Regarde, Hervé Commère.

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Synopsis:

Jadis, Mylène a aimé un homme. Ensemble, ils ont fait les 400 coups. Jusqu’au braquage raté d’une bijouterie en Espagne, au cours duquel les deux amoureux se sont fait prendre. Mylène n’a jamais revu Paco : il a été poignardé dans sa cellule un soir.
Aujourd’hui, Mylène est libre. Elle travaille dans un dépôt-vente en banlieue parisienne, et vit dans une chambre de bonne. Parfois, le temps d’un week-end, elle loue un appartement quelque part, et s’imagine une autre vie. Celle qu’elle aurait pu avoir si elle n’avait pas commis les mêmes erreurs. Elle rêve.
Ce week-end pourtant, Mylène ne rêve pas : dans la roulotte qu’elle a louée, tout la ramène à Paco. Les meubles, les objets, il y a même une photo de lui au mur. Cela semble inconcevable, mais on dirait qu’elle est chez lui.

Ce que j’ai ressenti:

« Il n’y a que deux raisons, l’amour ou l’argent! »

Sauf, que si l’un des deux te tient, tu perds toute raison…Ah l’Amour, l’amour, l’amour…Ah l’argent, l’argent…Ça peut rendre fou mais cette fois-ci, c’est bien Mylène qui risque d’en faire les frais et y perdre aussi son cœur dans cette affaire. Regarde plutôt ça : une caravane qui disparaît et des souvenirs qui refont surface…Et oui, c’est bel et bien le nouveau roman de Hervé Commère que je viens de dévorer en deux jours, top chrono. Un page-turner tellement efficace qui vient nous rappeler combien justement, l’amour et l’argent mènent le monde. À moins que…

On retrouve donc le quatuor de personnages du précédent thriller de l’auteur avec cette fois-ci, le passé quelque peu sulfureux de Mylène…C’est toujours agréable d’avoir d’autres perspectives et de connaître mieux des personnages auxquels on s’est attaché. En plus Mylène, elle m’avait beaucoup intriguée dans Sauf. J’ai adoré la suivre dans ces amours passés dans la douceur d’un univers musical, revivre la force passionnée de ces souvenirs et comprendre un peu sa façon de vivre très particulière. En proie avec ses sentiments, entre doute raisonnable et espoir inconcevable, Mylène ne sait plus où donner de la tête et son cœur s’affole de trop…Perdue dans un mirage, elle se laisse dériver…Heureusement, qu’elle peut compter sur ses amis pour la remettre sur la route de la raison…Mais cela ne se fera pas sans mal et encore moins sans peine…

Hervé Commère m’a encore bluffée, Sauf que c’est toujours aussi plaisant! Avec les memes ingrédients toujours aussi efficaces, il nous emmène là où il l’a décidé avec ce petit quelque chose de pétillant, qui fait qu’on tourne les pages sans voir le temps qui passe, qu’à chaque fin de chapitre on est piégé dans l’euphorie d’en savoir plus et qu’on ne peut soupçonner cette fin…Ce roman est peut être plus accès sur les sentiments, mais il reste un roman noir troublant. En mélangeant souvenirs douloureux et destins fauchés, il vient nous cueillir avec subtilité, faisant tressaillir la corde sensible et Regarde comme c’est doux d’être touché au cœur…Regarde comme en mélangeant les épanchements insensés et les horizons différents, on peut découvrir entre ces pages, un joli portrait de femme forte…Regarde bien, c’est un auteur à suivre qui j’en suis persuadée nous réserve encore plein de surprise à venir…Regarde…

Ma note Plaisir de Lecture 8/10

La Religion, Tim Willocks.

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Synopsis:

 « La Religion « , c’est le nom que se donne l’ordre des Hospitaliers, mais c’est aussi la bannière sous laquelle se rallie parfois la folie des hommes. En 1565, claustrés sur leur petit archipel au sud de la Sicile, les chevaliers de Malte s’apprêtent à recevoir les furieux assauts de l’armée ottomane. À un contre cinq, les chrétiens tiennent le siège au prix de combats effroyables. Un déchaînement de violence dans lequel se trouve entraîné Mattias Tannhauser, un ancien janissaire qui a connu les deux camps. Pour les beaux yeux de la comtesse Carla La Penautier, le trafiquant d’armes et d’opium embarque pour l’enfer…

Ce que j’ai ressenti:

« Plonge dedans, disait l’obscurité. »

