Les filles bleues de l’été, Mikella Nicol

💧Chronique💧

Si jamais je plonge, est-ce que la forêt me rattrapera de ses bras? Si jamais, je plonge, est-ce que la nuit étendra sa main d’étoile pour trouer l’eau du lac?

Parce que je vous le dis, j’ai plongé. J’ai plongé comme on oublie une respiration. J’ai plongé, corps et âme, dans cette histoire, et les vagues ont tout pris. J’ai tout ressenti de la forêt, des jours bleus, de la fragilité…

C’était mes sœurs en miroir.

Chloé et Clara. Clara et Chloé.

C’était mes sœurs en miroir, qui me racontait leur incomplétude, leur inadaptation, leur effondrement.

Et dans l’eau du lac, ça m’a noyé les yeux.

C’était mes sœurs en miroir, l’une et l’autre, confiant sur le papier ou sur l’herbe, leur tendre fragilité, la dérive et l’amitié.

Je nageais en eaux troubles, et pourtant, je ne voyais que la beauté. Je nageais sur des phrases, qui faisaient de la houle, et pourtant, j’étais en communion avec la nature. Je nageais en souffrance, et pourtant, je contemplais l’été.

C’était mes sœurs en miroir, et c’était une saison de rêves possibles, de paix et d’abandon…

Deux mois comme une parenthèse, comme une bouée pour enfin, respirer. Deux mois comme un soleil, comme une barque aux couleurs revigorantes. Deux mois pour se réchauffer au feu des souvenirs…

Mais l’automne est venu. Il a de nouveau tout écorché, tout abîmé, tout refroidi.

Et les filles bleues de l’été n’ont pas supporté, l’absence de lumière, de mousse, et de baignade.

Les filles bleues de l’été voulaient retrouver l’union, l’osmose et la Sororité.

Les filles bleues de l’été voulaient retrouver leurs yeux vagues, en miroir, sur l’étendue du lac.

Elles étaient mes sœurs, jamais aussi magnifiques, que dans ce moment de retraite intime, à se faire face, dans la grandeur de leur puissance féminine, en aimant la vie.

J’ai du vague à l’âme. Des vagues submergeantes qui roulent de ma pupille, jusqu’au fond du lac. Des vagues de chagrin qui s’écrivent à l’eau, sur un cahier noir…

Que fait le monde, quand la détresse s’empare des jeunes filles en fleurs? Je cherche la réponse dans les racines, derrière les broussailles, sous la surface verte, mais je ne la trouve pas…Et vous?

C’était mes sœurs devant ce miroir déformant qui ondule au vent, et la perte de l’été m’a fait un trou au cœur par lequel j’essaie de m’échapper, mais en vain…

Parce que le coup de cœur est trop grand. Grand comme le firmament. Grand comme l’absence.

Si jamais je plonge, dans le lac, est-ce que mes sœurs seront là, bleues comme un ciel d’été?

Remerciements:

Je tiens à remercier Pauline des éditions Le Nouvel Attila pour sa confiance et l’envoi de ce livre.

Et demain les russes seront là, Iulian Ciocan

📚Chronique📚

« Elle venait de comprendre en une fraction de seconde que les choses étaient terriblement tristes… »

Est-ce qu’une seule seconde suffit pour comprendre le désarroi? Est-ce qu’une fois, qu’il est là, dans le politique et le social, dans le présent et l’avenir, est-ce qu’on comprend ce qu’est la peine irrépressible? La fraction de seconde de cette compréhension est effrayante, mais je l’ai comprise, au sein de ces pages…Il faudra faire avec, certes, mais l’auteur Iulian Ciocan, veut explorer le sentiment de peur qui gagne peu à peu, une nation au travers de leurs quotidiens…Il laisse infuser la peur, il la laisse grandir, prendre la place, prendre le dessus, prendre les valeurs, prendre les identités, prendre les joies, prendre la jeunesse, prendre le talent, prendre les années, pour ne rien laisser que le trouble moral profond et insondable…

