
💧Chronique💧
Si jamais je plonge, est-ce que la forêt me rattrapera de ses bras? Si jamais, je plonge, est-ce que la nuit étendra sa main d’étoile pour trouer l’eau du lac?
Parce que je vous le dis, j’ai plongé. J’ai plongé comme on oublie une respiration. J’ai plongé, corps et âme, dans cette histoire, et les vagues ont tout pris. J’ai tout ressenti de la forêt, des jours bleus, de la fragilité…
C’était mes sœurs en miroir.
Chloé et Clara. Clara et Chloé.
C’était mes sœurs en miroir, qui me racontait leur incomplétude, leur inadaptation, leur effondrement.
Et dans l’eau du lac, ça m’a noyé les yeux.
C’était mes sœurs en miroir, l’une et l’autre, confiant sur le papier ou sur l’herbe, leur tendre fragilité, la dérive et l’amitié.
Je nageais en eaux troubles, et pourtant, je ne voyais que la beauté. Je nageais sur des phrases, qui faisaient de la houle, et pourtant, j’étais en communion avec la nature. Je nageais en souffrance, et pourtant, je contemplais l’été.
C’était mes sœurs en miroir, et c’était une saison de rêves possibles, de paix et d’abandon…
Deux mois comme une parenthèse, comme une bouée pour enfin, respirer. Deux mois comme un soleil, comme une barque aux couleurs revigorantes. Deux mois pour se réchauffer au feu des souvenirs…
Mais l’automne est venu. Il a de nouveau tout écorché, tout abîmé, tout refroidi.
Et les filles bleues de l’été n’ont pas supporté, l’absence de lumière, de mousse, et de baignade.
Les filles bleues de l’été voulaient retrouver l’union, l’osmose et la Sororité.
Les filles bleues de l’été voulaient retrouver leurs yeux vagues, en miroir, sur l’étendue du lac.
Elles étaient mes sœurs, jamais aussi magnifiques, que dans ce moment de retraite intime, à se faire face, dans la grandeur de leur puissance féminine, en aimant la vie.
J’ai du vague à l’âme. Des vagues submergeantes qui roulent de ma pupille, jusqu’au fond du lac. Des vagues de chagrin qui s’écrivent à l’eau, sur un cahier noir…
Que fait le monde, quand la détresse s’empare des jeunes filles en fleurs? Je cherche la réponse dans les racines, derrière les broussailles, sous la surface verte, mais je ne la trouve pas…Et vous?
C’était mes sœurs devant ce miroir déformant qui ondule au vent, et la perte de l’été m’a fait un trou au cœur par lequel j’essaie de m’échapper, mais en vain…
Parce que le coup de cœur est trop grand. Grand comme le firmament. Grand comme l’absence.
Si jamais je plonge, dans le lac, est-ce que mes sœurs seront là, bleues comme un ciel d’été?
Remerciements:
Je tiens à remercier Pauline des éditions Le Nouvel Attila pour sa confiance et l’envoi de ce livre.