Alors j’ai plongé. J’ai plongé dans les enfers, rencontré quelques démons, et j’ai ressenti à l’intérieur les vents dispersants. Et quelle fabuleuse invitation! A se frotter ainsi, aux guerres de religions qui font rage au cours de l’Histoire, en plongeant justement dans ce thriller noir qui retrace un de ses plus sanglantes batailles, on en revient jusqu’à en avoir l’odeur nauséabonde dans les narines….Tim Willocks, décide de nous faire revivre l’enfer du siège de l’île de Malte en 1565, opposant l’élite des troupes ottomanes aux puissants chevaliers de l’ordre, dans ces moindres détails et il ne nous épargne rien de l’horreur du carnage. D’un côté comme de l’autre, les combattants sont déterminés, acharnés, convaincus jusqu’à la pointe de leurs épées du bien fondé de leurs actions…D’un côté, comme de l’autre, les souffrances seront atroces et les pertes considérables. D’un côté comme de l’autre, ils se battent au nom de dieu. Et, à la frontière de l’un comme de l’autre, un devshirmé, Mattias Tannhauser.

« Sache que tu es en enfer. Et que nous sommes ses démons. »

Et comme l’Histoire se vit aussi, dans les petites histoires, en suivant le parcours semé d’embûches de ce mystérieux héros Tannhauser, on aura notre comptant de passions, d’amours, d’intrigues, de trahisons, d’amitiés, de dangers, d’honneurs, de rébellions, de rédemptions…Tout ce qui fait l’énergie palpitante des bonnes histoires. Tout ce qui nous anime au creux de nos tripes. Impossible de lâcher ses pages, tellement le sort de ces personnages nous importent dans leurs cheminements personnels. Tous autant qu’ils sont, ils nous donnent à ressentir, une émotion différente de par leur sensibilité, en ce temps affreux de guerre impitoyable. Et puis, comme pour sublimer le tout, la beauté s’en vient en musique et en poésie…Et là, c’est comme un souffle de fraîcheur, entre deux respirations dysharmonieuses. Un instant précieux…

« Dans l’éternité, lui dit-il, il n’y a pas de chagrin. »

C’est fascinant, cette faculté de faire transparaître ainsi autant de sensations, autant de sentiments. Tout est démultiplié. On s’en prend plein les yeux, le nez, la bouche, le cœur, l’esprit…C’est tellement intense! Chaque scène est plus grandiose que la précédente, chaque phrase plus percutante que celle d’avant et mérite qu’on s’y arrête pour les relire. Et l’apprécier encore et encore. Méditer dessus, presque. Ce roman est grandiose. Démesurément, grandiose. J’ai déjà eu des coups de cœur, mais celui là, il dépasse tellement en profondeur et en force, que c’est presque difficile de trouver les mots…La plume est tantôt enflammée, poétique, sensuelle, percutante, charmeuse et bouleversante. Ce contexte historique est tellement imprégné de violences, d’urgences, et d’espérances…Tant de passions et de densité dans ce pavé noir, c’est absolument prodigieux. Une lecture sacrément magistrale.

« Dans des temps comme aujourd’hui voués à de si grands maux, lorsqu’on peut entendre et sentir partout les ailes de l’ange de la mort, de petits actes de gentillesses sont comme des joyaux du ciel, et tout autant pour celui qui les réalise que pour celui qui les reçoit (…). »

Ma note Plaisir de Lecture 10/10.

Le chant de la Tamassee, Ron Rash.

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Synopsis:

Rivière protégée par une loi fédérale, la Tamassee est un lieu quasi sacré. Quand une jeune adolescente s’y noie et que son père veut faire installer un barrage pour dégager son corps, bloqué sous un rocher, les environnementalistes s’insurgent et les journalistes se déchaînent. Photographe originaire du coin, Maggie s’interroge : comment choisir entre le deuil d’un enfant et la protection de la nature ?

Ce que j’ai ressenti:

« Je refuse de croire que le monde est tellement triste, voilà tout. »

Je le refuse également, pourtant dans le roman noir de Ron Rash, on pourrait presque croire que le monde n’est que tristesse et désolation. Entre la mort accidentelle de Ruth, ce combat presque vain pour la protection de la nature, ces journalistes internationaux qui reviennent des champs de batailles avec le cœur cassé, et tous ces êtres perdus dans leurs ressentiments, ça donnerai presque envie de baisser les bras…Mais on ne le fait pas, heureusement…Avec d’aussi belles histoires et ceux qui se battent pour des causes justes, on garde un peu d’espoir, on essaye de moins voir cette tristesse. Et Ron Rash a de quoi nous éblouir les yeux avec Le chant de la Tamassee, parce qu’il trouve le mot juste pour nous parler d’écologie et le mot poésie pour sublimer la nature du lieu, mais on sent aussi dans sa plume toute la bienveillance de son humanité.

