Côté Guetto, Jill Leovy

Côté Ghetto par Leovy

 

Pourquoi je l’ai choisi:

J’ai suivi le conseil de Michael Connelly, parce que vraiment cette phrase « Tout le monde doit lire ce livre » m’a plus qu’interpellée…

Synopsis:

Dans la lignée des livres et des séries de David Simon (Homicide, The Wire), une œuvre magistrale de journalisme littéraire, élu meilleur document de l’année par le New York Times et le Washington Post.

South Central, Los Angeles. Le Ghetto. À la fois un lieu et un destin. Un quartier où les jeunes, noirs pour la plupart, sont souvent plus en sécurité en prison que dans les rues. Un état d’esprit, également, avec une culture bien implantée, où les plus violents sont les héros, et les victimes laissées pour compte. Sauf peut-être pour quelques hommes, qui considèrent encore ces victimes comme des fils, des frères, des êtres humains à part entière. Ces hommes, ce sont les policiers du quartier qui, dans le marasme ambiant, s’accrochent comme ils le peuvent pour donner un sens à leur métier, luttant tout autant contre le meurtre que contre une administration déconnectée de la réalité.
Ainsi lorsqu’un jeune Noir du quartier, Bryant Tennelle, est abattu sur un trottoir, non loin de son domicile, l’inspecteur John Skaggs, en dépit des moyens dérisoires dont il dispose et de la résignation ambiante, va tout faire pour éviter que ce jeune garçon ne soit qu’un nom de plus inscrit sur la liste annuelle des milliers d’assassinats non résolus de jeunes Afro-Américains.
 
À partir de ce simple fait divers et de milliers d’heures de témoignage, Jill Leovy nous livre un document criant d’humanité. Pourquoi un jeune Noir a-t-il quinze fois plus de chance de se faire tuer qu’un Blanc aux États-Unis ? C’est toute la « peste américaine » qu’elle dissèque avec ce portrait intime et bouleversant, fait de morts absurdes et impunies, de proches dévastés et d’enquêteurs acharnés mais démunis. Une analyse forte et humaine, un livre coup de poing, aussi dévastateur que le plus réaliste des romans.

Les personnages:

 Jill Leovy, nous décrit des personnalités fortes et des quotidiens sombres. Elle ose se pencher sur l’âme humaine, rendre hommage aux victimes, mais aussi rendre un peu de couleurs à ses habitants vivant dans le Guetto. Elle nous raconte ses mères éplorées, ses flics impuissants, ses rivalités obscures, les destins fracassés…
John Skaggs, si tous les flics du monde était comme lui, le monde tournerait mieux sans aucun doute. Quel flic admirable, dans sa pugnacité,  dans son dévouement, un exemple à suivre…J’ai été très touchée par ce personnage, cet homme qui n’hésite pas à vivre au milieu du chaos, et à défendre coûte que coûte, les vies humaines sans distinction de couleurs et d’origine. Par sa lumière incandescente, il irradie de sa bonne volonté toute
 un ensemble de personnes, pour un effet boule de neige bienfaiteur, qui réchauffe le coeur…Tous les enquêteurs (Tenelle, Kouri, La Barbera, Marullo…) ont leur importance dans cette histoire, mais c’est vrai que cet altruisme chez Skaggs, il m’a plus émue…

Ce que j’ai ressenti:

Côté Guetto fut une lecture difficile, forte, intense: certains passages m’ont brûlé les yeux, d’autres m’ont arraché le coeur…C’était tellement bouleversant, et d’autant plus, parce que réel,  que je devais parfois fermer le livre, pour ne pas sombrer…Jill Leovy a réussi le pari de nous rendre une vérité déchirante, dans un travail d’investigation journalistique d’une qualité incroyable. On sent presque les heures s’écouler dans ces mots, la minutie du détail dans chaque ligne, l’importance de rendre justice à tous ses vies tombées dans le guetto, dans ce récit noyé de sang coagulé…On lit des centaines de noms, des centaines d’affrontements sanglants, des centaines de meurtres qui ne seront jamais résolus…Autant vous dire que c’est un déchirement que de se rendre compte de cette « peste américaine », la réalité de ses quartiers est juste insupportable…

