Les femmes qui craignaient les hommes, Jessica Moor

🏚Ce que j’ai ressenti:

-« Pourquoi suis-je morte? »-

Avant.

Parce qu’elle était victime.

Maintenant.

Parce qu’il est bourreau.

Elle est morte. Elles meurent. Elles mourront encore…Parce que le féminicide est un fléau que la société a du mal, à comptabiliser, à endiguer, à empêcher, à traiter, à punir, à conscientiser. De partout, dans le monde, les femmes craignent les hommes. C’est une réalité que Jessica Moor traite, avec intelligence, dans ce polar.

Banlieue de Manchester. On se retrouve au cœur d’un refuge sécurisé pour les femmes, victimes de violences conjugales. On est confrontés à leurs réalités faites de peurs incessantes, d’angoisses permanentes, de cauchemars récurrents. Chacune a son histoire, chacune, emprise dans une relation toxique, toutes, ont été maltraitées…Elles sont pourtant, à l’abri entre ces murs, car Valérie Redwood veille sur ses protégées. Mais ça ne suffit pas. Puisque l’une d’entre elles, meurt, noyée. Reste à déterminer si c’est un meurtre ou un suicide. Mais qu’importe, le doute s’installe. L’avant et le Maintenant créent le suspense. Pour les autres femmes du foyer, c’est la confiance qui s’enfuit et l’horreur qui se rappellent à elles…

-« Pourquoi suis-je morte? »-

C’est à mon avis, ce que se demande toutes les femmes mortes, victimes de la masculinité toxique systémique. L’autrice a travaillé dans le secteur social, auprès de femmes battues. Ça se ressent dans le texte. Elle retranscrit toutes les mécanismes de manipulations, de prédations et d’emprises que les hommes utilisent, afin de détruire, au sens propre comme au sens figuré, les femmes. Avec ce thriller psychologique, on touche de près, le ressenti au féminin. Ce qui est à mon sens, le gros point fort de cette lecture. Enfin, la parole, l’émotion, le quotidien de ces femmes sont visibles, dicibles, reconnus. On prend toute la mesure de pourquoi il y a, des femmes qui craignaient les hommes…

-« Pourquoi suis-je morte? »

Parce que la Mort a frappé.

J’ai adoré ce polar pour sa thématique, son originalité, l’engagement de l’autrice. C’est un page-Turner, très efficace que je conseille, de tout cœur. Il a ma préférence dans cette Sélection Prix Nouvelles Voix du Polar, toutes catégories confondues. Suivre ces femmes, leurs cheminements, leurs résiliences, leurs victoires, c’est comprendre qu’une autre voie est possible, et elle s’appelle: Sororité. Mais qu’il faudra encore beaucoup d’efforts, d’entraides et de compréhensions pour voir naître autre chose, que la crainte dans les yeux de ces femmes-là. J’ai confiance, d’ailleurs Maintenant, en lisant ce livre, parce que j’ai pu voir que certaines se battent, avec détermination, dans la fiction ou la vie réelle, avec une plume ou les moyens du bord, pour aider Les Femmes Qui Craignaient les Hommes…Avant de m’éclipser, j’espère avoir planter une petite graine rose…

« Je vous donne juste les chiffres, et les chiffres ne mentent pas. Les femmes ne commentent pas de meurtres. »

Lu dans le cadre du Prix Nouvelles Voix du Polar Pocket

4 Commentaires (+ vous participez ?)

  1. Collectif Polar : chronique de nuit
    Sep 15, 2022 @ 06:04:05

    Mais pour le découverte polar.
    Je vais l’acheter du coup !

    Réponse

  2. belette2911
    Août 04, 2022 @ 18:00:23

    Allez, la graine est plantée, je le veux ! 🙂

    Réponse

Laissez un peu de poussière de féerie, cela fait toujours plaisir...

En Féérie, il brille quelques poussières…

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