Lire son livre m’avait poussée à me demander – et ce n’était d’ailleurs pas la première fois dans ma vie – si voir trop de souffrances pouvait vous dévaster le coeur.

La Tamassee est une magnifique rivière, tout aussi belle que ce qu’elle est dangereuse. Elle prend des vies mais elle apporte aussi la vie. Peut-on donc reprocher à une rivière, les accidents qu’elle déclenchent? C’est tout le point fort de ce roman. Parce qu’il y a la nature d’un côté et ceux qui se battent pour elle, et puis il y a les gens endeuillés de l’autre, comme si la dynamique de ses deux partis pouvait être en réel conflit…Malgré la magnificence du lieu, les hommes sont encore là à prendre des décisions parfois insensées et souvent à l’encontre de leurs propres survies. Ron Rash nous fait voyager en Caroline du Sud, et met en scène un courant d’eau qui déclenche toutes les fureurs! Quel regard avisé, il porte sur ces contemporains et en même temps il donne à cette rivière protégée un pouvoir presque mystique. C’est remarquable cette manière de laisser au lecteur le soin de se faire sa propre opinion, de le laisser se choisir un camp ou pas. Et puis, cette plume si intense, si bouleversante, si poétique…Un régal!

Autrefois j’étais assez présomptueux pour croire que je pourrais sauver le monde, mais ça y est, j’ai compris. Le mieux qu’on puisse faire, c’est trouver une bonne cause, une seule, si infime soit-elle, et y consacrer toute son énergie.

C’est un roman noir puissant. Il m’a touchée autant par sa beauté que par son humanité. Le Chant de la Tamassee m’a traversée de part en part, malgré cette mélodie mélancolique et les fantômes qui l’accompagnent, il continue de diffuser ces notes sacrées en moi…

Le chagrin pouvait être purifié en se transformant en chanson …Tout comme un morceau de charbon est purifié en se transformant en diamant.

Ma note Plaisir de Lecture 9/10

Changer le sens des rivières, Murielle Magellan.

Synopsis:

Marie est serveuse dans une brasserie du Havre. À peine diplômée d’un bac pro, esclave d’un père malade et de fins de mois difficiles, son quotidien ressemble à de la survie. Et si elle ne connaît rien au cinéma, ça ne l’empêche pas de se faire des films. Alors, quand le jeune Alexandre entre dans son collimateur de rêveuse, elle y voit la perspective d’un ailleurs. Mais l’histoire dérape. Et mise au pied du mur, Marie doit accepter le marché d’un juge : pour effacer sa dette vis-à-vis de la société, lui servir de chauffeur particulier pendant quelques mois . Elle est loin d’imaginer que c’est peut-être la chance de sa vie…

Ce que j’ai ressenti:

La nuit tombe tôt ce soir, et je m’étonne encore. Je m’étonne encore de petits riens, d’un livre qui t’attire juste pour son titre, juste parce qu’en ce moment, le mot « sens » devient plus urgent, plus présent que jamais…Changer le sens des rivières, que de poésie déjà et quelle audace aussi! Alors je m’étonne, et je commence cette lecture. Toute la force du mot sens prend sens, dans les directions contrariées de Marie, dans les valeurs fondamentales de la vie et puis l’ébullition du corps quand l’amour se pointe droit devant. C’est tellement tendre que ça me colle au siège de la petite Fiesta, et que je me dis en avant pour l’aventure! Impossible de lâcher ce livre, Marie a quelque chose qui nous ramène à elle obstinément, et la plume de Murielle Magellan a tout ce que j’aime, avec des notes de vigueur et ce brin de poésie, et je m’étonne juste, de ne pas l’avoir lue avant…

Tu en vois, toi, des poètes? Hein?