« Il y a cette idée que les Noirs font ça entre eux, et que si je suis blanc ça ne m’affecte pas » dit-il. Ses yeux s’animèrent d’une colère soudaine. « Et bien, figurez vous que si: ça m’affecte. »

Bryant Tennelle, adolescent tué pour rien, vie fauchée dans les règlements de comptes nébuleux de ses gangs, devient la pierre angulaire de ce roman,  une sorte d’exemple pour illustrer l’innommable, une sorte d’espoir face à l’océan d’indifférence des autorités légales. Lien conducteur pour expliquer le quotidien des rues de South Central, de voir l’investissement de ses policiers qui forcent le respect, de changer un tant soit peu les mentalités…Bryant, petite flamme, que Jill Levy a pris dans le creux de ses mains, et nous tend pour qu’elle ne s’éteigne pas dans l’oubli…

« Il croyait fermement que, à condition d’y mettre du sien, on pouvait améliorer les choses. »

Malgré les milliers de pertes, on sent un réel besoin d’enrayer ces faits divers effroyables,  Jill Leovy dans son blog The Homicide Report  , tente de faire sortir du néant, les noms et les visages de ses victimes, et dans ce livre, on sent toute son humanité, le cri courageux d’une femme qui souhaite voir un monde plus juste où chaque vie a de l’importance…Je peux vous dire que de mon côté, le message est passé en force, et que même si j’ai fini ce récit la gorge serrée, je vous le recommande chaudement. Indispensable.

Au contraire, il n’y avait en lui que de la souffrance. Les larmes lui tendaient des embuscades plusieurs fois par jour.

Ma note Plaisir de Lecture  9/10

Remerciements:

Je tiens à remercier chaleureusement les éditions Sonatine pour l’envoi de ce livre! Ce fût une lecture bouleversante!

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18 Commentaires (+ vous participez ?)

  1. dealerdelignes
    Nov 19, 2017 @ 22:10:14

    Me le suis offert 😉

    Réponse

  2. Lup Appassionata
    Nov 16, 2017 @ 19:08:53

    Tu es très vaillante pour survivre à tant d’émotions fortes, petite fée ! C’est quoi ton secret ? Je t’envoie une volée de bisous pour te réconforter 😘😘😘

    Réponse

  3. Ju lit les mots
    Nov 16, 2017 @ 17:41:29

    Il me fait de l’oeil ! J’aime ce genre de livres documentaires car criant de vérité!

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  4. Lutin82
    Nov 16, 2017 @ 15:58:05

    Oh! notre bonne fée a versé quelques larmes?… Je savais que tu avais un cœur sensible. Ah! parfois les romans nous vont droit au cœur, justement!

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  5. lecturesdudimanche
    Nov 16, 2017 @ 15:38:46

    C’est bien que ce genre de récit existe mais je préfère que mes lectures me laisse m’évader…

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  6. Lectrice de polars compulsive mais pas que...
    Nov 16, 2017 @ 10:47:47

    il faut que cela soit rude et criant de vérité pour que tes larmes nous inondent. Un livre que l’on a envie de découvrir car un soupçon d’optimisme de l’auteur qui nous laisse espérer que l’humanité est encore de ce monde

    Réponse

  7. Élodieuniverse
    Nov 16, 2017 @ 08:25:18

    Il fallait que je vois pourquoi il avait fait verser quelques larmes à la petite fée de bookstagram… Je comprends mieux… 😉

    Réponse

Laissez un peu de poussière de féerie, cela fait toujours plaisir...

En Féérie, il brille quelques poussières…

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