Et demain, les russes seront là…

Dans toutes les strates de la société, la peur s’immisce, les comportements changent imperceptiblement, puis, du tout au tout…La frontière entre le bien et le mal devient moins nette, sous la menace de cette probable arrivée…Mais, est-ce une réalité ou une fiction? Quelle est la part de doute qui pourrait enrayer la marche des envahisseurs? Dans cette dystopie, tout paraît lointain et en même temps, imminent…L’amour se retrouve mis à mal, quand la politique s’en mêle, l’entraide n’est plus de bon ton, la littérature n’est plus évasion mais synonyme de prison…Que faut-il donc craindre à ce point, pour que les destins explosent ainsi, en une fraction de seconde? La peur ne change pas le danger, mais pourquoi change-t-elle, les gens, au point de leur faire perdre leurs alignements?

Et demain, les russes seront là…

Avec ce roman, on plonge dans une histoire à deux temporalités, pour mieux saisir la souffrance humaine…Toute l’obscurité de l’humanité ressort, comme sur un buvard…Les hommes sont pris dans une spirale infernale qui les éloigne de la lumière, et même si quelques uns résistent à laisser le mal gagner la bataille, on sent bien que la peur est la plus forte…C’est justement la tristesse qui nous saisit, au fil de cette lecture, de constater que même la littérature ne sauvera pas ces personnages, puisque au cœur de l’édition, la corruption, la résignation et la cupidité prend le pas, sur les espoirs de liberté…Et demain, la dictature sera sans doute, à leurs portes…

J’ai trouvé cette lecture très intéressante, avec cette projection presque prémonitoire de l’envahissement russe et les clins d’œil subtils aux plus grands classiques de SF, et je le recommande aux lecteur.ices friand.e.s d’anticipations et autres ambiances futuristes sombres…

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement Tropisme Éditions de leur confiance et l’envoi de ce livre.

Tourment, Joy Williams

🍃Chronique🍃

Tourment: très grande souffrance physique ou morale.

« Pourquoi êtes-vous ici? Pourquoi êtes-vous ici? Quel est le but de la vie humaine sur cette terre? »

Je peux éplucher les oranges et les infos, les orages et les réseaux, ce n’est pas sûr, que je trouve la réponse à notre présence, ni le but de nos vies sur terre…En revanche, les tourments qui s’y rapportent, je les connais, par la force des choses, puisque comme dans cette histoire étourdissante, les questionnements fusent, ressemblent parfois aux miens, rassemblent quelques-uns dans des villages vacances, et, surtout, se refusent à libérer leurs essences propres. Le tourment de Joy Williams, colle à la peau, aux tripes, aux étonnements…Parce que le tourment de vivre en ces terres dévastées, en ces jours sans avenir, en ces déboires intellectuels, ne fait que rappeler la menace potentielle qui se dessine à l’horizon. Alors, je me suis perdue, avec délectation, dans une errance aussi trouble que celle de Khirsten, à chercher et rencontrer mille et une autres questions-obsessions, qui ne sont pas prêtes de me lâcher la grappe…Je ne suis même pas sûre d’en être revenue, tellement. Je n’en ai pas envie de toute façon, le tourment, me convient. Va pour les questions incessantes et sans réponses, ça me convient. Je suis ok avec ça, et toutes les pelures d’oranges ou d’ADN, qui infusent sur les chemins des poètes en colère ou pas, je veux bien les mettre dans mon sac à dos, et poursuivre la route sur les traces de cette mère disparue…

« A quoi bon tuer quand on peut dé-créer les éléments fondamentaux? »

Qu’avons-nous fait de notre vie, pour éteindre le lien entre l’homme, la nature et la spiritualité? Pourquoi l’on ressent tellement la révolution imminente de l’ultime bataille? Dans ce roman, l’urgence de la prise de conscience écologique, philosophique, existentielle, est palpable. La mort est omniprésente, la vie si éphémère, le Tourment si accablant, que même ceux qui sont encore là, survivants malgré l’apocalypse, essaient de se trouver une raison de pas perdre, la raison ou le chaos…Mais que peuvent quelques marginaux contre l’impermanence du monde? Que peut faire cette poignée d’humains contre l’ordre des choses? Que peuvent quelques passionnés contre l’apathie? Tous ces personnages sont dans un brouillard épais, et pourtant ils m’ont touchée dans leurs combats et leurs quêtes de sens ou d’action…

