Soleil de Cendres, Astrid Monet

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Synopsis:

Sept ans après avoir quitté brutalement Berlin, Marika, une Française de 38 ans, revient dans la capitale allemande afin que son fils Solal rencontre son père, Thomas, un célèbre dramaturge. Elle accepte de les laisser seuls pour la nuit mais, le lendemain, leurs retrouvailles sont compromises car un tremblement de terre a coupé la ville en deux. Marika part à leur recherche.

Ce que j’ai ressenti:

Déjà, il y a comme une urgence. Plusieurs urgences, d’ailleurs, dans ce Soleil de cendres, à comprendre, à ressentir, à vivre au travers de cette plume puissante. Une urgence climatique en priorité, mais aussi une urgence respiratoire autant que poétique. Une urgence de beauté avant l’inéluctable. Comme s’il fallait mettre des mots sur l’écrasante canicule qui foudroie cette ville, avant le chaos. Comme s’il fallait mettre du relief dans ce panorama de ruines avant l’extinction. Une urgence à regarder le monde bien en face, à se faire à l’idée qu’il est en souffrance. Un danger imminent se pressent dès les premiers lignes…Ce roman époustouflant a des accents de post-apocalyptique brûlant. On n’y respire pas bien dans ces pages, on manque d’air. Il y a des masques aussi sur les visages, et des cendres qui tombent. Des cendres par milliers. Des cendres et une chaleur à crever. Ça et le manque d’eau. Astrid Monet nous emmène dans un Berlin étouffant, -gris-noir-cendré-, et terrassé par une catastrophe naturelle. Et on sent l’urgence de toutes ces urgences vitales, à travers les yeux de trois personnages. Trois membres d’une famille éclatée mais qui pour trois jours, acceptent de recoller les morceaux. Sauf, qu’il y a ce matin-là, le drame.

La nature maltraitée mugit dans un désarroi infini.

Qu’on se le dise avec sincérité, c’est un coup de cœur. Plus que ça même, puisque j’ai été comme hypnotisée, transpercée, la bouche pleine de cendres mais au cœur, un plein soleil éblouissant…C’est un Berlin que j’ai adoré. Plus intense que ce que j’aurai pu rêver, un brin déchiqueté et noyé sous les décombres certes, mais avec une ambiance orageuse à couper le souffle…En fait, la force de ce roman, c’est cette plume très sensorielle, qui permet une projection dans la faille, au cœur même de cette catastrophe sans nom…Toutes les scènes de vie prennent de la profondeur au milieu de cette atmosphère asphyxiante, tous les petits détails deviennent beauté dans cet enfer de gris cendré. L’écriture de Astrid Monet est évocatrice, vibrante, renversante. Ça tombe sur moi, ça me touche, ça m’ensevelit, ça me submerge, et même encore, sous cette pluie de poésie couleur plomb, j’en voudrais encore des rayons exceptionnels de ce Soleil de cendres.

Mais c’est toute la ville qui se vide de sa substance moléculaire, de son âme, tandis que les cendres du volcan continuent de pleuvoir sur les premières ruines du tremblement de terre.

Je voudrai retenir longtemps le souvenir de cette ville, de cette course contre la mort, de cet amour inconditionnel d’une mère pour son enfant. Je voudrai retenir longtemps leurs prénoms. Je voudrai retenir plus longtemps encore, les sensations aussi fortes soient-elle, aussi dévastatrices qu’elles ont pu être sur mon cœur. Juste pour me rappeler encore l’émotion que j’ai ressenti à leurs côtés, je voudrai retenir ce livre. Entre rêve et réalité, entre horreur et douceur, entre l’Allemagne et la France, entre la vie et la mort, entre l’amour et le chaos, il y a une merveille. Soleil de cendres.

Sa voix électrique, hypnotique, transperce le ciel furieux de Berlin pour frapper dans le cœur de Marika. Il faut que ce cœur batte, d’amour, de vie, de colère, de rage.

Ma note Plaisir de Lecture 10/10

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement Muriel ainsi que les éditions Agullo pour leur confiance et l’envoi de ce livre.

5 Commentaires (+ vous participez ?)

  1. Collectif Polar : chronique de nuit
    Oct 24, 2020 @ 01:24:10

    Je note il me tente bien celui là !

    Réponse

  2. Yuyine
    Août 29, 2020 @ 09:00:03

    Olalala. Envie folle de lire ce titre que je te remercie de me faire découvrir (toujours) si joliment.

    Réponse

Laissez un peu de poussière de féerie, cela fait toujours plaisir...

En Féérie, il brille quelques poussières…

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