État des lieux, Déborah Levy

Je ne suis préparée à rien. Je prend ce qu’on veut bien me transmettre. La délicatesse d’une rose comme un État des lieux. Je regarde tout suffisamment longtemps, pour m’imprégner. M’imprégner d’un monde, d’un mode d’écriture, d’une fleur, de la recherche minutieuse de donner corps à un personnage féminin, d’un lieu, des vibrations, ou encore d’un rêve de maison. J’aime l’imprégnation. C’est quelque chose ensuite, qui t’appartient un peu: une légère trace dans le sillage de mes pensées. Je suis avec délectation les pérégrinations de Déborah Lévy et le bonheur de rentrer chez elle…

Je ne suis préparée à rien. Je ne connais pas encore le départ d’un enfant vers son nid, je ne connais pas les joies d’une sorbetière, je ne connais pas tou.te.s les écrivain.e.s qu’elle invite à son souvenir. Je n’ai que des chemins qu’elle a défriché pour que je m’y sente à l’aise et que j’apprenne l’art de vivre, et l’immense plaisir d’être une femme. Je n’avais qu’une joie, rentrer chez moi, pour lire ses pensées, juste à côté de mon rosier. J’ai l’envie folle, aujourd’hui, d’un bananier, sur les rebords de ma baignoire. À voir si un jour, on le comptera avec mon État des lieux…

Je ne suis préparée à rien. Je n’ai que des doutes et des désirs d’écriture, mais les pensées hyperactives ne veulent pas rester dans une demeure, ne veulent pas se mettre en lignes. Elles veulent l’eau, le vent, l’intérieur intime d’une fleur, la quintessence de la féminité. Mais je veux y entendre en sagesse, je veux les questionnements existentiels de Déborah, je veux les voyages, je veux le cabanon, je veux une chambre à moi, tout ce qui fait une propriété et l’Etat des lieux de nos foyers…

Je ne suis préparée à rien. Mais j’imagine très bien. Les portes et les fenêtres qu’on ouvre ou qu’on referme, les murs qu’on casse et qu’on reconstruit, les lieux et les états qui nous habitent, je les imagine dans le temps et l’espace. J’étudie auprès de mes aînées leur façon de vivre, leur façon de redessiner le bonheur, de compter leurs biens. Et puisque le personnel est politique, Deborah Lévy avec cette autobiographie en mouvement, m’initie à l’élévation. Je rénove mes rêves et mes enseignements, suite à cela. Je déconstruis et réinvente ma liberté.

Je n’étais préparée à rien, mais je fais état d’un coup de coeur pour cette lecture. Je suis riche, maintenant, d’écrits puissants que je pourrai lire et relire, parce que Ce que je (ne) veux (pas) savoir c’est Le coût de la vie et l’État des lieux, et d’autres bonheurs impertinents, et je ne suis que gratitude pour ceux que Déborah Lévy nous transmet avec tant d’intelligence et de soin, pour qu’ils résonnent dans le réel…

Laissez un peu de poussière de féerie, cela fait toujours plaisir...

En Féérie, il brille quelques poussières…

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