« Que gagne-t-on à transformer le cœur d’une seule personne? »

Il y a tellement de citations que je pourrai relever pour vous les partager, puisqu’elles foisonnent, mais ce serait gâcher le plaisir, mais à chaque fois, que j’ouvre le livre, elles me reviennent en boomerang, et entraînent encore des tas de réflexions fertiles sur le sens de la vie. Je ne peux pas me détacher de cette lecture. Les mots que je pourrai trouver pour vous décrire la sensation fulgurante, ne veulent pas se plier à ma volonté, pour vous exprimer le vertige de l’ascension sensationnelle et vivifiante, à progresser dans ces pages. Mais, mon cœur a été gagné avec cette histoire de Tourment. La plume de l’autrice est puissante, perspicace, drôle, énigmatique, avisée, fabuleuse, poétique…Mon cœur transformé a juste l’espoir de venir toucher quelques personnes, pour que la magie de Tourment, continue d’envoûter son prochain…

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement les éditions Rivages de leur confiance et l’envoi de ce livre.

Riviera, Joann Sfar

🖊️Chronique🖊️

Qu’est-ce qui est formidable? Qu’est-ce qui est vraiment formidable, le souvenir ou l’instant présent? Qu’est-ce qui est vraiment formidable, l’argent qui coule à flot ou le flow du rock’n’roll? Qu’est-ce qui est formidable, Monsieur Formidable ou Joann Sfar?

Parce que le trait est si subtil entre les deux, alors, où se situe la formidabilité? Dans le nouveau roman graphique nerveux et noir à souhait, cuisiné à la sauce polar et purée de Covid, et signé par un artiste brillant, quoique survolté et un brin nostalgique sur les bords…

Donc nous voilà partis sur les routes, avec un M.Formidable ancien truand à la retraite, une mission périlleuse mais fructueuse à la clef, mille tensions aux carrefours du passé et du présent, sans compter les ombres du jour et de la nuit qui guettent leurs territoires…Bref, une aventure rocambolesque avec trucs et astuces pour mauvais garçon en cavale, et pas tout à fait repenti, tout cela en direction de la Côte d’Azur! Et comme le soleil frappe fort à Nice, M.Formidable aussi: il faut bien se mettre au diapason, et garder sa réputation d’antan…

J’ai aimé le côté décalé, l’humour en planque, et l’énergie fauve…Tout est millimétré, corrompu, désopilant, dangereux, rythmé, tendu, extravagant, explosif, visqueux même mais la ligne de conduite rend grâce au genre du Roman noir avec brio et le petit bonus, c’est cette pointe d’insouciance piquante qui nous fait sourire en coin quand elle s’emmène dans cette ambiance sombre et violente. On rit plus qu’on pleure à voir ce M.Formidable en proie avec ses démons, et la petite virée Paris-Nice devient alors, un road movie formidable!

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement Sonatine Éditions de leur confiance et l’envoi de ce livre.

