Bleuets, Maggie Nelson

💙Chronique🩵

2. Je suis donc tombée amoureuse d’une couleur

la couleur bleue, en l’occurrence – comme on tombe dans les rets d’un sortilège, et je me suis battue pour rester sous son influence et m’en libérer, alternativement.

3. Qu’en est-il ressorti? Une illusion choisie, pourrait-on dire…

C’est très sérieux l’amour. Et c’est très sérieux aussi nos illusions. Tellement sérieux, qu’il faut en parler, l’expérimenter, lui donner corps, en faire de la poésie, en tomber d’amour, à s’en relever si l’on a le savoir. Et comme il est question d’amour et d’illusions, la littérature vient à la rescousse de cette narratrice tourmentée. Perdue dans toutes les nuances de bleu(s), elle s’essaie aux Pensées. Des pensées plus ou moins douces, plus ou moins tristes mais toutes d’une beauté extraordinaire. Et du coup, entre ciel et mer, tous les bleus ne se valent pas, et ce tour d’horizon, nous en apprend autant sur la nature humaine, que sur les symboliques qui varient autour de cette couleur si aimée, mais si insaisissable. Le bleu est sujet à méditation. C’est dans le bleu que l’on se perd et que l’on se retrouve. Tout le long de ces 240 entrées dans le bleu m’ont fascinée. Non seulement parce qu’il procure des sentiments différents mais des pistes de réflexions multiples et infinies. Que je m’y arrête aujourd’hui ou demain, dans dix ans, elles me mèneront forcément quelque part dans ma compréhension personnelle du monde. La 83 et la 130 m’ont attrapé hier, mais peut-être qu’un jour je serai emmenée à expérimenter la 99, mais aujourd’hui ou le ciel est gris et menaçant, et que je touche mon pendentif de lapis-lazuli, est-ce que la question de la 151 ne va pas me submerger? Alors est-ce que tout était plaisant? Forcément non. Puisque sont abordés les thèmes de la dépression, du deuil, de la rupture, de la dépendance, de la maladie autant de nuances de bleus qui font référence à des douleurs excessivement fortes. Mais c’est aussi la couleur de l’amour, et c’est toute les nuances d’un cœur-fleur-bleue qui s’ouvre comme par merveille, et vient tutoyer les étoiles. Et parce qu’il est hybride, poétique, philosophique je sais que je vais relire Bleuets. Je vais le relire à la lumière des nombreuses références littéraires que Maggie Nelson nous donne dans ces entrées. Elles les appellent d’une telle façon, qu’on veut aussi, se faire ensorceler, par tous ces bleus invoqués. C’est de la matière que je suis prête à manier, des sorts que je suis prête à faire même, à pleine main et de tout cœur, parce que il me semble que moi aussi, je suis amoureuse du bleu. Est-ce qu’on est bien sérieux quand on est amoureuse d’une couleur? Je le crois, après cette lecture. D’un, parce que les cieux me regardent. Et de deux, parce que je ne veux pas perdre l’illusion, que je vais rejoindre, me fondre, embrasser à bras ouvert, l’infini. L’infini bleu profond, parsemé d’étoiles lumineuses. Aussi rayonnantes que les Bleuets de Maggie Nelson. Suis-je bluette, alors, d’espérer vous convaincre de faire irradier ce bouquet de Bleuets? Suis-je bluette, ou sous le charme?

Laissez un peu de poussière de féerie, cela fait toujours plaisir...

En Féérie, il brille quelques poussières…

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