La fille du Diable, Jenni Fagan

🔥Ce que j’ai ressenti:

« Je vais t’envoyer cette lettre aujourd’hui. Je t’écrirai à nouveau dès que je pourrai. Je peux maintenant en attester, penser est l’acte de transgression le plus profond. »

Parce que penser le monde, la maternité, le corps, l’écologie, la religion, l’amour, la transmission peut tout changer. Pour peu qu’on se donne la peine. Les menaces qui pèsent sur notre environnement, notre société, nos mécanismes de fonctionnement sont innombrables, alors les poètes pourront changer cela. Des poètes talentueuses comme Jenni Fagan. Avec ce roman fabuleux, engagé, puissant, fantastique, sensationnel, elle transgresse, elle repense un monde plus juste…Même si, dans l’immeuble, 10 Luckenbooth Close, Édimbourg, les tragédies s’enchaînent, elle nous montre un autre possible, plus inclusif, plus réfléchi, plus aimant, plus éthique. C’est vrai qu’il y a cette malédiction qui pèse sur ce bâtiment de neuf étages, c’est sûr que côtoyer la fille du Diable c’est déconcertant, mais puisque le pire ne se vit plus seulement dans les détails, le Mal, lui, s’invite partout. Dans tous les appartements. Il ne craint rien, ni personne. Le Mal prend différentes formes, il n’est plus seulement le fait du très redouté Diable, mais plutôt celui des conséquences du patriarcat, de la haine, du racisme, des discriminations, du pouvoir et des gangs. Alors, chaque porte ouverte, nous donne à voir des drames horribles, quelques créatures fantastiques et des histoires bien tristes. L’immeuble a été marqué, et il va subir au fil des années, le poids incommensurable de tous ces malheurs, comme si les larmes et les souffrances de tous ces locataires rajoutaient des unités de masses, jusqu’à la menace d’effondrement…

Tour à tour des chapitres, on va rencontrer des sorcières, des fantômes, des laissées-pour-comptes, des hommes abjects, des personnes en marge de la société, les bruits de la ville, le chiffre 666, la menace de la fin du monde, du sang, des os, du feu…Tous se croisent et s’entremêlent entre 1910 et 1999, victimes de violences diverses. Jenni Fagan s’efforce de dénoncer à travers toutes ces rencontres, la folie des hommes et des démons, leurs relations ambiguës au corps et à la sexualité, les dangers de l’obscurantisme…

Ce livre est un mega coup de cœur! C’est un roman noir polyphonique, féministe et sensoriel. C’est tout ce qui me fait vibrer! Malgré cette violence omniprésente qui me tuait à grands feux, l’autrice met tellement de poésie, de fantaisie et de merveilleux, que l’ensemble donne une magie étourdissante et hypersensible qui a réussit à me bouleverser profondément! Je ne suis pas prête d’oublier la fille du Diable! Tu seras toujours dans mes pensées, Jessie…

« C’est dangereux et ce n’est pas bon pour moi mais je n’arrêterai pas, ni pour des sirènes, qu’elles chantent ou qu’elles hurlent, ni pour des dictateurs, des racistes ou des sales types, (…), ni même pour Dieu en personne, je me suis fixée un but et je n’arrêterai pas de penser de façon aussi profonde que possible, pour personne. »

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement les éditions Metailie de leur confiance et l’envoi de ce livre.

3 Commentaires (+ vous participez ?)

  1. belette2911
    Fév 28, 2022 @ 19:50:39

    T’as d’beauc ch’veux, tu sais ! 🙂

    Réponse

Laissez un peu de poussière de féerie, cela fait toujours plaisir...

En Féérie, il brille quelques poussières…

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