Mes forêts, Hélène Dorion

🌳🌲Chronique🌲🌳

On croirait une histoire

Couverte de mousse et de lichen

Une histoire recouverte d’odeurs

Sylvestres et de vents déchaînés

On croirait effleurer les pins

Connaître les murmures de la brume

Élever ses syllabes vers les cimes

Des vers qui voltigent sur le blanc

Je sais ce qui parle en moi

Les forêts, la poésie, le ciel

Je sais ce qu’ils disent du monde

Qui dégringole sur les abîmes

Je sais les questionnements

De l’arbre, du verbe, des feuilles

Je sais qu’ils errent dans les rêves

Et les points morts de nos illusions

Mes forêts scintillent, savent

Rougeoient, pépient, dorment

Mangent, tanguent, nourrissent

Pleurent, glissent, avancent…

Mes forêts brûlent, crèvent

Arrachent, tombent, secouent

Griffent, tordent, achèvent,

Déploient, inspirent, expirent…

Nous sommes liées Mes forêts et moi

Comme du lierre qui court sur la peau

Comme du vivant qui perce sur le coeur

Comme du vert qui renaît inlassablement

Nous sommes liées Mes forêts et moi

Parce que la poésie est libre et sauvage

Parce que les rimes dispersent la beauté

Parce que les coupes reviennent en féerie

Mes forêts sont intuitives, impressionnantes

Légères, puissantes, rêveuses, porteuses

Animales, connectées, actives, fracturées

Désarmantes, aimantes, inquiètes, cassées

Et plus, je les regarde et plus, j’entends

Et plus, je les entends et plus, je les sens

Et plus je les sens, et plus, elles me touchent

Et plus elles me touchent et plus, je les aime

On croirait une histoire de retour aux sources

Mais c’est une chronique, une errance

Une aventure au milieu des racines de la vie

Un point d’ancrage sans ponctuation

On croirait une histoire de réciprocité

Mais c’est une expérience, un reset

Une exploration au cœur des écoulements

Une éclosion sublime sans le bruit du monde

On croirait d’ici une déclaration d’amour

À mes forêts -nos forêts, ses forêts-

Une déclaration Love qui se poursuit

Sur un chemin enchanteur dans les bois

Profonds et solitaires de l’humanité…

Coup de cœur expansif et infini❤️

Une révolution intérieure, Gloria Steinem

✊🏻Chronique✊🏻

💞« Écoute ton cœur. »✊🏻

Sans doute, que je l’écoute un peu trop, quand je vois cette couverture, avec ce symbole de révolution, le rose et le rouge, et ce titre accrocheur, j’y vais à toute berzingue…Et puis Gloria Steinem, cette autrice m’attire depuis un moment déjà…Sans doute, que je cherchais quelque chose aussi, sur moi-même et que cette quête d’estime de soi était suffisamment enthousiasmante pour avoir envie de mener cette révolution personnelle, jusqu’à elle. Voilà, pourquoi, j’ai suivi mon coeur, je l’ai emmené dans la bataille, et qu’on en ressort, lui et moi, bien déterminés à la conquête!

Gloria Steinem, c’est une icône, une féministe engagée qui a lutté toute sa vie contre les injustices sociales. De part son expérience et son métier, elle a été emmenée à voir de ces yeux toutes ces discriminations sexistes et racistes, et aux travers de ces exemples qu’elle nous partage dans ces pages, on comprend comment et pourquoi, l’estime de soi est sapée chez les femmes (mais également, chez toutes les minorités…) Et de ce fait, elle est déterminée avec cet essai hybride et passionnant à nous faire reconquérir cette estime de soi pour notre plus grand bien. Et en tant que femme, je peux lui dire merci, de tout mon cœur. Parce qu’avec tous ces conseils avisés, mais aussi, grâce à son militantisme, la dissociation entre développement personnel et manifeste n’est plus de mise, puisqu’elle relie toutes les parts de notre puissance personnelle en une seule cause louable: notre estime de nous. Cette part de nous qui nous a échappée, cette part de nous qu’ils ont essayé de diviser-diviser pour mieux régner- cette part de nous qu’est le feu qui nous anime et qui se serait éteint, petit à petit, souvent à notre insu, au contact de cette société patriarcale, dominatrice et clivante…

Elle nous emmène à reconsidérer nos acquis pour mieux réapprendre et se réapproprier nos places en tant que sujet pensant. Mais sans cet effort d’autonomie intellectuelle, cet idéal est vain, alors elle renforce notre confiance, elle donne de la matière et des réflexions sur le politique et l’intime, elle nous donne des pistes de méditations, des idées de connexions multiples avec la nature ou l’art, elle crée du lien et des images fortes pour que l’éveil soit efficace et fructueux. Gloria Steinem se désole de l’invisibilité des femmes dans les domaines de la science, de la spiritualité, des médias, de la politique, (etc…)et voudrait les voir plus en lumière dans ce monde, pour un meilleur équilibre. Et tout démarre selon elle, de l’estime de soi…Le flambeau nous ai donné, à nous de préserver notre feu intérieur, d’incarner cette lumière et d’inonder l’univers de notre clarté du dedans!

