Les Roches Rouges, Olivier Adam.

Je ne suis pas sûre que quelqu’un lira ceci. Est-ce-qu’au fond, on n’est jamais sûr de quelque chose dans cette vie, dans ce trop-plein de vie, dans ce trop-plein de terre et de sang, dans cette cavale infernale, dans ces karmas qui se croisent et se décroisent, dans ces moments de silence? Est-on jamais sûr de ce que sera la prochaine étape? Quel sera le prochain morceau qui va coincer, le grain de sable qui va enrayer plusieurs destins? Qui décide de cela? La vie?

Je suis sans cesse, en train de me demander comment ça se fait qu’une vie part à va-l’eau? Comment ça se fait que certaines vies stagnent? Comment ça se fait que si l’amour se pointe dans nos vies, pourquoi c’est toujours si compliqué? Je ne sais pas qui décide du bonheur de chacun, qui va déterminer la trajectoire d’une idylle, qui met des biches sur nos chemins ou des taureaux à nos trousses?

Leila et Antoine, aurait pu s’aimer en toute tranquillité, mais ils avaient chacun un passé lourd…Très lourd, et ils ont voulu un peu de légèreté, un peu de mer, un peu de roches rouges, une maison rose et des heures-refuges…Mais, la vie est faite de beautés autant que de violences, c’est pour ça que ses morceaux ne pourront jamais se joindre…

Ça aussi, ça me rend triste, de constater que la violence fait forcément partie de nos vies. Il y en a certains qui la subissent, la vivent au jour le jour, ne peuvent s’en défaire…Comment sortir de l’engrenage? C’est la grande question. Certains fuient…Loin. Quitte à y laisser quelques vagues regrets, quelques drames dans l’orage, quelques corps meurtris…Peut-être que la mer les emportera, se disent-ils…Loin. D’autres l’affrontent, contre vents et marées…

Mais la violence ne se noie pas, ne meurt pas. Elle est là. Aussi tranchante qu’un couteau. Elle s’empare des êtres, leur fait faire des morceaux de sang qui se mêlent à la terre, et alors Les Roches Rouges ne sont que le reflet d’Elle. Rouges Violences. Rouges Sang. Dangereuses, escarpées, comme les calanques…

Lire ce nouveau Olivier Adam, c’est avoir un vertige. C’est se confronter aux problèmes de la violence sous toutes ses formes, c’est ressentir, le vent dans les cheveux, un petit peu aussi. Presque un souffle de liberté, presque un espoir à l’horizon. Mais surtout, le vertige et l’écho du fracas sur Les Roches Rouges…J’écris ceci dans un carnet, même pas pour être lue, mais pour joindre dans la beauté du paysage marin, perchée sur le bord de la falaise abrupte, les morceaux de mon cœur que j’ai laissé balloter sur le courant…Et je m’emplis de bleu, de rouge, de sel, de transparence, de douceur…Je me relie.

Je me relis. De toute façon, personne ne le lira jamais…

Ma note Plaisir de Lecture 9/10

8 Commentaires (+ vous participez ?)

  1. Collectif Polar : chronique de nuit
    Déc 05, 2021 @ 07:32:15

    Jolis rochers, belle image

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  2. deslivresmonunivers
    Juin 09, 2021 @ 08:41:02

    Si moi je te lis et tes mots sont si forts et puissants que je te lirais toujours !

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  3. Matatoune
    Juin 09, 2021 @ 05:43:28

    Ce roman est très touchant ! Je garde en mémoire ces deux personnages cassés par leur passé qui essayent d’illuminer leur présent. Et même si de l’extérieur, il n’y arrive pas sur le long terme, de leurs intérieurs, ils réussissent à créer une bulle de douceur et d’amour ! Et c’est une belle réussite 😉

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  4. Nath - Mes Lectures du Dimanche
    Juin 09, 2021 @ 04:35:26

    Voilà encore des mots qui touchent… et au-delà d’un livre, ce constat que tu fais est malheureusement réel…

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Laissez un peu de poussière de féerie, cela fait toujours plaisir...

En Féérie, il brille quelques poussières…

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