Il n’en revint que trois, Gudbergur Bergsson

Il n'en revint que trois par Bergsson

Pourquoi je l’ai choisi:

J’aime à découvrir de nouveaux horizons, de nouveaux auteurs…Depuis les énormes coup de cœurs de l’année 2017 dénichés chez les éditions Metailié , j’ai une totale confiance en leurs choix. Partir en Islande, en plein mois de Janvier, ça force l’ambiance…

Synopsis:

Une ferme perdue en Islande, à des kilomètres du premier village, entre un champ de lave, des montagnes et des rivages désolés. Le ciel est vide et les visiteurs sont rares.
Mais l’écho de la Deuxième Guerre mondiale ne va pas tarder à atteindre ses habitants. Soudain soldats, déserteurs, espions débarquent, mais aussi radio, route, bordels et dollars. Puis viendront les touristes. L’ordre ancien vacille et ne se relèvera jamais. 
Les personnages de Bergsson sont tout d’une pièce, rugueux et âpres comme la terre qui les a vus naître. Il y a ceux qui partent, ceux qui restent, ceux qui reviennent. Faut-il s’arracher à ce morceau de terre où rien ne pousse ? Ou guetter le renard en ignorant les secousses de l’histoire ? 
Un texte sec et fort qui décrit le basculement brutal de l’Islande dans la modernité, les bégaiements de l’histoire, la force magnétique de certains paysages, qui sont comme des gardiens de la tradition familiale : nul n’y échappe.

« Une histoire du peuple islandais du XXe siècle : le livre le plus fort et le plus remarquable de Gudbergur Bergsson. » Fréttabladid. 

Les personnages:

Il y a « Le vieux » « Les gamines » « La grand-mère » « Le fils » « le gamin »…Un choix original de pronoms pour désigner ses personnages, et sans doute une volonté de l’auteur de nous relier d’une façon plus  familière avec leurs émotions. Et c’est réussi, ils sont tous attachants dans leur manières: taiseux et résignés, mais également aimants et résilients, tout cela dans une pudeur savoureuse…

J’ai eu une petite préférence pour La grand-mère avec, sa volonté d’instruire ses protégées avec son livret, et  son immense détermination à le faire seule, même si les avenirs sont incertains, elle se bat contre l’ignorance…

Ce que j’ai ressenti:

J’ai une fascination pour les paysages enneigés…Une sorte d’attraction, que j’adore pouvoir ressentir en lecture. Cette fois-ci, je suis partie vers un horizon qui m’est encore inconnu, voir un peu les mentalités de ces fermiers qui vivent loin de tout… Si on se laisse séduire incontestablement par le panorama époustouflant du lieu dans laquelle la ferme se situe, la solitude tient quand même une grande place, et c’est sur ses habitants qu’elle abattra, son ombre mordante…Car, vivre dans en ces lieux, implique des sacrifices  qui se mesurent en pertes et en retrouvailles, en deuils et naissances, en fuites et retour aux racines. Un espace nourri en attentes interminables et petites joies éphémères, un temps qui s’étire en longueur, une nature impitoyable, et puis soudain, le grondement de la Seconde Guerre Mondiale qui vient perturber encore plus, cet équilibre fragile…Une ligne temporelle de monotonie qui joue des boucles, et aux points reliés, continue son Histoire: cette guerre redistribue les rôles, régurgite des objets nouveaux, et l’Islande se modernise lentement…L’auteur raconte avec finesse, les bouleversements de cette petite communauté, reculée…

On a besoin d’énergie qu’on soit en guerre ou en paix, la vie se nourrit de notre énergie et de celle de la nature, répondit le vieux, épuisé.

J’ai trouvé l’écriture de Gudbergur Bergsson très sensible et aussi, très riche. Un roman noir dans la blancheur des neiges, des destins sombres imbriqués dans l’âtre d’une ferme isolée. Dans cet espace réduit et une vie de labeur sans fin, il nous capte intensément avec le poids écrasant de cette continuelle patience inconsciente de « ceux qui restent »…Une patience aiguisée dans leurs contemplations de la faune et de la flore qui les bousculent, nourrie de la sagesse de ses temps de respect, rompue aux trop nombreux abandons de « ceux qui s’en vont »…Finalement, la magie de la  plume de Bergsson nous raconte milles trésors d’enseignements d’humilité,  et illumine dans leurs yeux, la joie de voir « ceux qui s’en reviennent » et…Il n’en revint que trois.

« Parce que être libre signifie à la fois jouir de certains droits et être garant de la liberté et des droits d’autrui. »

Une lecture qui ne se laisse pas apprivoiser facilement, à l’image de cette renarde blanche qui gambade autour de ses lignes et d’une grotte mystérieuse… Toute beauté se mérite, c’est bien connu, et ici, elle prend forme dans les reliefs escarpés de l’Islande… La patience sera une vertu nécessaire pour l’ultime récompense: le plaisir de saisir toute la poésie de ce nouveau roman fraîchement sorti pour cette rentrée littéraire de Janvier 2018.

Les lecteurs comme toi aiment les histoires qui sentent la poussière d’os.

 

 

Ma note Plaisir de Lecture  8/10

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement les éditions Métailié de leur confiance et l’envoi de ce livre! Ce fût une lecture intéressante.

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17 Commentaires (+ vous participez ?)

  1. Yuyine
    Jan 22, 2018 @ 16:18:35

    Je suis intriguée mais ce n’est pas ce dont j’ai envie en ce moment, je n’ai plus de patience ^^

    Réponse

  2. dealerdelignes
    Jan 16, 2018 @ 19:40:47

    Ça pourrait me tenter 😉

    Réponse

  3. Lup Appassionata
    Jan 11, 2018 @ 19:39:09

    Une fée ne laisse aucune trace dans la neige, c’est bien connu ! Mais dans notre cœur et notre imagination, ohhh que oui !!! Et nous les suivons toujours bonheur 😘

    Réponse

Laissez un peu de poussière de féerie, cela fait toujours plaisir...

En Féérie, il brille quelques poussières…

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