Je la remercie pour la magie de l’empouvoirement qu’elle insuffle, l’intention de Sororité et l’énergie positive qu’elle arrive à générer dans nos cœurs éreintés…Je la remercie pour ses combats qu’elle a mené avec ses Sœurs pour que nous puissions mieux vivre en tant que femmes dans nos quotidiens. Je la remercie pour ce livre captivant! Je vais maintenant en révolution intérieure!

💞« Libère ton esprit-pour pouvoir te bouger le cul. »✊🏻

Notre part de nuit, Mariana Enriquez

-Haunt me-Si seulement je pouvais arrêter de l’aimer. L’oublier, pour replonger. Mais est-ce qu’on peut seulement oublier un livre qui vous hante? Est-ce qu’on se détache de l’emprise d’une Main Gauche de l’obscurité? -Haunt me-Est-ce que les morts voyagent trop vite, et vous gardent sous leurs coupes? Est-ce que je sais seulement ce qui c’est passé dans mes nuits? Est-ce que Nyx était avec moi, durant cette lecture? Est-ce que j’ai laissé quelque chose dans l’obscurité qui ne me sera pas rendu? Est-ce qu’on oublie un livre d’une telle intensité?

Est-ce que j’en ai envie? Non. -Haunt me, encore-

Je voudrais retourner la-bas, à Buenos Aires, où les maisons avalent les vivants, où l’horreur s’invite à table, où les fantômes vous donnent la main, où la beauté vous fait perdre la tête…

Ramenez-moi là-bas. -Haunt me-Je m’accommoderais de ces mythes et légendes lointaines, je les aimerais, comme miennes. Je m’accommoderais aussi, des visions, des règles, des rituels, de la matière noire, des griffes, tout m’ira, je promets. Je voyagerais aussi vite que les morts pour retourner là-bas.

Retourner dans l’univers riche et exaltant de Mariana Enriquez. Je voudrais qu’elle continue à écarquiller mes yeux, sur la situation socio-politique de ces dernières années en Argentine, avec son réalisme magique. Je veux qu’elle les maintiennent ouverts à jamais, pour que je ne vois plus que l’essentiel. Ainsi, je regarderais au fond du puits de Zañartù, je regarderais les charniers, je regarderais les ravages, je regarderais les âmes prisonnières, je regarderais les os, je regarderais la forêt, je regarderais l’Obscurité bien en face.-Haunt me-Je n’ai pas besoin de chambre…

Je ne saurais pas si les mots que je laisse partir, me laisseront vivre paisiblement, mais je me sens obligée de bien vous faire comprendre que ce roman polyphonique est extraordinaire. Extraordinairement puissant. Puissamment extraordinaire. Comme l’occulte se mêle à la dictature, comme l’ésotérisme côtoie les disparitions inexpliquées, on ne sait plus d’où vient le Mal…Qui garde la prise la plus forte, quelles forces obscures agissent en toute impunité? Quel mal court les rues, les lits, les nuits? Ne serait-ce pas les victimes, Elles-mêmes, les milliers de victimes de la guerre sale, qui reviennent hanter ces pages et nos cœurs, pour que leurs histoires soient entendues, écrites, reconnues?

-Haunt me, encore-Je laisse les fantômes me parler, je me ferais médium s’il le faut, j’en crèverai sans doute, mais -Haunt me, et n’arrête pas-

Mais si les ténèbres sont partout, dévorantes, furieuses, je sais grâce à la poésie, que je verrais la lumière…-Notre part de nuit à porter-Merci Emily. Le chemin est long, mais j’ai de bons compagnons de routes. Un père et son fils, qui m’apprennent la force de l’amour, l’essence de la transmission, l’énergie de la liberté…La belle Rosario m’apprend la puissance féminine, la patience, la persévérance. Quand je regarde cette jeunesse, j’apprends les joies de l’amitié, les prémisses des émois, les petits miracles. Après tant de souffrances vécues dans les chairs, dans les cœurs et les âmes, ces quelques poignées de lumières aux proies de l’Obscurité, sont des petits joyaux…Et je les garde, et j’espère que ce n’est pas maudit.Haunt me-