Parce que le juge Doutremont, lui, ne s’étonne plus de rien, alors je contrebalance en m’étonnant de son aspect bourru, d’homme qui en a trop vu. Marie le fait aussi, à sa manière, et avec tellement de douceur que dans cette relation d’entraide un peu farfelue, ils y trouvent tous les deux, assez de bénéfices pour continuer à sillonner les routes, à regarder ensemble la nuit qui tombe, à parler de musique et autres paraboles…

Ce Alexandre par contre, il ne m’a pas étonnée, avec ses grands airs là…Et puis, Marie qui s’accroche à lui jusqu’à qu’il lui mange le cœur…J’aurai voulu encore m’étonner des bizarreries de l’amour, de ces choix étranges et de ces relations qui ne mènent nulle part…Mais non, je savais bien que l’amour à ses raisons, sa dynamique incompréhensible et des mystères qu’on ne comprendra jamais…

On ne peut pas lui manger le cœur impunément.

Sans trop vouloir vous spoiler, je dirai que ce livre m’a étonnée et que j’ai adoré ça! C’était pétillant! J’aime cette façon de voir la vie en couleurs, de ne pas se laisser enfermer dans un cadre, d’aller toujours plus loin grâce à la volonté, de mettre la culture et la persévérance à l’honneur. Bravo Murielle Magellan vous m’avez captivée et peut être aussi, redonné un peu de sens dans ma douceur, que je ne m’étonne plus de transmettre avant que la nuit ne tombe trop tôt…

Rien ne l’oblige au désespoir.

Ma note Plaisir de Lecture 9/10

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement Emmanuelle et les Éditions Pocket pour leur confiance et l’envoi de ce livre.

Ça fait longtemps qu’on s’est jamais connu, Pierre Terzian.

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Synopsis:

Fraîchement débarqué au Québec, un écrivain français se retrouve catapulté dans le monde remuant des garderies montréalaises.
Croisant la route de Lulu l’hyperactif, de Mathieu le Zen Master ou de Tiah la princesse inuit, il apprend à connaître « la Belle Province » à travers ses enfants, ses éducatrices, ses routines et ses grèves.
Galerie de portraits, compilation poétique et mordante de deux cents journées de travail, Ça fait longtemps qu’on s’est jamais connu est la découverte d’un Québec carrefour pacifique de toutes les cultures, où les langues se mêlent dans un joyeux désordre identitaire. Un Québec frappé de plein fouet par l’austérité, qui « ferme sa yeule et s’organise ». C’est aussi le témoignage d’un infiltré parmi des êtres fragiles, bouillonnants. Une déclaration d’amour aux petites gens, résistants magnifiques, excentriques et exaltants.

Ce que j’ai ressenti:

▪️Des perles d’enfants…

On le sait garder des enfants, ce n’est pas de tout repos…Pierre Terzian va l’apprendre, jour après jour, en faisant des remplacements dans des structures de garde d’enfants, tout en essayant de vivre de sa plume. Et quel meilleur sujet que les enfants dans toute la splendeur de leur innocence? En collectant ainsi toutes les perles de ces enfants Québécois, avec leurs expressions bien particulières, leurs syntaxes déstructurées et leurs vocabulaires punchline, ça donne un moment de lecture hilarant et rafraîchissant. Les enfants sont fascinants, ils nous rappellent que le temps se vit à l’instant présent: on ne parle pas de demain, puisque c’est l’heure de la collation, on ne parle pas de futur, parce qu’il faut enfiler maintenant, un costume de super-héros, et hier, est déjà vieux, puisque on ne s’en rappelle même plus…C’est eux, les enfants, qui nous rappellent ses évidences et de profiter de chaque instant. Et l’auteur nous les rappelle aussi, avec ces portraits d’êtres fragiles autant que surprenants.

-Zoé, est-ce qu’on a le droit de crier à la garderie?
-C’est pas moi qui a crié. C’est ma tête.

(Zoé, consigne)

▪️Des adultes dépassés…

Ces journées de travail montrent qu’il y a des failles dans le système. Les adultes sont dépassés par la charge de travail, manquent de moyens et d’écoute, sont souvent négligés en termes de salaires et de considération. Et pourtant, leur investissement est immense. Guider, protéger, faire apprendre, encadrer, soigner un enfant est éreintant, pour tous ceux qui l’ont fait savent bien de quoi il en retourne…Mais les gouvernements, que ce soit au Québec ou ailleurs, rognent les aides, et de ce fait, entament largement l’engouement de ces personnes qui auraient pour vocation ces métiers de l’enfance…Et c’est bien triste. Car les enfants sont notre avenir…Derrière l’humour et la dérision, l’auteur pointe avec finesse et intelligence, tous les tracas de ce secteur d’activité.

Personne n’ose le dire, mais les enfants, en vrai, c’est une bande skins dans une ruelle. Tu te fais marave.

