La Roche, Martin Lichtenberg

💧Chronique💧

« Parfois j’ai l’impression que mon monde part à la dérive et s’enfonce tout droit, lentement, vers les profondeurs de l’eau. »

Dans La Roche, j’absorbe l’eau. Le fluide. La poésie. Je m’y connecte, non seulement, parce cet élément est omniprésent, mais je veux comprendre, ce qui le constitue. L’eau est une denrée rare, dans ce monde comme dans le nôtre, mais là, sur cette île imaginaire, elle est partout mais inaccessible, sonore mais entourée de non-dits, travaillée mais sous bonne Garde…

Sur La Roche, je m’imprègne de cette atmosphère froide, humide, morne. Je ne fais plus qu’attention aux gravures, parce que le reste de l’île est trop stagnant, si l’on s’y attarde de trop…Sous ce dôme, les hommes ont été privé de libertés, d’arts, de leurs potentiels. Le seul rêve à leur portée est La Capitale. Mais ce rêve se mérite…

Avec La Roche, je fais seulement gaffe aux mots de Loo. Plus rien, ne m’atteint, sauf sa joie, sa lumière, son innocence. La musique de Sol aussi m’emporte, au loin, très loin, trop loin. L’idéalisme de Dael me pousse à voir la magie cachée. Tandis que la Fouisseuse m’envoûte, avec efficacité. Et je les aime pour ça. Ils sont une équipe de bric et de broc, mais chacun apporte sa pierre à l’édifice. Comment ne pas voir en eux, un possible chamboulement bienvenu? Comment ne pas partir avec eux, pour une aventure pour le moins singulière…

« Tu réalises ce que ça signifie au moins? »

Ça signifie que l’eau, le fluide, la poésie n’en finit pas de couler. Les larmes, aussi. Tout déborde, les yeux, le cœur, l’Ocean. Comment on en est arrivé là, à priver les êtres, comme cela, de leur essence qui les constitue? Et puis je cherchais, puis j’allais en profondeur, gratter ce qu’il pouvait rester de leurs lumières. Plus je plongeais loin dessous, plus la mélancolie m’étreignait, cette immobilité manifeste, cette aliénation terrifiante, me faisait plus mal qu’un coup direct au plexus. Et l’art, ô l’art, sans lui, on est comme en apnée. Qui peut tenir dans un monde sans l’Art? Qu’est-ce qu’on fait de l’absence totale de musique, de poésie, de flamboyance, de rêves, de victoires? Sur la Roche, la vie y est non seulement difficile de par ses conditions de travail et de vie, mais plus encore, par cette carence extrême d’imaginaire. Il n’y a aucune bouée, de quelque forme soit-elle, à laquelle se raccrocher et lorsque l’on se retrouve au milieu de l’Ocean, c’est encore plus dur pour les esprits libres…Mais Loo, est heureusement là, pour mettre de la fantaisie, de la joie et de la poésie dans ces mots, dans ces gestes, dans son cœur, pour nous emmener avec elle, voler au-dessus de tout cela!

« Je ne voudrais pas gâcher l’effet de surprise. »

Je vous laisse donc découvrir La Roche. Cette excursion sera revitalisante! Parce que quand on sait ce qui nous constitue, on a envie de le conserver, de le préserver, de le garder précieusement. Ce qu’il me reste de cette lecture, c’est cette force aquatique qui a rempli même mes rêves, ce fluide magique que j’espère avoir manipulé avec douceur, et la poésie enchanteresse que je voudrais voir voguer jusqu’à vous, si les fourmis sont bien lunées…Je veux que ce texte vous immerge comme il a pu m’embarquer aussi follement dans ces dérives et virevoltes. Je voudrais qu’il fasse écho et chant…Et si jamais, vous écoutiez attentivement, vous saurez alors que j’ai eu un coup de cœur et j’ai espoir qu’il arrive à bon port…

« je suis un être qui s’évapore et vous échappe. »

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement les éditions Héloïse d’Ormesson de leur confiance et l’envoi de ce livre.

Laissez un peu de poussière de féerie, cela fait toujours plaisir...

En Féérie, il brille quelques poussières…

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