Je ne peux plus tenir longtemps, une fois la porte ouverte, il faut la fermer…Reste à savoir si je reste ici ou là-bas dans l’Autre Lieu…Ce n’est pas la nostalgie qui m’étouffe, mais je préfère invoquer le lien indéfectible que je viens de créer avec ce livre✨Je dépose là, le scintillement✨Et le coup de cœur. Le coup de cœur infaillible, avec des fleurs de ceibo, qui poussent dessus. Le coup de cœur qui saigne, mais qui bat encore…Le coup de cœur avec une bouche à l’intérieur qui continue de répéter encore et encore – Haunt me-…

Le Petit Roi, Mathieu Belezi

🥀Chronique🥀

Il est des histoires douloureuses. Des histoires qui tuent l’enfance. Des histoires qui brutalisent, dénient, meurtrissent. Des histoires, avec lesquelles on préférait ne pas avoir à se mesurer. L’abandon est une douleur. Une douleur incommensurable sur laquelle peu de mots se superposent. Une douleur tellement grande, qu’on a peine à conscientiser qu’elle touche trop souvent les enfants. Mais eux, comment peuvent-ils faire, dire, apprendre, guérir? A quoi peuvent-ils se raccrocher, les gamins? Le mal-être qui les tient debout, est insidieux, furieux, incontrôlable. Mathieu n’a pas les mots, ni le recul, ni les moyens, de saisir la souffrance qui le ronge. C’est à peine un pré-adolescent, qui doit déjà faire face à la violence visible, invisible, permanente, intra familiale, environnante, sociétale. Personne pour lui expliquer tous les maux qui le gagne…

Il est des histoires de fuites impossibles. Fuir sa vie, son quotidien difficile, pour chercher un sens. Envie de fuir les autres et soi-même pour ne pas avoir à gérer sa réalité. Fuir vers la solitude et le silence, parce que ce sont ces deux éléments qui mènent à l’apaisement…Ne pas comprendre les effets du cercle vicieux victime-bourreau, et s’embourber dans la souffrance, mais fuir en nature, pour s’émerveiller encore, c’est la seule option de cet enfant en manque d’amour.

Il est des histoires dures à écrire et des histoires dures à vivre. La vie est belle, paraît-il…Oui, mais pas pour tous. Et qui s’intéresse à eux, les cabossés? Alors, qui? Le talent était-il inné ou acquis? La beauté il faut savoir aller la chercher. La vérité toute laide puisse-t-elle être dure à écrire, il faut savoir aller la dénicher. Et pour cela, il faut avoir l’œil. L’œil sensible. L’œil avisé. L’œil compatissant. Mathieu Belezi nous prête ses yeux et sa plume, pour nous faire vivre une histoire tristement réelle. Une histoire au plus près des oubliés du monde rural…Une histoire de famille qui prend le risque de nous bouleverser…

Même si je dois avouer que cette lecture a été rude pour mon hypersensibilité, j’en reviens quand même en vous disant que j’ai lu et adoré ce roman, parce que je suis de celles qui choisissent, de ne voir que la beauté. Même au milieu de chaos, de la cruauté et de la maltraitance, j’ai été touchée par la relation tendre et pudique entre un grand-père et son petit fils. Même au milieu de la pauvreté, de la démission, de l’imperfection, je serai toujours de celles qui choisissent, de voir la poésie du texte. Je serai de celles qui vous recommande Le petit roi, parce que je m’y suis brûlée les yeux…

« Après c’est le silence, et dans ce silence qui me hait je fixe le soleil pour me brûler les yeux. »

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement les éditions Le tripode pour leur confiance et l’envoi de ce livre.

Le roi et l’horloger, Arnaldur Indridason

Chronique

« -Qu’est donc le temps? »

Est-ce qu’il existe, seulement? C’est tellement difficile de le définir, de le mesurer, d’en comprendre sa nature…L’horloge était-elle un indicateur ou juste une pièce de pure beauté? Le rapprochement des minutes se fait-il à l’instar de celui des hommes? Le temps d’une histoire contée, nuit après nuit, engendrera-il un changement ou une transformation, pour que le temps s’immisce et fasse tourner l’engrenage de l’œuvre de Habrecht? Tel est l’enjeu de cette lecture, dont nous régale encore, le talentueux Arnaldur Indridason. Dans les rouages du temps, les mécanismes complexes qui régissent la vie des hommes auront une chance de délivrer leurs vérités dans une relative intimité secrète. Le temps est alors, au centre de tout, le roi et l’horloger dépendent, attendent, redoutent cette bulle crée par le hasard, pour comprendre la tragédie de leurs destins. Qui aurait pu prévoir la complicité naissante entre un monarque et un artisan? Quel est le pouvoir de cette horloge? Quelle éternité vont-ils arracher au temps, en se parlant ainsi d’homme à homme?

