout comme ce fantôme, elle ne se laisse pas apprivoiser si facilement, et pourtant, la résonance de ce passé douloureux est très forte. On ressent presque sa présence au-delà des mots. Qu’importe ce que le fantôme de cette petite fille disparue vous soufflera, c’est bel et bien, une histoire à faire circuler. Un devoir de mémoire à partager, et je le sais bien aussi, un mauvais rêve trop familier…Beloved n’est assurément pas à oublier. J’aimerai revendiquer un de ses baisers, et ne plus voir ses traces disparaître le long de la rivière derrière le 124…Reviens Beloved, nous hanter encore un peu par ta poésie intemporelle et la fureur folle du mot Liberté…

Ma note Plaisir de Lecture 9/10

Regarde, Hervé Commère.

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Synopsis:

Jadis, Mylène a aimé un homme. Ensemble, ils ont fait les 400 coups. Jusqu’au braquage raté d’une bijouterie en Espagne, au cours duquel les deux amoureux se sont fait prendre. Mylène n’a jamais revu Paco : il a été poignardé dans sa cellule un soir.
Aujourd’hui, Mylène est libre. Elle travaille dans un dépôt-vente en banlieue parisienne, et vit dans une chambre de bonne. Parfois, le temps d’un week-end, elle loue un appartement quelque part, et s’imagine une autre vie. Celle qu’elle aurait pu avoir si elle n’avait pas commis les mêmes erreurs. Elle rêve.
Ce week-end pourtant, Mylène ne rêve pas : dans la roulotte qu’elle a louée, tout la ramène à Paco. Les meubles, les objets, il y a même une photo de lui au mur. Cela semble inconcevable, mais on dirait qu’elle est chez lui.

Ce que j’ai ressenti:

« Il n’y a que deux raisons, l’amour ou l’argent! »

Sauf, que si l’un des deux te tient, tu perds toute raison…Ah l’Amour, l’amour, l’amour…Ah l’argent, l’argent…Ça peut rendre fou mais cette fois-ci, c’est bien Mylène qui risque d’en faire les frais et y perdre aussi son cœur dans cette affaire. Regarde plutôt ça : une caravane qui disparaît et des souvenirs qui refont surface…Et oui, c’est bel et bien le nouveau roman de Hervé Commère que je viens de dévorer en deux jours, top chrono. Un page-turner tellement efficace qui vient nous rappeler combien justement, l’amour et l’argent mènent le monde. À moins que…

On retrouve donc le quatuor de personnages du précédent thriller de l’auteur avec cette fois-ci, le passé quelque peu sulfureux de Mylène…C’est toujours agréable d’avoir d’autres perspectives et de connaître mieux des personnages auxquels on s’est attaché. En plus Mylène, elle m’avait beaucoup intriguée dans Sauf. J’ai adoré la suivre dans ces amours passés dans la douceur d’un univers musical, revivre la force passionnée de ces souvenirs et comprendre un peu sa façon de vivre très particulière. En proie avec ses sentiments, entre doute raisonnable et espoir inconcevable, Mylène ne sait plus où donner de la tête et son cœur s’affole de trop…Perdue dans un mirage, elle se laisse dériver…Heureusement, qu’elle peut compter sur ses amis pour la remettre sur la route de la raison…Mais cela ne se fera pas sans mal et encore moins sans peine…

Hervé Commère m’a encore bluffée, Sauf que c’est toujours aussi plaisant! Avec les memes ingrédients toujours aussi efficaces, il nous emmène là où il l’a décidé avec ce petit quelque chose de pétillant, qui fait qu’on tourne les pages sans voir le temps qui passe, qu’à chaque fin de chapitre on est piégé dans l’euphorie d’en savoir plus et qu’on ne peut soupçonner cette fin…Ce roman est peut être plus accès sur les sentiments, mais il reste un roman noir troublant. En mélangeant souvenirs douloureux et destins fauchés, il vient nous cueillir avec subtilité, faisant tressaillir la corde sensible et Regarde comme c’est doux d’être touché au cœur…Regarde comme en mélangeant les épanchements insensés et les horizons différents, on peut découvrir entre ces pages, un joli portrait de femme forte…Regarde bien, c’est un auteur à suivre qui j’en suis persuadée nous réserve encore plein de surprise à venir…Regarde…

Ma note Plaisir de Lecture 8/10

La Religion, Tim Willocks.