▪️Une lecture pleine de charme…

En fait, cette lecture c’était le fun! On s’attache à cet homme parce qu’il y a quelque chose de touchant dans sa façon d’être attendri par cette jeunesse, on comprend son isolement et on sourie à ses maladresses…Mais surtout, ce livre c’est des éclats de rire assurés, parce que c’est de la bonne humeur à l’état pur. C’est des enfants, avec leurs logiques étranges, leurs jeux farfelus, leurs sensibilités démesurées, leurs phrases déconcertantes…200 pages de rires et de bonheur!

Je recommande vivement!

Aujourd’hui, je suis heureux.

Ma note Plaisir de Lecture 8/10

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement Quidam Éditeur pour leur confiance et l’envoi de ce livre.

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Les disparus de Pukatapu, Patrice Guirao.

Synopsis:

Pukatapu, c’est un paradis de sable blanc, de corail et de cocotiers perdu dans le Pacifique, à des milliers de kilomètres de Tahiti. Le long de ses eaux turquoise, une poignée de maisons colorées abritent quinze hommes, neuf femmes et, étrangement, pas un seul enfant. Lilith, photographe, et Maema, journaliste à La Dépêche de Papeete, y effectuent un reportage sur les conséquences du réchauffement climatique. Elles croient avoir trouvé l’éden, jusqu’au jour où, sur la plage, Lilith découvre une petite main coupée. Mais sur l’îlot, nulle trace d’un cadavre et personne ne manque à l’appel…

Ce que j’ai ressenti:

Ce matin, un ange est venu me parler de la Polynésie. Il m’a dit que je ferai un voyage immersif et passionnant dans ces îles…Je serai sans doute à l’étroit, pas tout à fait confinée, mais que je serai aussi, bien tranquille au soleil…Que j’allais rencontrer de nouvelles personnes, des artistes incroyables, de nouvelles façons de vivre. Alors, j’ai pris la navette vers Pukatapu et je suis allée marcher dans le sable blanc. Époustouflant de beauté. J’aurai voulu lui dire que ça ressemblait étrangement au paradis…

Puis, il y a eu la découverte.

Je lui ai fait part de mon angoisse quand j’ai vu ce morceau de main putréfiée, mais il m’a dit de ne pas m’en soucier, que le duo Lilith/Maema, allait s’en occuper, en temps voulu…Je n’étais pas vraiment rassurée mais bon, je n’allais pas contredire un ange…Et puis, je connaissais déjà ses deux femmes fortes et déterminées, et je leur faisais confiance pour lever le voile sur les mystères de cette petite île perdue…

Puis un autre morceau de corps est venu s’échouer sur le sable blanc, alors je lui ai parlé de diablerie. Il m’a dit, avec un calme et une sérénité poétique, que ce n’est pas tant la peine de s’en faire, les croyances étaient personnelles et puis de toute façon, je parlais bien aux anges, alors…Je n’ai pas su que répondre à cela, mais enfin, les peurs ont été quelque peu apaisées..

Il m’a raconté, par contre, des choses affreuses qui se déroulent dans l’océan Pacifique, au large, bien à l’abri des regards…Je n’osais croire à de telles horreurs, mais pourtant je sentais dans sa voix qu’il y avait des accents de vérités. Il n’a même pas tenté de me rassurer, il m’a dit tu sais les hommes, de tout temps, ils ont été irrespectueux envers la nature, l’écosystème, les animaux, les traditions culturelles, alors un peu plus ou un peu moins… Alors j’ai un peu chialé en pensant à ces disparitions en tout genre, que l’on cumulent au fil des années. Force est de constater que même au paradis, des larmes tombent, l’espoir en des jours meilleurs, aussi…Il m’a laissé là pourtant, pour que j’intègre bien cette prise de conscience…

Et puis, l’enquête a avancé et les tempêtes se sont déchaînées…Le deuxième soleil s’est levé sur les flots…En bref, ce fut sacrément mouvementé, mais il a fallu tenir le coup face la folie, à l’immonde, aux châtiments divins, à la solitude, aux dangers qui frappent de plein fouet, sans prévenir…

Il est revenu l’ange, et il m’a demandé comment étaient les disparus de Pukatapu…Je lui ai dit, vous savez, Patrice Guirao, votre roman noir azur, il m’a fait chavirer le cœur…Je l’ai tant aimé, tant aimé…

Ma note Plaisir de Lecture 9/10

Remerciements:

Je tiens à remercier chaleureusement Babelio ainsi que les éditions La Bête Noire/Robert Laffont de leur confiance et l’envoi de ce livre.

