Trencadis, Caroline Deyns.

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Synopsis:

«Je montrerai tout. Mon cœur, mes émotions. Vert – rouge – jaune – bleu – violet. Haine -amour – rire – peur – tendresse.»

Niki hait l’arête, la ligne droite, la symétrie. A l’inverse, l’ondulation, la courbe, le rond ont le pouvoir de déliter la moindre de ses tensions. Délayer les amertumes, délier les pliures : un langage architectural qui parlerait la langue des berceuses. Aussi vit-elle sa visite au parc Güell comme une véritable épiphanie. Tout ici la transporte, des vagues pierrées à leur miroitement singulier. Trencadis est le mot qu’elle retient : une mosaïque d’éclats de céramique et de verre. De la vieille vaisselle cassée recyclée pour faire simple. Si je comprends bien, se dit-elle, le trencadis est un cheminement bref de la dislocation vers la reconstruction. Concasser l’unique pour épanouir le composite. Broyer le figé pour enfanter le mouvement. Briser le quotidien pour inventer le féérique. Elle rit : ce devrait être presque un art de vie, non ?

Ce que j’ai ressenti:

Ceci est un bonheur possible. Ce n’est pas du faux, du fake, du toc…C’est une grande artiste qui voit le monde en couleurs, qui se pare de ses plus belles émotions, qui défie la norme et les conventions. Alors bien sûr, il te vient des couleurs à toi aussi, des vagues et des ondulations, des arc-en-ciel au cœur, du Trencadis à l’âme. T’as envie de casser de la vaisselle et de t’essayer à la mosaïque, à un autre art de vie, à la créativité sans limite…Parce que Niki de Saint Phalle est une femme remarquable, rebelle, insoumise, avant-gardiste, marginale, féministe, et surtout admirable: tu te surprends à l’aimer, en dépit de tout. C’est à prendre ou à laisser. Comme le bonheur, un peu-Et j’en ai tout pris: Le Vert-rouge-jaune-bleu-violet. Tout ce qui fait la vie, avec ce qu’il faut de Haine-amour-rire-peur-tendresse. J’ai délaissé un temps le noir et le blanc, parce que j’avais mal dedans ces deux couleurs autant qu’elle. Une femme aussi entière, aussi vraie, aussi forte, aussi passionnée dans ses contradictions et ses convictions, c’est tout de même une belle rencontre que je ne suis pas prête d’oublier!

J’y mets du cœur, et de l’ardeur.

Je ne lis que très peu de biographie, mais celle-ci avec cette construction originale et particulière, m’a vraiment captivée. J’ai aimé ce côté fou, déstructuré, émotionnel, fragmentaire. Je ne pensais pas autant m’investir dans l’univers artistique, la chair et le cœur de cette Nana extraordinaire. Caroline Deyns nous offre un portrait de femme passionnant et j’ai hâte maintenant d’aller voir de plus près les œuvres de cette artiste à fleur de peau. J’aimerai me promener dans ce fameux Jardin des Tarots, histoire de voir de mes yeux, cette sensibilité propre à Niki de Saint Phalle. J’ai été conquise par cette façon d’aimer autant la vie et l’imperfection, les courbes et les couleurs, le rire et la liberté. Une femme inspirée et inspirante. L’Art la sauve des traumatismes et l’emmène vers des hauteurs épanouissantes. C’est un bonheur de lire ce Trencadis, d’aller se frotter à son imaginaire, de découvrir la sphère de son rêve. Je vous recommande cette lecture, de tout mon cœur.❤️

Que comprends-tu de moi mon amour?

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement Quidam Éditeur pour leur confiance et l’envoi de ce livre.

Surface, Olivier Norek

Synopsis:

Noémie Chastain, capitaine en PJ parisienne, blessée en service d’un coup de feu en pleine tête, se voit parachutée dans le commissariat d’un village perdu, Avalone, afin d’en envisager l’éventuelle fermeture.
Noémie n’est pas dupe : sa hiérarchie l’éloigne, son visage meurtri dérange, il rappelle trop les risques du métier… Comment se reconstruire dans de telles conditions ?
Mais voilà que soudain, le squelette d’un enfant disparu vingt-cinq ans plus tôt, enfermé dans un fût, remonte à la surface du lac d’Avalone, au fond duquel dort une ville engloutie que tout le monde semble avoir voulu oublier…

Ce que j’ai ressenti:

