Les vagabonds, Richard Lange

🩸Chronique🩸

« C’est la règle pour tous les vagabonds: effacer vos traces. »

Définis: vagabond. Parce que être vagabond, ce n’est pas seulement s’adonner à une existence nomade, c’est embrasser une vie en poussière. C’est vivre à la marge. C’est effacer non seulement les traces, mais aussi les identités, l’humanité. C’est peupler la nuit mais disparaître le jour. Ne jamais laisser le soleil rentrer dans les pores, les cœurs, les âmes. C’est à ceux-là, de vagabonds, que Richard Lange rend hommage, à ces ombres qui bordent les routes, quand le chien-loup sort de ces heures floues. Mais même ainsi, le mot vagabond a encore ce mystère chargé qu’il te faudra démasquer, quand l’évidence sautera aux yeux. Quand trop de sang aura été exsangue. Quand trop d’absences feront le chagrin. Quand trop de coïncidences rempliront les faits divers. Alors, tu sauras ce que sont les vagabonds. Mais remonter leurs pistes te demandera beaucoup d’efforts, car ils savent par cœur, l’esquive, le camouflage, l’éclipse. Il n’est pas aisé de faire leurs connaissances car souvent, c’est eux contre toi. C’est eux, les princes de l’ombre, Les Vagabonds…

« Nous autres qui souffrons sommes sensibles aux souffrances des autres. Nous sommes branchés sur les fréquences du chagrin. »

Nous autres, êtres sensibles, sommes reliés. C’est un fil invisible mais indestructible. Nous ressentons la souffrance, nous la faisons nôtre, nous la partageons. Nous avons cette capacité extraordinaire à pouvoir nous mettre à la place de l’autre. L’autre, peut être un vagabond, un père éploré, un amoureux endeuillé. L’autre peut être une fille des motels, une barmaid apeurée, une motarde revancharde. L’autre, c’est une possibilité, une trajectoire, un bastion. Dans d’autres circonstances, certains ne se seraient jamais croisés, tellement leurs vies sont différentes. Mais reste encore et toujours cette affaire de sang. Une fratrie, une parentalité, une éternité. C’est toujours le sang qui les obsède, qui les relie, qui les condamne. Et tous, se retrouvent là, à chercher le sens de cette vie, dans cette violence omniprésente, en usant et abusant de leurs dernières espérances, au milieu du chaos. Nous autres, êtres sensibles, ne pouvons décemment pas être de marbre face à leurs désarrois. Nous autres, sommes empêtrés dans leurs états d’âmes, touchés en plein cœur, perclus de frissons. Nous autres, sommes, le temps d’une poignée d’heures nocturnes, les vagabonds et leurs victimes, fascinés parce qu’il reste en chacun et quoi qu’il arrive, cette ultime poussière d’humanité…

« mais qu’ai-je à faire des larmes d’un monstre? »

C’est à toi de le décider. Parce qu’il te faudra définir le mot monstre. Ce n’est pas ce que j’ai vu dans ces pages, mais le mot court trop vite sur les lèvres. Les errants dérangent, froissent, apeurent, surtout sur ces terres mangées par la discrimination. Nous sommes à l’été 1976, entre Phœnix et Las Vegas, et la nuit est à l’heure de tous les dangers pour qui s’aventure…Alors voir le monstre dans le vagabond, c’est nier, ce qu’il a encore de bon en lui…Ce que j’ai vu en revanche, c’est de la fraternité, de l’amour, de l’entraide. J’y ai vu aussi, de la colère, du chagrin, du ressentiment. Alors forcément, les larmes viennent…Mais que vas-tu en faire? Peut-être que si je te disais que j’ai adoré cette lecture, qu’elle est bouleversante parce qu’elle parle de ces laissés-pour-compte qu’on ignore, qu’elle est par certains côtés d’une douceur exquise, mais que son énergie est follement explosive, qu’est-ce que tu vas en faire, de cela? Je ne voudrais pas mourir avant que Le Petit Diable ou les Démons ne m’ai expliqué le printemps et ses fleurs. C’était un road-trip captivant, et je t’invite à aller à la rencontre de ces vagabonds, pour une virée sensationnelle!

J’AI TOUT MISÉ SUR TOI.

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement les éditions Rivages de leur confiance et l’envoi de ce livre.

3 Commentaires (+ vous participez ?)

  1. belette2911
    Fév 21, 2024 @ 15:46:27

    Pas encore lu, mais il est dans ma PAL 😉

    Réponse

Laissez un peu de poussière de féerie, cela fait toujours plaisir...

En Féérie, il brille quelques poussières…

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