L’homme qui aimait trop les livres, Allison Hoover Bartlett.

Synopsis:

Un voleur de livres rares, un libraire obstiné, l’histoire d’une traque haletante entre deux amoureux du livre.

Jusqu’où iriez-vous pour mettre la main sur le livre de vos rêves ? Mieux encore, jusqu’où iriez-vous pour avoir une bibliothèque remplie de vos livres préférés ?
L’Américain John Gilkey a dérobé pour 200 000 dollars de livres anciens. Son but, réunir une collection à son image. C’était compter sans la ténacité de Ken Sanders, libraire irascible, qui s’improvise détective et mène l’enquête.
À travers le récit de cette traque, l’auteur nous plonge dans l’univers fascinant du livre ancien en se posant toujours cette question : de quoi serions-nous capables par amour des livres ?

Ce que j’ai ressenti:

En tant que passionnée de livres, lire cette aventure palpitante au cœur des livres, c’est un peu comme un feu d’artifice, une joie dans la joie. Allison Hoover Bartlett, avec son enquête nous pousse à nous remettre en question et à réfléchir sur nos propres comportements de bibliophiles et de bibliomanes. Jusqu’où iriez-vous pour votre passion des livres? Parce que si l’on comprend aisément, l’idée qu’un homme puisse « aimer trop les livres », qu’en est-il si cet amour le pousse à les voler? Jusqu’à quel point peut-on aimer ces petits carrés de magie?

On en apprend beaucoup sur une personne en regardant sa bibliothèque.

John Gilkey est un voleur de livres. C’est un homme qui m’a laissée perplexe tout autant que cette écrivaine qui va consacrer des années à compiler des preuves, des entretiens et des heures à essayer de comprendre l’esprit perturbé de ce cleptomane endurci. Cette collection de livres anciens dans laquelle il se jette à corps perdu avec un idéal de grandeur, le dépasse tellement qu’il en oublie la frontière entre le bien et le mal. Mais l’amour des livres est puissant, nous savons bien cela, et d’autres amoureux de la littérature vont s’associer pour déjouer les plans de la frénésie de John Gilkey en essayant de rétablir l’equlibre et la justice, notamment grâce à un libraire tenace Ken Sanders.

« Tout livre rare est un livre volé. »

J’ai adoré cette lecture! C’était passionnant! Toute cette énergie déployée pour protéger la culture, les trésors de la littérature, la magie d’une belle histoire, la puissance ensorcelante d’un livre, tout est fascinant dans cet univers des livres anciens . Allison Hoover Bartlett nous emmène à l’intérieur de cet univers de collectionneurs chevronnés pour nous enivrer de cette odeur caractéristique du pouvoir de la lecture. Il y a vraiment des passionnés en ce monde et ça fait plaisir à lire! C’était un reportage et une enquête vraiment édifiante, j’ai appris tellement sur les livres et ceux qui les aiment TROP…Je recommande vivement cette lecture à tous ceux qui aiment les livres, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie…

Les livres ne sont pas des objets inertes mais portent en eux autant de vie que l’âme qui les a fait naître, en effet ils conservent, comme dans une fiole, la puissance et l’essence de l’intellect qui leur a donné le jour.

Ma note Plaisir de Lecture 9/10

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement les éditions Pocket de leur confiance et l’envoi de ce livre.

Les fureurs invisibles du cœur, John Boyne.

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Synopsis:

Cyril n’est pas « un vrai Avery » et il ne le sera jamais – du moins, c’est ce que lui répètent ses parents, Maude et Charles. Mais s’il n’est pas un vrai Avery, qui est-il ? Né d’une fille-mère bannie de la communauté rurale irlandaise où elle a grandi, devenu fils adoptif des Avery, un couple dublinois aisé et excentrique, Cyril se forge une identité au gré d’improbables rencontres et apprend à lutter contre les préjugés d’une société irlandaise où la différence et la liberté de choix sont loin d’être acquises.