▪️En tête à tête…

On va devenir proche, toi et moi. Toi c’est No et moi, je ne suis qu’une simple admiratrice de la force qui t’anime. No, tu es une femme, lumineuse, puissante, qu’on devrait connaître, reconnaître, soutenir et même s’inspirer…Une battante malgré les cicatrices, le chaos, l’irréversible…Alors, je t’ai aimé Noémie Chastain, dans tous tes combats, dans ta détermination dans tes vagues à l’âme et vents furieux…Et sous la Surface, il y a une beauté qui ne demande qu’à remonter…

▪️Entre ville et campagne…

Ce n’est pas parce qu’on est plus au 36, que la vie à la campagne est de tout repos…On a voulu t’éloigner de la ville, mais il n’en reste pas moins que tu restes la même: une femme active, une flic passionnée et un soldat paré à toute bataille…Ils sont bizarres ces taiseux de l’Aveyron, mais les zones d’ombres ne te font pas peur, les plongeons non plus…Et on dirait qu’au plus c’est escarpé ou profond, et meilleure tu es, No. La nature t’envoie des signes, tu gagnes des amitiés canines et des regards tendres: cette retraite au vert te va bien au teint, on dirait,No…Mais sous la Surface, il y a des cadavres qui ne demandent qu’à remonter…

▪️Entre rage et tempêtes…

C’étaient des enfants et ce fût le drame…Avec cette nouvelle équipe, tu te démènes en eaux troubles, No, et je te suis dans des profondeurs insoupçonnées… Rien n’est jamais acquis, et c’est la confiance qui est l’ultime but à atteindre…Mais qu’on se le dise tout bas, toi et moi, No, rien n’est plus difficile que cela. Seul le temps te le prouvera, alors cesse d’être aussi impétueuse, et observe les gens…Sous la Surface, il y a des secrets qui ne demandent qu’à remonter…

▪️En coup de cœur…

Alors, forcément, No, entre toi et moi, il y a eu quelque chose…Il y a eu des battements de cœur, des conversations sans mots, des émotions en pagaille et une admiration sans faille. Entre les cicatrices, j’ai vu ta lumière et c’était beau, No. Et maintenant à la Surface, il y a moi, qui écrit que ce livre est un coup de cœur…Il ne demandait qu’à remonter…

Ma note Plaisir de Lecture 10/10

Remerciements:

Je tiens à remercier Emmanuelle ainsi que les éditions Pocket de leur confiance et l’envoi de ce livre.

Le Crépuscule du Paon, Claire Bauchart.

Synopsis:

Journaliste de l’influent hebdomadaire En Avant, Pascaline Elbert vient d’être promue responsable du service politique. Cette femme de caractère, « temporairement » séparée, doit tout mener de front : piloter des enquêtes d’envergure, supporter la jalousie de ses confrères ou le regard culpabilisant de la nounou quand elle est en retard, sans oublier les nuits entrecoupées par les pleurs de sa fille… Sa vie est un désordre savamment orchestré, mais Pascaline ne se laisse jamais abattre ! En s’emparant d’un dossier brûlant qui mêle le très populaire ministre de l’Économie Stéphane Toxandrie, un dirigeant d’entreprise de premier plan et un romancier en mal de reconnaissance, elle va révéler au grand jour leurs liens troubles et leurs aspirations aussi insatiables que dévorantes…

Ce que j’ai ressenti:

« Bizarre comme certains silences en disent plus que des flots de paroles »

07h19. Programme de la journée: chronique à écrire. Secteur: politique et finance. Café en route. Charge mentale: organiser la journée de Princesse.

C’est vrai qu’être maman active, c’est établir un planning rigoureux, en croisant les doigts pour que les imprévus ne le déstabilise de trop…Pascaline Elbert est une mère célibataire débordée mais efficace. C’est une héroïne attachante, pleine de ressources et déterminée, j’ai adoré la suivre dans ces folles journées hyperactives. Journaliste brillante et redoutée, elle fait parfois les frais dans sa vie personnelle de son engagement. Avec cette nouvelle enquête au sein du service politique, elle va se lancer, à toute berzingue, dans une sombre histoire de magouilles et pas sûr, que le crépuscule fasse la lumière sur les agissements de certains hommes assoiffés de pouvoir et d’argent. Qu’à cela ne tienne, Pascaline va se charger de m’éclairer sur les jeux et enjeux politico-financiers, tout en essayant d’essuyer les nuits d’insomnies avec sa fille…Un programme ambitieux certes, mais Claire Bauchart a déployé ses talents dans ce roman dynamique pour que je ressorte de cette lecture, épatée et sans doute plus lucide aussi…

08h22. Café 2. Écriture paraphée, biffée, rectifiée. Il faut boucler le papier dans les temps. Déjouer la jalousie. Charge mentale: appeler l’amie.