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Synopsis:

 « La Religion « , c’est le nom que se donne l’ordre des Hospitaliers, mais c’est aussi la bannière sous laquelle se rallie parfois la folie des hommes. En 1565, claustrés sur leur petit archipel au sud de la Sicile, les chevaliers de Malte s’apprêtent à recevoir les furieux assauts de l’armée ottomane. À un contre cinq, les chrétiens tiennent le siège au prix de combats effroyables. Un déchaînement de violence dans lequel se trouve entraîné Mattias Tannhauser, un ancien janissaire qui a connu les deux camps. Pour les beaux yeux de la comtesse Carla La Penautier, le trafiquant d’armes et d’opium embarque pour l’enfer…

Ce que j’ai ressenti:

« Plonge dedans, disait l’obscurité. »

Alors j’ai plongé. J’ai plongé dans les enfers, rencontré quelques démons, et j’ai ressenti à l’intérieur les vents dispersants. Et quelle fabuleuse invitation! A se frotter ainsi, aux guerres de religions qui font rage au cours de l’Histoire, en plongeant justement dans ce thriller noir qui retrace un de ses plus sanglantes batailles, on en revient jusqu’à en avoir l’odeur nauséabonde dans les narines….Tim Willocks, décide de nous faire revivre l’enfer du siège de l’île de Malte en 1565, opposant l’élite des troupes ottomanes aux puissants chevaliers de l’ordre, dans ces moindres détails et il ne nous épargne rien de l’horreur du carnage. D’un côté comme de l’autre, les combattants sont déterminés, acharnés, convaincus jusqu’à la pointe de leurs épées du bien fondé de leurs actions…D’un côté, comme de l’autre, les souffrances seront atroces et les pertes considérables. D’un côté comme de l’autre, ils se battent au nom de dieu. Et, à la frontière de l’un comme de l’autre, un devshirmé, Mattias Tannhauser.

« Sache que tu es en enfer. Et que nous sommes ses démons. »

Et comme l’Histoire se vit aussi, dans les petites histoires, en suivant le parcours semé d’embûches de ce mystérieux héros Tannhauser, on aura notre comptant de passions, d’amours, d’intrigues, de trahisons, d’amitiés, de dangers, d’honneurs, de rébellions, de rédemptions…Tout ce qui fait l’énergie palpitante des bonnes histoires. Tout ce qui nous anime au creux de nos tripes. Impossible de lâcher ses pages, tellement le sort de ces personnages nous importent dans leurs cheminements personnels. Tous autant qu’ils sont, ils nous donnent à ressentir, une émotion différente de par leur sensibilité, en ce temps affreux de guerre impitoyable. Et puis, comme pour sublimer le tout, la beauté s’en vient en musique et en poésie…Et là, c’est comme un souffle de fraîcheur, entre deux respirations dysharmonieuses. Un instant précieux…

« Dans l’éternité, lui dit-il, il n’y a pas de chagrin. »

C’est fascinant, cette faculté de faire transparaître ainsi autant de sensations, autant de sentiments. Tout est démultiplié. On s’en prend plein les yeux, le nez, la bouche, le cœur, l’esprit…C’est tellement intense! Chaque scène est plus grandiose que la précédente, chaque phrase plus percutante que celle d’avant et mérite qu’on s’y arrête pour les relire. Et l’apprécier encore et encore. Méditer dessus, presque. Ce roman est grandiose. Démesurément, grandiose. J’ai déjà eu des coups de cœur, mais celui là, il dépasse tellement en profondeur et en force, que c’est presque difficile de trouver les mots…La plume est tantôt enflammée, poétique, sensuelle, percutante, charmeuse et bouleversante. Ce contexte historique est tellement imprégné de violences, d’urgences, et d’espérances…Tant de passions et de densité dans ce pavé noir, c’est absolument prodigieux. Une lecture sacrément magistrale.