Ce que j’ai ressenti:

850 pages. Un roman-fleuve qui nous dépeint l’évolution politique et sociale de l’Irlande de 1945 à 2015, à travers les yeux d’un homme, Cyril Avery. Il semble difficile de raconter toutes les émotions qui sont venues me chopper comme ça au fil des pages, parce que ça se joue dans les grandes lignes de l’Histoire et dans les petits détails des conversations des personnages. De l’amour et de la haine, de la peur et de la violence, le rejet et l’intolérance, l’homophobie et le sexisme, c’est tout ça, condensé dans ce pavé et encore, ça ne suffirait pas pour tout vous décrire mais c’est un roman riche qui vient déchaîner toutes Les Fureurs Invisibles du Cœur! Et nos cœurs souffrent avec chacun, ces hommes et ces femmes, et pire encore ces enfants confrontés aux esprits malveillants, étriqués, et discriminants. Un roman grandiose!

Ils craignent un changement dans l’ordre du monde.

J’ai adoré suivre la quête d’identité de Cyril, pas tout à fait « un vrai Avery ». C’est un personnage terriblement attachant qui nous retrace ses 70 printemps, par tranche de 7 ans, en nous donnant à lire des souvenirs entre amertume et tendresse. De l’amertume, il en a parce qu’il a mal de voir son Irlande coincée dans un puritanisme restrictif, mais de la tendresse aussi, parce qu’il constate que les mentalités évoluent aussi au fil des décennies même si Cyril a souffert de toute cette intolérance virulente, au cours de sa vie. Dans ces rencontres, on verra qu’il est amené à rencontrer des personnalités fabuleuses tout autant que horripilantes, et qu’elles le feront avancer vers la paix de son cœur.

« L’idée de passer toute mon existence à mentir me pesait terriblement et dans ces moments-là, j’envisageai sérieusement de disparaître à jamais. »

Le point fort de ce roman, c’est la grande amitié entre Cyril et Julian. Même contrariée et avec tous les non-dits qu’elle porte en elle, c’est une histoire qui nous prend aux tripes, parce qu’on espère tellement que ces deux-là vont finir par se comprendre. Mais rien n’est simple dans l’amitié et encore moins dans l’amour, et le temps n’arrange rien si le poids du secret s’en mêle. John Boyne nous donne un grand moment d’émotion, entre rires et larmes, avec ce duo de garçons qui toutes leurs vies seront liés envers et malgré tout…

-Je me souviens qu’un de mes amis m’a dit un jour que nous haïssons ce qui nous effraie en nous-même.

Tout simplement, j’ai adoré ce roman. Je le conseille ardemment pour toute la palette de sentiments qu’il nous donne à ressentir. C’est puissant autant que mélancolique, bouleversant autant qu’attendrissant. Chaque fois, que je me laissais prendre dans la fureur de ces pages, je ne voulais plus en sortir…C’est invisible le lien qui nous lie à un livre, mais c’est mon cœur qui vous conseille cette magnifique lecture!

Ma note Plaisir de Lecture 9/10

Agathe, Anne Cathrine Bomann.

Synopsis:

Véritable phénomène littéraire international, Agathe nous invite à ouvrir les yeux, tout simplement.
Soixante-douze ans passés, un demi-siècle de pratique et huit cents entretiens restants avant la fermeture de son cabinet : voilà ce qu’il subsiste du parcours d’un psychanalyste en fin de carrière. Or, l’arrivée imprévue d’une ultime patiente, Agathe Zimmermann, une Allemande à l’odeur de pomme, renverse tout. Fragile et transparente comme du verre, elle a perdu l’envie de vivre. Agathe, c’est l’histoire d’un petit miracle, la rencontre de deux êtres vides qui se remplissent à nouveau.

Ce que j’ai ressenti:

Et si vous vous installiez sur vos canapés et qu’on discutait un peu de lecture, un peu de la vie aussi, et personnages de romans? J’ai ouvert Agathe, un peu par hasard, parce qu’en ce moment, c’est difficile de trouver de l’engouement, même pour la lecture…Là, on dirait que c’est Agathe qui m’a choisie pour passer une petite consultation-introspection qui donne un peu de profondeur, à ce temps ralenti…

Première approche, un psychanalyste ronchon…Sans trop spoiler, on va dire que lui et moi, c’est pas possible…J’évite ce genre de personnes, qui comptent…Les personnes qui comptent le temps qu’ils donnent, le temps qu’ils reçoivent, le temps qu’il reste…Mais j’imagine que cette antipathie pour ce docteur est bel et bien voulue pour que Agathe puisse prendre sa place dans ce petit univers d’heures vides…

En revanche, Agathe et moi, c’est le coup de foudre. Tout à la différence du docteur, c’est une personne qui donne, ses émotions, ses failles et son désarroi. Sa fragilité est tellement apparente qu’on a presque peur qu’elle se désagrège sous nos doigts pendant que l’on tourne les pages…Plonger dans les yeux d’Agathe, c’est rencontrer l’abîme, mais c’est aussi voir une délicatesse touchante.