Être une femme dans le milieu journaliste n’est pas de tout repos…En plus de devoir prouver encore et encore (encore?!) ses compétences, il faut aussi se battre pour faire sa place…On imagine bien, comme c’est épuisant de jour après jour, malgré les sacrifices, malgré les résultats, malgré les piques misogynes et autres remarques assassines des copines combien la réussite professionnelle d’une femme est un combat permanent. Je me suis prise d’affection pour cette femme qui se démène envers et contre tous et j’aurai aimé quelque fois me glisser dans ses pages pour réconforter Pascaline, lui dire de tenir le coup. Heureusement, Claire Bauchart fait la part belle à la solidarité féminine et c’est un souffle de fraîcheur dans ce contexte étouffant d’ambitieux déloyaux et perfides, prêts à tout pour réussir…

9h50. Café 5/6…Vite, vite, les derniers détails. Vite, vite, préparer l’enfant pour une journée sportive et câline. Charge mentale: publier dans l’heure.

S’il est vrai que je suis complètement sortie de ma zone de confort avec cette histoire, en revanche, ce que je peux en dire, c’est que j’ai été captivée par l’enquête que mène Pascaline dans ce milieu sombre et dangereux…C’est dynamique et intéressant. En l’espace de dix jours, on s’aperçoit que le timing des journalistes est primordial, parce que l’info n’attend pas, le monde n’attend pas non plus, Pascaline doit la jouer fine pour rester dans la course effrénée du scoop. J’ai lu ce livre en une journée, impossible de le lâcher une fois qu’on est pris dans l’engrenage des petits et grands secrets des hautes sphères de la politique. Après avoir pataugé avec autant de requins dans des eaux sales et puantes, je m’en vais admirer l’aube…

Ma note Plaisir de Lecture 8/10

Remerciements:

Je tiens à remercier Claire Bauchart pour sa confiance et l’envoi de ce livre. Ce fut une lecture captivante!!

Les Fils des Ténèbres, Dan Simmons

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Synopsis:

1990, le régime sanguinaire de Ceaucescu est tombé, mais le pays est à l’agonie. Dans les orphelinats, les enfants se comptent par dizaines de milliers, et ceux atteints du sida sont abandonnés à leur funeste sort. Kate Neuman, brillante hématologiste, est intriguée par le cas d’un bébé dont l’état de santé s’améliore à chaque transfusion sanguine. Aidée du père Mike O’Rourke, elle parvient à emmener l’enfant, qu’elle a désormais adopté, aux États-Unis. Mais le petit Joshua est enlevé et ramené en Roumanie par la mystérieuse Famille. Commence alors une course-poursuite en terre de légende vampirique…

Ce que j’ai ressenti:

▪️Cauchemar de sang et de ténèbres…

Ce fut mon premier moment de tressaillement: une histoire de vampires. Remonter le fil d’une légende, voir de plus près les yeux d’un fou sanguinaire, sentir le pouvoir, cette toute puissance avide de vie et de mort sur les gens qu’il avait et qu’il a transmis par la force du sang à sa descendance…Rien ne semble étancher sa soif de vengeance et de sang. Surtout celle du sang. C’est toute une ambiance de terreur qui s’invite dans ces pages, une ambiance tendue entre violence et horreur, mais quand même fascinante, parce que le mythe de Dracula agit sur mes sensations, comme de l’adrénaline…J’ai adoré le travail de recherche de l’auteur qui nous offre un voyage époustouflant en Transylvanie.

– La banalité du mal, murmurai-je.
– Quoi ?
– La banalité du mal. » Je me retournai et adressai un grand sourire au médecin. « Dracula, ce serait une belle histoire. Mais des centaines de milliers de victimes de l’insanité politique, de la bureaucratie, de la stupidité, c’est seulement… un désagrément.
« 

▪️Rêves de sang et d’espoir…

Puis vint, le deuxième tressaillement: une histoire d’orphelinat. Remonter les fils de l’adoption, voir de plus près les yeux de cet enfant innocent, sentir le petit coeur de Joshua, cette fragilité de vie et cette défaillance dans le sang. Rien ne semble entacher la détermination de Kate et la passion pour son métier. Le sang comme spécialité…Docteur brillant en hématologie, elle décide de s’investir encore plus, en adoptant carrément un enfant malade, et elle devient de ce fait, une mère prête à tout! Kate est une héroïne forte et attachante, je me suis vraiment passionnée à la suivre dans ces péripéties en territoire vampire, mais plus encore dans ses combats de femme. Avec ce sujet sensible des rapts d’enfants et de conditions de vies dans les orphelinats, j’ai été extrêmement touchée…Un déchirement serait le mot exact…Surtout quand on sait que la réalité est plus atroce encore que la fiction.