« Dans des temps comme aujourd’hui voués à de si grands maux, lorsqu’on peut entendre et sentir partout les ailes de l’ange de la mort, de petits actes de gentillesses sont comme des joyaux du ciel, et tout autant pour celui qui les réalise que pour celui qui les reçoit (…). »

Ma note Plaisir de Lecture 10/10.

Le chant de la Tamassee, Ron Rash.

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Synopsis:

Rivière protégée par une loi fédérale, la Tamassee est un lieu quasi sacré. Quand une jeune adolescente s’y noie et que son père veut faire installer un barrage pour dégager son corps, bloqué sous un rocher, les environnementalistes s’insurgent et les journalistes se déchaînent. Photographe originaire du coin, Maggie s’interroge : comment choisir entre le deuil d’un enfant et la protection de la nature ?

Ce que j’ai ressenti:

« Je refuse de croire que le monde est tellement triste, voilà tout. »

Je le refuse également, pourtant dans le roman noir de Ron Rash, on pourrait presque croire que le monde n’est que tristesse et désolation. Entre la mort accidentelle de Ruth, ce combat presque vain pour la protection de la nature, ces journalistes internationaux qui reviennent des champs de batailles avec le cœur cassé, et tous ces êtres perdus dans leurs ressentiments, ça donnerai presque envie de baisser les bras…Mais on ne le fait pas, heureusement…Avec d’aussi belles histoires et ceux qui se battent pour des causes justes, on garde un peu d’espoir, on essaye de moins voir cette tristesse. Et Ron Rash a de quoi nous éblouir les yeux avec Le chant de la Tamassee, parce qu’il trouve le mot juste pour nous parler d’écologie et le mot poésie pour sublimer la nature du lieu, mais on sent aussi dans sa plume toute la bienveillance de son humanité.

Lire son livre m’avait poussée à me demander – et ce n’était d’ailleurs pas la première fois dans ma vie – si voir trop de souffrances pouvait vous dévaster le coeur.

La Tamassee est une magnifique rivière, tout aussi belle que ce qu’elle est dangereuse. Elle prend des vies mais elle apporte aussi la vie. Peut-on donc reprocher à une rivière, les accidents qu’elle déclenchent? C’est tout le point fort de ce roman. Parce qu’il y a la nature d’un côté et ceux qui se battent pour elle, et puis il y a les gens endeuillés de l’autre, comme si la dynamique de ses deux partis pouvait être en réel conflit…Malgré la magnificence du lieu, les hommes sont encore là à prendre des décisions parfois insensées et souvent à l’encontre de leurs propres survies. Ron Rash nous fait voyager en Caroline du Sud, et met en scène un courant d’eau qui déclenche toutes les fureurs! Quel regard avisé, il porte sur ces contemporains et en même temps il donne à cette rivière protégée un pouvoir presque mystique. C’est remarquable cette manière de laisser au lecteur le soin de se faire sa propre opinion, de le laisser se choisir un camp ou pas. Et puis, cette plume si intense, si bouleversante, si poétique…Un régal!

Autrefois j’étais assez présomptueux pour croire que je pourrais sauver le monde, mais ça y est, j’ai compris. Le mieux qu’on puisse faire, c’est trouver une bonne cause, une seule, si infime soit-elle, et y consacrer toute son énergie.

C’est un roman noir puissant. Il m’a touchée autant par sa beauté que par son humanité. Le Chant de la Tamassee m’a traversée de part en part, malgré cette mélodie mélancolique et les fantômes qui l’accompagnent, il continue de diffuser ces notes sacrées en moi…

Le chagrin pouvait être purifié en se transformant en chanson …Tout comme un morceau de charbon est purifié en se transformant en diamant.

Ma note Plaisir de Lecture 9/10

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En Féérie, il brille quelques poussières…

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