Après minuit, Gillian McAllister

🕛Chronique 🕛

« Elle doit sortir de là. Mais sortir d’où? D’hier? »

Et c’est là, toute la problématique de Jen. Mais surtout, surtout, toute l’ingéniosité de ce thriller addictif. Est-ce qu’on sort d’hier? Hier, où elle voit son fils assassiner un inconnu dans la rue. Hier, qui n’est plus hier, mais demain, tout en sachant aujourd’hui, mieux qu’hier, mais bien moins que demain. Cette formule d’amour est, en principe, un cercle vertueux, mais ici, au milieu de ses pages, elle prend la forme d’une boucle temporelle dont Jen ne peut pas sortir. Bien sûr que l’amour est au centre de tout, et bien évidemment que Jen veut empêcher la tragédie qui touche son fils, mais qu’elle est cette variation de temps et d’heures perdues, qui frappe Après Minuit? Jusqu’où peut-on aller par amour? Jusqu’à hier et Après Minuit? Où jusqu’à l’origine du crime et de l’amour? Jen est déterminée à aller jusqu’au bout, mais lequel?

« Comment en est-elle arrivée à élever un assassin? »

Au-delà du thriller domestique exceptionnel et grandiose, Gillian McAllister se penche sur la complexité du rôle de la mère, et c’est ce qui m’a bluffée, la manière fine et intelligente de parler de ce problème de société qui pèse sur les femmes. En effet, Jen est une maman dévouée, aimante, dans l’air du temps. Elle allie vie de famille et vie professionnelle avec brio. Mais comme toutes les mères, il me semble, elle ne peut se débarrasser de ce sentiment féroce: la culpabilité. Une culpabilité permanente, intériorisée, dévastatrice. Une culpabilité dévorante qui se manifeste quoi que Jen entreprenne. Qu’elle agisse bien ou maladroitement, elle est assaillie par les fantômes de ces normes sociétales injonctives et contradictoires. Et ainsi, en se baladant dans le temps, par les forces des choses, les petits détails et les grandes angoisses, n’ont de cesse de venir la troubler, et parfois couper ses élans…Mais elle veut réussir sa mission, car la maternité est ainsi, on peut tout dépasser pour sauver son enfant. C’est là, le secret de notre super pouvoir de mère. Mais qu’a-t-elle raté de son éducation ou dans sa cellule familiale, pour avoir, en cette veille d’Halloween, un fils assassin?

« parlez-en à un ami et dites-lui de vous rejoindre dans la boucle (bien sûr), documentez tout, faites l’expérience… et essayez de ne pas mourir. »

C’est tout ce que je vais pouvoir vous dévoiler. Cinq petits conseils. Les mêmes que reçoit Jen pour tenter de sauver son fils, et elle-même, et peut-être, d’autres… Et je préfère vous prévenir: vous n’êtes pas prêts! Attention aux virages, aux détails, aux mensonges, il en va de la sécurité de nous tous, et même plus si affinités! Mais sinon, pour ce qui est de l’originalité et de l’expérience de lecture, c’est une réussite! Vous pouvez ramener tous vos amis et leur mettre ce livre dans les mains! Je ne peux vous dire si je suis morte ou pas, mais je peux vous dire quand même que émotionnellement, psychologiquement, viscéralement ce livre, est une bombe! Chaque mot est posé avec soin, le rythme est impeccable, les personnages travaillés, la fin excellentissime! C’est un coup de cœur ❤️

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement Sonatine éditions de leur confiance et l’envoi de ce livre.

4 Commentaires (+ vous participez ?)

  1. Marie-Luce, miaougraphe
    Mai 11, 2024 @ 19:33:23

    Il semble enlevant, ce récit.

    Réponse

  2. belette2911
    Avr 25, 2024 @ 14:45:57

    Lui, je vais essayer de le lire en juin, pour le mois Anglais, Yvan m’a bien tenté 😉

    Réponse

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