Parfois, dit-il d’une voix très lasse, je pense que la seule chose à laquelle on puisse croire et que l’on puisse demander, c’est la chance.

▪️Et dans le fer et le sang…

Et finalement, le troisième tressaillement: une histoire de monstres. Parce que ce n’est jamais tout à fait, ceux auxquels, on pense…Dan Simmons revisite le mythe du vampire avec brio, et nous entraîne donc en Roumanie, dans un contexte anxiogène de régime totalitaire déchu, à la recherche d’un antidote, où le sang est au centre de cette histoire. Entre avancée médicale et horreur sanguinaire, ce roman réveille nos sangs et nous fait terriblement palpiter…Il est temps maintenant pour moi, d’aller essayer de dormir, en espérant ne pas entendre dans mes nuits, les cris des strigoi…

« J’ai aimé les étoiles trop tendrement pour craindre la nuit. »

Ma note Plaisir de lecture 9/10

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement Charlotte ainsi que les éditions Pocket Imaginaire pour leur confiance et l’envoi de ce livre.

Regarde, Hervé Commère.

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Synopsis:

Jadis, Mylène a aimé un homme. Ensemble, ils ont fait les 400 coups. Jusqu’au braquage raté d’une bijouterie en Espagne, au cours duquel les deux amoureux se sont fait prendre. Mylène n’a jamais revu Paco : il a été poignardé dans sa cellule un soir.
Aujourd’hui, Mylène est libre. Elle travaille dans un dépôt-vente en banlieue parisienne, et vit dans une chambre de bonne. Parfois, le temps d’un week-end, elle loue un appartement quelque part, et s’imagine une autre vie. Celle qu’elle aurait pu avoir si elle n’avait pas commis les mêmes erreurs. Elle rêve.
Ce week-end pourtant, Mylène ne rêve pas : dans la roulotte qu’elle a louée, tout la ramène à Paco. Les meubles, les objets, il y a même une photo de lui au mur. Cela semble inconcevable, mais on dirait qu’elle est chez lui.

Ce que j’ai ressenti:

« Il n’y a que deux raisons, l’amour ou l’argent! »

Sauf, que si l’un des deux te tient, tu perds toute raison…Ah l’Amour, l’amour, l’amour…Ah l’argent, l’argent…Ça peut rendre fou mais cette fois-ci, c’est bien Mylène qui risque d’en faire les frais et y perdre aussi son cœur dans cette affaire. Regarde plutôt ça : une caravane qui disparaît et des souvenirs qui refont surface…Et oui, c’est bel et bien le nouveau roman de Hervé Commère que je viens de dévorer en deux jours, top chrono. Un page-turner tellement efficace qui vient nous rappeler combien justement, l’amour et l’argent mènent le monde. À moins que…

On retrouve donc le quatuor de personnages du précédent thriller de l’auteur avec cette fois-ci, le passé quelque peu sulfureux de Mylène…C’est toujours agréable d’avoir d’autres perspectives et de connaître mieux des personnages auxquels on s’est attaché. En plus Mylène, elle m’avait beaucoup intriguée dans Sauf. J’ai adoré la suivre dans ces amours passés dans la douceur d’un univers musical, revivre la force passionnée de ces souvenirs et comprendre un peu sa façon de vivre très particulière. En proie avec ses sentiments, entre doute raisonnable et espoir inconcevable, Mylène ne sait plus où donner de la tête et son cœur s’affole de trop…Perdue dans un mirage, elle se laisse dériver…Heureusement, qu’elle peut compter sur ses amis pour la remettre sur la route de la raison…Mais cela ne se fera pas sans mal et encore moins sans peine…

Hervé Commère m’a encore bluffée, Sauf que c’est toujours aussi plaisant! Avec les memes ingrédients toujours aussi efficaces, il nous emmène là où il l’a décidé avec ce petit quelque chose de pétillant, qui fait qu’on tourne les pages sans voir le temps qui passe, qu’à chaque fin de chapitre on est piégé dans l’euphorie d’en savoir plus et qu’on ne peut soupçonner cette fin…Ce roman est peut être plus accès sur les sentiments, mais il reste un roman noir troublant. En mélangeant souvenirs douloureux et destins fauchés, il vient nous cueillir avec subtilité, faisant tressaillir la corde sensible et Regarde comme c’est doux d’être touché au cœur…Regarde comme en mélangeant les épanchements insensés et les horizons différents, on peut découvrir entre ces pages, un joli portrait de femme forte…Regarde bien, c’est un auteur à suivre qui j’en suis persuadée nous réserve encore plein de surprise à venir…Regarde…

Ma note Plaisir de Lecture 8/10

Changer le sens des rivières, Murielle Magellan.

