Cette vie, Melatu Uche Okorie

💟Chronique💟

Dans Cette vie, il y a des inégalités.

Cette vie, c’est des portraits de femmes migrantes qui vont devoir faire face, à la violence, le racisme, la misogynie, l’infantilisation, à l’ignorance, et à bien d’autres traitements intolérables…

Ce livre m’a beaucoup fait penser à Stardust de Leonara Miano, et la difficulté monumentale de vivre en centre de réinsertion et de d’hébergement d’urgence, mais j’ai pu constater avec Cette vie, qu’on ne fait pas beaucoup mieux, en terme de déshumanisation, au-delà de nos frontières…Même si le centre de rétention en Irlande, n’est jamais nommé explicitement, il est considéré comme le « meilleur », c’est dire de ce qu’il peut se passer dans les autres…Car ces femmes qui doivent fatalement en passer par là, en plus de la douleur de quitter leurs pays, doivent subir un nombre incalculable d’injustices à cause de leurs statuts de réfugiées. Des injustices inadmissibles que dénonce Melatu Uche Okorie au travers de ces nouvelles bouleversantes. En effet, ce recueil de textes nous contextualise le panorama politique et social de l’Irlande tout en nous donnant les voix de celles qui passent par ces centres avec ce que ça comporte d’aberrations et d’illogismes en tout genre. Et parlons-en du genre, puisque l’autrice concentre ses histoires sur cette triple peine d’être réfugiée, femme et noire. En somme, moins que rien que rien, dans les esprits de certains, d’où leurs manières ignobles de se comporter…C’est tout une violence systémique, ici ou là-bas, que Melatu Uche Okorie fait rejaillir dans ces nouvelles et ça m’a déchiré le cœur, parce qu’elle est la vérité des souffrances dans la chair et l’âme de mes Sœurs. Toujours en lutte pour tout et n’importe quoi, ces femmes n’ont de cesse d’être sur le qui-vive. Elles doivent non seulement survivre et garder en vie leurs enfants, dépasser les us et coutumes de leurs pays d’origine, faire face au rejet du pays « accueillant », et bien sûr, où qu’elles se trouvent, éviter la violence masculine…

Cette vie, c’est autant de textes forts et vibrants qui nous raconte la détresse silenciée de ces femmes. Mais malgré le sujet sensible, il y a dans ces pages, une note d’espoir. Une envie par le biais de l’écriture de sortir de cette condition féminine effroyable. Il y a un espoir de solidarité, de sororité, d’émancipation. Les mots de Melatu ont la force et la douceur, la colère et la tendresse. Des mots d’ici et de là-bas, un mélange qui n’appartient qu’à cet entre-deux. Entre-deux-terres, entre-deux-cultures, entre-deux-langues, mais la vérité, est-ce que un entre-deux-cœurs ne pourrait pas s’ouvrir, et faire des greffes d’entraide bienveillante, dans ce champ de possible?

J’aime à croire que dans cette vie, je le verrai de mes propres yeux…

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement Tropismes Éditions de leur confiance et l’envoi de ce livre.

Laissez un peu de poussière de féerie, cela fait toujours plaisir...

En Féérie, il brille quelques poussières…

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