En ce temps de confinement, on a plus de temps pour réfléchir au sens de nos vies. Grâce à cette lecture, à l’élégance de la plume de Anne Cathrine Bomann, on fructifie nos esprits. Avec la pertinence de ces questions existentielles, elle a réussi à me toucher et à me faire apprécier ce duo étrange de patient/docteur…C’est un texte qui aborde beaucoup d’émotions, et notamment les vertiges de la solitude, l’ultime sursaut d’éveil avant l’implacable renoncement…

C’était peut-être juste ce qu’il me fallait, ce temps enrichi par la sobriété et l’intelligence de l’essentiel…Merci Anne Cathrine Bomann pour ce temps gagné à vous lire.

Ma note Plaisir de Lecture 8/10

L’Institut, Stephen King.

Synopsis:

Bienvenue à l’Institut.
Quand les enfants y entrent, ils n’en sortent plus. Au cœur de la nuit, à Minneapolis, des intrus pénètrent dans la maison de Luke Ellis, jeune surdoué de 12 ans, tuent ses parents et le kidnappent. Luke se réveille à l’Institut, dans une chambre semblable à la sienne, sauf qu’elle n’a pas de fenêtre. Dans le couloir, d’autres portes cachent d’autres enfants, dotés comme lui de pouvoirs psychiques. Que font-ils là ? Qu’attend-on d’eux ? Et pourquoi aucun de ces enfants ne cherche-t-il à s’enfuir ? Aussi angoissant que Charlie, d’une puissance d’évocation égale à Ça, L’Institut nous entraîne dans un monde totalitaire… qui ressemble étrangement au nôtre. Le nouveau chef-d’œuvre de Stephen King.

Ce que j’ai ressenti:

Bonjour. Vous m’entendez?

Je veille sur une bande de gamins, dans mes nuits. Pas n’importe lesquels de gamins, non. Une bande de gamins aux pouvoirs psychiques. Vous savez bien de quoi je parle si vous avez déjà lu du King. Il en a fait une spécialité depuis des années maintenant, et là, il nous revient en force, et peut être plus ancré encore dans la réalité que dans le fantastique, avec un Institut vraiment pas commun, et qui risque de bousculer sérieusement l’ordre du monde…Stephen King nous raconte, entre rétro et avant-garde, un enfer sans nom, où les enfants sont prisonniers dans un Avant-Arrière effroyable!

Holà? Me escuchas?

J’attends de recevoir leur appel.Je suis prête et déterminée à répondre à leur appel, parce que vous savez comme il est bon d’avoir des amis…Comme des personnages des fois, dépassent le cadre de la fiction, et comme on s’attache à eux. J’attends près du gros Téléfone. J’attends, j’attends, je me concentre pour le prochain synchronisme…Mais en attendant, j’essaye de vous transmettre mes tendres pensées et j’espère que vous serez près de vos téléphones pour entendre cet appel au ralliement: la puissance de la lecture. Parce que tout seul, on n’est rien, et encore une fois, ce livre là, et bien il nous le démontre avec cette histoire d’amitié et d’entraide! Avec ce qu’il faut d’horreur et de perspicacité, avec cette pointe de nostalgie et de mystère, avec ce talent inouï, forcément que l’appel du King a été pour moi une évidence…600 pages de pure évasion…

Ciao! Mi senti? MI SENTI?

Je ne sais pas si vous allez m’entendre, parce que j’ai plein de lumières dans les yeux, une migraine affreuse, des piqûres partout, encore un peu d’eau dans les poumons, et certainement, enfermée comme ça, sans même une fenêtre pour laisser échapper un appel à l’aide, je doute que vous entendrez quelque chose…Mais je décide de ne pas me lamenter sur mon sort malgré les douleurs…Certes, je n’ai pas l’intelligence de Luke ou le super pouvoir de L’avorton, mais je peux enfiler le Manteau de Griffin, et laisser comme une bouteille à la mer, un dernier message désespéré sur la toile, pour combattre avec eux dans la bataille de l’esprit… « LISEZ ce livre! ».

Hoor je me? Hoor je me? Vous m’entendez? Allô, vous m’entendez? Lisez L’Institut! Vous m’entendez? Lisez L’institut! Allô?!

Ma note Plaisir de Lecture 9/10

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En Féérie, il brille quelques poussières…

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