Synopsis:

Marie est serveuse dans une brasserie du Havre. À peine diplômée d’un bac pro, esclave d’un père malade et de fins de mois difficiles, son quotidien ressemble à de la survie. Et si elle ne connaît rien au cinéma, ça ne l’empêche pas de se faire des films. Alors, quand le jeune Alexandre entre dans son collimateur de rêveuse, elle y voit la perspective d’un ailleurs. Mais l’histoire dérape. Et mise au pied du mur, Marie doit accepter le marché d’un juge : pour effacer sa dette vis-à-vis de la société, lui servir de chauffeur particulier pendant quelques mois . Elle est loin d’imaginer que c’est peut-être la chance de sa vie…

Ce que j’ai ressenti:

La nuit tombe tôt ce soir, et je m’étonne encore. Je m’étonne encore de petits riens, d’un livre qui t’attire juste pour son titre, juste parce qu’en ce moment, le mot « sens » devient plus urgent, plus présent que jamais…Changer le sens des rivières, que de poésie déjà et quelle audace aussi! Alors je m’étonne, et je commence cette lecture. Toute la force du mot sens prend sens, dans les directions contrariées de Marie, dans les valeurs fondamentales de la vie et puis l’ébullition du corps quand l’amour se pointe droit devant. C’est tellement tendre que ça me colle au siège de la petite Fiesta, et que je me dis en avant pour l’aventure! Impossible de lâcher ce livre, Marie a quelque chose qui nous ramène à elle obstinément, et la plume de Murielle Magellan a tout ce que j’aime, avec des notes de vigueur et ce brin de poésie, et je m’étonne juste, de ne pas l’avoir lue avant…

Tu en vois, toi, des poètes? Hein?

Parce que le juge Doutremont, lui, ne s’étonne plus de rien, alors je contrebalance en m’étonnant de son aspect bourru, d’homme qui en a trop vu. Marie le fait aussi, à sa manière, et avec tellement de douceur que dans cette relation d’entraide un peu farfelue, ils y trouvent tous les deux, assez de bénéfices pour continuer à sillonner les routes, à regarder ensemble la nuit qui tombe, à parler de musique et autres paraboles…

Ce Alexandre par contre, il ne m’a pas étonnée, avec ses grands airs là…Et puis, Marie qui s’accroche à lui jusqu’à qu’il lui mange le cœur…J’aurai voulu encore m’étonner des bizarreries de l’amour, de ces choix étranges et de ces relations qui ne mènent nulle part…Mais non, je savais bien que l’amour à ses raisons, sa dynamique incompréhensible et des mystères qu’on ne comprendra jamais…

On ne peut pas lui manger le cœur impunément.

Sans trop vouloir vous spoiler, je dirai que ce livre m’a étonnée et que j’ai adoré ça! C’était pétillant! J’aime cette façon de voir la vie en couleurs, de ne pas se laisser enfermer dans un cadre, d’aller toujours plus loin grâce à la volonté, de mettre la culture et la persévérance à l’honneur. Bravo Murielle Magellan vous m’avez captivée et peut être aussi, redonné un peu de sens dans ma douceur, que je ne m’étonne plus de transmettre avant que la nuit ne tombe trop tôt…

Rien ne l’oblige au désespoir.

Ma note Plaisir de Lecture 9/10

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement Emmanuelle et les Éditions Pocket pour leur confiance et l’envoi de ce livre.

Les disparus de Pukatapu, Patrice Guirao.

