Nueve Cuatro, Nicolas Laquerrière

🔥Ce que j’ai ressenti:

« Il dormira quand il sera mort. Quand il leur aura donné à tous une putain d’histoire à raconter. »

Et celle-là, je vous préviens, elle envoie du lourd! Une histoire de quartiers, une histoire de famille, une histoire de testostérone, une histoire de territoire…Pas le temps, pour la bienséance, la tiédeur, la lenteur. Pas le temps, de plaire, de séduire, de tergiverser. Pas le temps d’attendre la mort, on va carrément la défier, à corps et à cris…On passe donc, de l’autre côté, du côté sombre de Ratigny, en pleine économie souterraine et terres brûlées…-Tu la sens, l’odeur bizarre, et le bruit de la rue, tu l’entends?!- Bienvenue dans le Nuevo Cuatro! Si le risque de faire de drôles de rencontres est présent, cette virée sur ce morceau de béton revendiqué, est l’occasion pour Henri et les autres, d’occuper leurs nuits de solitude. Henri, ce vieux monsieur, accro au sucre, qui se découvre sur la fin de son parcours, un regain de justice à la Clint Eastwood. Et en face, ou à côté, cette jeunesse désemparée, désenchantée mais explosive, sans rien à perdre que la vie elle-même et leurs rêves utopiques de légendes urbaines. Ce mélange des générations, a le mérite de faire fureur, et bien plus encore! Une simple étincelle réveillera les plus grandes rancœurs et le reste prendra feu, inévitablement. -Tu l’entends le langage de la rue, tu le ressens le fuel de leurs cœurs?- Nuevo Cuatro, c’est un polar nerveux, dynamique, survolté, drôle, impitoyable. C’est aussi une photographie sans filtre, d’un triste constat social. C’est une histoire de pouvoir, de malheur, de sang, de transmission, d’amitié et même si,-même si-, certains n’auront pas l’audace de le revendiquer, une histoire d’amour. -Et toi, la musique, Tu la love?- Je l’ai bien vu, bien senti, c’était ça, sous toute cette férocité, toute cette violence en panache, toute cette escalade de haine, il y avait, ça. L’amour ou sa cruelle absence, mais c’est du pareil au même. -Mais chut, ils ne l’avoueront jamais, ces pauvres fous- Et puis, j’ai été touchée par l’intention de l’auteur, de montrer dans ce roman, que la banlieue du 9-4 peut devenir une héroïne à part entière. Une héroïne insoumise, dangereuse et insolente, mais une héroïne, quand même, qui mérite son histoire. Un peu badass, virevoltante, presque enchanteresse. Elle a la main sur ses seigneurs, ses disciples, les recoins sombres de ses rues, ses trafics et leurs influences, le sang qui y coule, l’écorché de son langage, ses créatures étranges, les mots et les rumeurs qui la rende, elle, UNIQUE. Une héroïne aussi dysfonctionnelle, furie, vivante, aimante et aimée que ses habitants. Et à noter également que le changement des mentalités est bel et bien là, il ne s’annonce pas à grande voix, mais on le pressent dans chaque page… -Tu l’a goûtée, l’énergie du désespoir?- Touchée, également que Nicolas Laquerrière invite dans cette odyssée complètement déjantée, des sujets brûlants mais très intéressants, comme la transidentité, le sexisme et ses dérives, la justice quasi inexistante pour les invisibles et les laissers-pour-comptes, la mémoire et ses travers …-Tu la vois venir la conclusion?- (Wesh, j’ai kiffé cette lecture). Et, avant que j’oublie, -même si cela me paraît improbable, au vu du shoot d’adrénaline- je te conseille vivement, d’aller faire un tour dans le Nueve Cuatro!

« Demain tuera hier. »

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement Babelio, Harper Collins éditions, Wagram Livres de leur confiance et l’envoi de ce livre.