« Ainsi va la vie, tout simplement. Nous n’en parlions pas chez moi. »

Au royaume des taiseux, je voudrais le roi et l’horloger…Ainsi va la vie, et le temps et la parole libèrent, paraît-il…Alors, ils se mettent, tour à tour face à leurs souvenirs traumatiques, et dans le même temps, au fil des confidences, la magie est là et, répare…La fragilité et l’insolite de leur amitié a vraiment quelque chose d’hyper touchant. Chacun donne une part de lui à l’autre. De leurs balbutiements à leurs pires crises d’angoisses, ils lèvent le voile sur un passif douloureux, et comprennent, de leurs points de vues respectifs, que la politique, les mœurs et l’ignorance mènent souvent à la violence. C’est un roman captivant, dans la mesure où il explore les liens filiaux et les interrogations légitimes sur des lois iniques…

« Monsieur l’horloger promet de me dire la vérité, mais la vérité, qu’est-ce que c’est? »

La vérité, c’est que j’ai passé un agréable moment en compagnie de ces hommes meurtris dans leurs retranchements, et que je penserai à danser plus souvent, deux pas en arrière pour mieux voir l’Histoire et ses trop nombreuses injustices…La vérité, c’est que j’ai toujours plus envie de découvrir l’Islande et ses histoires, toujours plus envie d’être fidèle à cet auteur pour l’émotion tout en filigrane qu’il orchestre dans chacun de ces romans. La vérité, c’est que je quitte ce soir, pas seulement Le roi et l’horloger, mais deux hommes qui m’ont ouvert leurs cœurs avec pudeur. La vérité, c’est que dieu comme c’était beau…

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement les éditions Metailie de leur confiance et l’envoi de ce livre.

Un coup de tête, Sigrùn Palsdottir

🪡Chronique:

Il est des histoires d’aventures qui se faufilent entre les mailles. Entre deux jeux d’aiguilles, il est temps de faire place à l’énergie qui vous appelle au-delà des mers, au delà de l’oppression domestique, au-delà de vous-même. Partir sur Un coup de tête, mais partir, surtout, pour sortir de sa condition, de son cocon, des diktats de la société. Sigurlina se pique de liberté et de culture, et devient une femme indépendante au grand dam de certains…

Il est des histoires de froufrous. C’est fou comme on sent les étoffes qui bruissent, les odeurs envahir l’espace, tous les petits bruits faisant partie de la sphère féminine, peuvent ressortir aussi vivants et si sonores sous la plume de Sigrùn Pàlsdòttir…C’est presque magique, d’avoir su faire entendre la singularité phonique des activités au féminin au XIXe siècle. On a l’impression d’être avec ces femmes dans l’atelier de couture, dans la cuisine parfois, ou avec l’heroine quand elle gratte le papier…

Il est des histoires qui parle d’Histoires, qui fleurent bon l’ancien et la passion. Des histoires d’aventures et de mésaventures. Des histoires de femmes restreintes, des histoires de rêves déchus. Des drames et des hasards heureux. Des histoires à écrire, des histoires à embellir, des histoires clinquantes, des histoires brillantes. Et un bijou. Mais encore faudrait-il qu’il vous raconte son Histoire…

J’ai lu et adoré Un coup de tête, parce qu’il met en lumière l’Islande, que je rêve de visiter un jour, mais plus que cela, puisque il parle d’un destin de femme courageuse et remarquable. Une femme qui a choisi l’émancipation comme leitmotiv, et malgré les difficultés, elle fait preuve d’une détermination admirable pour continuer vers cette voie libératrice…Quelle meilleure manière de commencer ce #marsaufeminin , avec cette nana spontanée et fougueuse?

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En Féérie, il brille quelques poussières…

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