Synopsis:

Pukatapu, c’est un paradis de sable blanc, de corail et de cocotiers perdu dans le Pacifique, à des milliers de kilomètres de Tahiti. Le long de ses eaux turquoise, une poignée de maisons colorées abritent quinze hommes, neuf femmes et, étrangement, pas un seul enfant. Lilith, photographe, et Maema, journaliste à La Dépêche de Papeete, y effectuent un reportage sur les conséquences du réchauffement climatique. Elles croient avoir trouvé l’éden, jusqu’au jour où, sur la plage, Lilith découvre une petite main coupée. Mais sur l’îlot, nulle trace d’un cadavre et personne ne manque à l’appel…

Ce que j’ai ressenti:

Ce matin, un ange est venu me parler de la Polynésie. Il m’a dit que je ferai un voyage immersif et passionnant dans ces îles…Je serai sans doute à l’étroit, pas tout à fait confinée, mais que je serai aussi, bien tranquille au soleil…Que j’allais rencontrer de nouvelles personnes, des artistes incroyables, de nouvelles façons de vivre. Alors, j’ai pris la navette vers Pukatapu et je suis allée marcher dans le sable blanc. Époustouflant de beauté. J’aurai voulu lui dire que ça ressemblait étrangement au paradis…

Puis, il y a eu la découverte.

Je lui ai fait part de mon angoisse quand j’ai vu ce morceau de main putréfiée, mais il m’a dit de ne pas m’en soucier, que le duo Lilith/Maema, allait s’en occuper, en temps voulu…Je n’étais pas vraiment rassurée mais bon, je n’allais pas contredire un ange…Et puis, je connaissais déjà ses deux femmes fortes et déterminées, et je leur faisais confiance pour lever le voile sur les mystères de cette petite île perdue…

Puis un autre morceau de corps est venu s’échouer sur le sable blanc, alors je lui ai parlé de diablerie. Il m’a dit, avec un calme et une sérénité poétique, que ce n’est pas tant la peine de s’en faire, les croyances étaient personnelles et puis de toute façon, je parlais bien aux anges, alors…Je n’ai pas su que répondre à cela, mais enfin, les peurs ont été quelque peu apaisées..

Il m’a raconté, par contre, des choses affreuses qui se déroulent dans l’océan Pacifique, au large, bien à l’abri des regards…Je n’osais croire à de telles horreurs, mais pourtant je sentais dans sa voix qu’il y avait des accents de vérités. Il n’a même pas tenté de me rassurer, il m’a dit tu sais les hommes, de tout temps, ils ont été irrespectueux envers la nature, l’écosystème, les animaux, les traditions culturelles, alors un peu plus ou un peu moins… Alors j’ai un peu chialé en pensant à ces disparitions en tout genre, que l’on cumulent au fil des années. Force est de constater que même au paradis, des larmes tombent, l’espoir en des jours meilleurs, aussi…Il m’a laissé là pourtant, pour que j’intègre bien cette prise de conscience…

Et puis, l’enquête a avancé et les tempêtes se sont déchaînées…Le deuxième soleil s’est levé sur les flots…En bref, ce fut sacrément mouvementé, mais il a fallu tenir le coup face la folie, à l’immonde, aux châtiments divins, à la solitude, aux dangers qui frappent de plein fouet, sans prévenir…

Il est revenu l’ange, et il m’a demandé comment étaient les disparus de Pukatapu…Je lui ai dit, vous savez, Patrice Guirao, votre roman noir azur, il m’a fait chavirer le cœur…Je l’ai tant aimé, tant aimé…

Ma note Plaisir de Lecture 9/10

Remerciements:

Je tiens à remercier chaleureusement Babelio ainsi que les éditions La Bête Noire/Robert Laffont de leur confiance et l’envoi de ce livre.

Agathe, Anne Cathrine Bomann.

Synopsis:

Véritable phénomène littéraire international, Agathe nous invite à ouvrir les yeux, tout simplement.
Soixante-douze ans passés, un demi-siècle de pratique et huit cents entretiens restants avant la fermeture de son cabinet : voilà ce qu’il subsiste du parcours d’un psychanalyste en fin de carrière. Or, l’arrivée imprévue d’une ultime patiente, Agathe Zimmermann, une Allemande à l’odeur de pomme, renverse tout. Fragile et transparente comme du verre, elle a perdu l’envie de vivre. Agathe, c’est l’histoire d’un petit miracle, la rencontre de deux êtres vides qui se remplissent à nouveau.

Ce que j’ai ressenti:

Et si vous vous installiez sur vos canapés et qu’on discutait un peu de lecture, un peu de la vie aussi, et personnages de romans? J’ai ouvert Agathe, un peu par hasard, parce qu’en ce moment, c’est difficile de trouver de l’engouement, même pour la lecture…Là, on dirait que c’est Agathe qui m’a choisie pour passer une petite consultation-introspection qui donne un peu de profondeur, à ce temps ralenti…

Première approche, un psychanalyste ronchon…Sans trop spoiler, on va dire que lui et moi, c’est pas possible…J’évite ce genre de personnes, qui comptent…Les personnes qui comptent le temps qu’ils donnent, le temps qu’ils reçoivent, le temps qu’il reste…Mais j’imagine que cette antipathie pour ce docteur est bel et bien voulue pour que Agathe puisse prendre sa place dans ce petit univers d’heures vides…

En revanche, Agathe et moi, c’est le coup de foudre. Tout à la différence du docteur, c’est une personne qui donne, ses émotions, ses failles et son désarroi. Sa fragilité est tellement apparente qu’on a presque peur qu’elle se désagrège sous nos doigts pendant que l’on tourne les pages…Plonger dans les yeux d’Agathe, c’est rencontrer l’abîme, mais c’est aussi voir une délicatesse touchante.

En ce temps de confinement, on a plus de temps pour réfléchir au sens de nos vies. Grâce à cette lecture, à l’élégance de la plume de Anne Cathrine Bomann, on fructifie nos esprits. Avec la pertinence de ces questions existentielles, elle a réussi à me toucher et à me faire apprécier ce duo étrange de patient/docteur…C’est un texte qui aborde beaucoup d’émotions, et notamment les vertiges de la solitude, l’ultime sursaut d’éveil avant l’implacable renoncement…

C’était peut-être juste ce qu’il me fallait, ce temps enrichi par la sobriété et l’intelligence de l’essentiel…Merci Anne Cathrine Bomann pour ce temps gagné à vous lire.

Ma note Plaisir de Lecture 8/10

De Pierre et d’Os, Bérengère Cournut.

Couverture De pierre et d'os

Synopsis:

Dans ce monde des confins, une nuit, une fracture de la banquise sépare une jeune femme inuit de sa famille. Uqsuralik se voit livrée à elle-même, plongée dans la pénombre et le froid polaire. Elle n’a d’autre solution pour survivre que d’avancer, trouver un refuge. Commence ainsi pour elle, dans des conditions extrêmes, le chemin d’une quête qui, au-delà des vastitudes de l’espace arctique, va lui révéler son monde intérieur.
Deux ans après son roman Née contente à Oraibi, qui nous faisait découvrir la culture des indiens hopis, Bérengère Cournut poursuit sa recherche d’une vision alternative du monde avec un roman qui nous amène cette fois-ci dans le monde inuit. Empreint à la fois de douceur, d’écologie et de spiritualité, De pierre et d’os nous plonge dans le destin solaire d’une jeune femme eskimo.
Édition augmentée d’un cahier de photographies.

Ce que j’ai ressenti:

🤍De blanc et de froid…

Le peuple Inuit est un peuple nomade fascinant. Bérengère Cournut nous emmène à leur rencontre par le biais d’une fiction sublime. Nous nous retrouvons sur la banquise, transis de froid, à vivre à l’heure des jours et des nuits sans fin, avec parfois au ventre, des douleurs terribles. La neige à perte de vue, mais dans leurs yeux, des tas de couleurs perdues ou retrouvées dans des failles. Des tas d’émotions laissés dans la blancheur du paysage. En suivant les pas d’une ourse/hermine, la courageuse Uqsuralik, nous apprenons les beautés et tous les dangers de ces terres gelées…À chercher désespérément la nourriture, l’amour, le pardon, des vérités, un petit espace où s’abriter…Une aventure grandeur Nature, entendrez-vous aussi la mélancolie envoûtante du chant De pierre et d’os?

Même si en cette saison la mort n’est jamais très loin, il est bon d’être ensemble et de rire au creux de la nuit. Nous savons qu’il a été des temps plus difficiles que ceux que nous vivons.

❤️De sang et de légendes…

C’est une lecture magnifique, lente et empreinte de magie. C’est aussi une lecture emplie de violence impitoyable. Chaque pas est un pas qui peut faire chuter, un pas qui pourrait emporter soit vers le ciel, soit sous la mer. Et les esprits auraient tôt fait de prendre aussi tous ces égarés…C’est une survie quotidienne dans ce décor, même si la cohésion de groupe est primordiale. Mais dans ce climat de danger permanent, il y a aussi la poésie qui traîne dans les recoins de la banquise, autour des feux de camps, dans la tête et le corps des Inuits, dans la faune et la flore qui se devine, dans les histoires qu’ils se transmettent de génération en génération, dans les traditions de leurs gestes…Un lien puissant pour garder l’union. J’ai été touchée par cette poésie qui émane de cet endroit, Bérengère Cournut arrive à nous transporter jusque là entre songes et réalités bouleversantes, par un travail de recherche que l’on sent minutieux et un vrai contact avec ce peuple.

Nous devons maintenant inventer la nuit qui vient.

💗De force et de féminité…

Uqsuralik, c’est une jeune femme qui va au-delà des limites de son corps et de son esprit. Au-delà des conventions et des lieux communs. C’est une femme qui apprend à se connaître, à survivre seule face à ce climat extrême, à se confronter aux autres. Elle est ourse et hermine, donne la vie à un être ailé, fréquente les esprits, danse avec les siens et apprends chaque jour à respirer au rythme de la nature. C’est ce parcours initiatique enrichissant,violent et énigmatique qui nous tient en haleine pendant ces deux cents pages. Et c’est magnifique, plein de sagesse et d’émerveillements! Je recommande chaudement si vous avez envie d’évasion, cette escapade est captivante!

Tu es déjà quelqu’un d’étrange, à mi-chemin entre l’homme et la femme, l’orpheline et le chasseur, l’ours et l’hermine. …Qui sait ce que tu peux encore devenir?

Ma note Plaisir de Lecture 9/10.

La Voix des Vagues, Jackie Copleton.

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Synopsis:

Lorsque par un froid matin d’hiver, un homme défiguré frappe à la porte d’Amaterasu Takahashi et lui annonce qu’il est son petit-fils, elle ne peut le croire…Tout le passé de la vieille dame pénètre à sa suite. Celui d’avant l’Amérique. Celui d’avant ce 9 août 1945, à Nagasaki où le feu du ciel lui prit sa fille, son petit-fils – cherchés sans répit dans le ruines, et jamais retrouvés.Quarante ans plus tard, l’inconnu au visage brûlé ravive les plaies qu’elle a tant voulu oublier. La culpabilité. Le mensonge. Les secrets. Qu’a-t-il à lui dire ? Qu’a-t-elle encore à lui offrir ?

Ce que j’ai ressenti:

À tous ceux qui liront cette lettre,

Tout d’abord, je dois vous dire que ce livre est une merveille. Un raz-de-marée aussi. Une découverte troublante et une beauté d’ailleurs. C’est l’histoire d’une famille brisée par un drame pulvérisant. Le monde a changé radicalement après « ça ». Jackie Copleton nous donne une vague de douceur en nous contant cette tragédie avec la puissance poétique de cette fiction.

Pikadon, c’est le terme qu’ils emploient pour parler de cette journée. Le jour où le cœur du Japon a explosé. Peu de mots permettent de décrire l’horreur de Nagasaki. Comment mettre des termes pour décrire une telle destruction? Tout ce qui n’a pas été anéanti, réduit en cendres, a fini en miettes. Les édifices, la nature, les peaux. La vie de milliers de gens en bing-bang.

Alors je vous dirai avec humilité, que le chagrin de ces survivants a quelque chose d’admirable. Il est fait de vœux, de donations, d’entraide et de résilience. Une inspiration en somme. Leurs arts comme leurs bontés sont des modèles à suivre…J’ai tellement aimé les définitions en japonais qui ouvrent les débuts de chapitres. C’est une invitation à mieux apprendre cette culture, et je lui trouve une musicalité exquise pour faire résonner la voix de ses vagues de mélancolie et d’amour.

Finalement, en écrivant cette lettre, je me rend compte que j’ai passé un doux moment, même si accompagné de beaucoup de tristesse, avec Amaterasu et sa famille. J’ai lu leurs mots, leurs confidences, leurs secrets inavoués, leurs doutes et leurs rêves…J’ai partagé un parapluie avec eux, le temps de 400 pages. Un rapprochement réconfortant au plus près de leurs intimités. Et même, si ce peuple est doté d’une grande pudeur, j’ai apprécié la force de leurs sentiments. L’amour est au centre de leurs vies. Même maladroit, même dissimulé, même monstrueux, il se lit comme une évidence au fond de leurs cœurs.

Je ne saurai que trop vous conseiller de découvrir à votre tour, cette perle littéraire…Féériquement vôtre, en toute sincérité,

Stelphique.

Remerciements:

Je tiens à remercier chaleureusement Emmanuelle ainsi que les éditions Pocket de leur confiance et l’envoi de ce livre.

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En Féérie, il brille quelques poussières…

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