Dérive des âmes et des continents, Shubhangi Swarup.

Synopsis:

Magistral premier roman indien où le paysage, la terre, la mer, les montagnes et les personnages principaux (deux jeunes mariés, un yéti mélancolique, un géologue, une tortue…) semblent inventer un genre en soi : la fiction de la nature. Un roman tellurique, où les histoires semblent surgir organiquement le long d’une ligne de faille qui fait trembler la terre et tout ce qu’elle contient de l’océan Indien à l’Himalaya. Peut-être le premier roman où la nature s’exprime directement. Deux jeunes mariés s’installent dans une ancienne demeure coloniale, sur les îles Andaman, et tentent de s’apprivoiser. Ils savent qu’ils se sont déjà aimés dans d’autres vies. Girija Prasad est un scientifique fasciné par les volcans lilliputiens et les phénomènes naturels de l’archipel. Chanda Devi est un peu sorcière ; elle sait amadouer les éléphants en colère, prévoir les tremblements de terre et parler aux fantômes qui peuplent les îles (soldats japonais, lord anglais, mangeurs d’escargots, une chèvre bêlante). Plusieurs personnages plus loin (un jeune révolutionnaire, un trafiquant désabusé, un yéti mélancolique, une tortue, une strip-teaseuse…), on retrouve leur descendant le long de la ligne de faille sismique : un géologue chargé de s’assurer que le prochain sommet himalayen, prévu pour être plus haut que l’Everest, surgira bien dans le cadre des frontières de l’Inde, pour encourager le tourisme. Premier roman au souffle incroyable, Dérive des âmes et des continents surprend par sa puissance narrative, à la hauteur des tsunamis qu’il contient.

Ce que j’ai ressenti:

▪️Se rattacher aux âmes…

Un roman polyphonique ambitieux, poétique et onirique qui m’aura littéralement enchantée. Même s’il m’a fallu dériver aussi pour saisir toutes les nuances et les intentions de l’auteure, je me suis rattachée au pouvoir des mots. Et c’était magnifique. Certains passages m’ont bouleversée, d’autres moins, je dois l’avouer, parce que justement cette lecture possède plusieurs voix et que certaines vibrent plus que d’autres en nous. Il y a des âmes qui restent, des fantômes qui parlent et des poètes qui laissent des mots résistances. Plusieurs voix se succèdent, se répondent parfois, s’ignorent aussi, se retrouvent et se perdent. Elles dérivent…Il nous faut les entendre parce que chacune parle d’une souffrance particulière que ce soit le deuil, l’abandon, l’exil, la violence conjugale, la peur ou la folie. Alors on se rattache à leurs mots pour comprendre leurs histoires…

La vie est plus que la somme de ses souffles et de ses tremblements.

▪️Se rattacher aux continents…

Il y a des lignes de failles, des creux qu’on caressent et des fissures qu’on explorent. Il y a des temps de solitude, de contemplation et d’abandon. L’autre voix puissante qui nous parle c’est la nature elle-même, elle incarne ce roman. Les paysages se succèdent, la mer laisse la place à la neige, les îles sont continents, les fissures descendent jusqu’au cœur du monde…Les perroquets sont îles, les scolopendres mordent, et les chèvres parlent et pendant ce temps, les plantes communiquent avec les esprits ouverts et sensibles. Ce livre, c’est la communion avec les vivants, faune et flore, et les rêves des tendres fous. C’est une lecture évasion puissante. J’en reviens forcément éblouie et plus attentive encore à la beauté qui nous entoure.

Mettez tous les ingrédients de vos rêves dans cette bouteille et secouez vigoureusement.

▪️Et se fondre dans les fissures…

C’est un premier roman, et c’est une merveille. J’ai adoré la force évocatrice de la poésie qui fait vibrer ce roman. Dans les pulsions, on ressent une émotion. Dans les failles, on apprend les enseignements du vide. J’aurai du mal à décrire tous les sentiments qui me sont venus, je préfère en laisser dériver avec les âmes et les continents. J’aurai voulu vous dire que c’est un coup de cœur. Mais en fait, ce n’est pas ça, c’est des milliers de micro-fissures qui me restent, et j’imagine que dans une prochaine lecture, quand j’aurai plus de sagesse peut-être, il me viendra ce raz-de-marée qui saura tout emporter…

-Vous n’êtes ni un gazhal, ni un poème, ni une chanson, l’entendit-elle dire. Vous n’en êtes pas non plus la muse. Je vous connais. Vous êtes une poétesse.

Ma note Plaisir de Lecture 9/10

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement les éditions Metailie de leur confiance et l’envoi de ce livre.

7 Commentaires (+ vous participez ?)

  1. belette2911
    Avr 11, 2020 @ 18:19:42

    Carrément le 9/10 !! Tu me donnes envie.

    Réponse

  2. Light And Smell
    Avr 07, 2020 @ 07:03:26

    Je ne connaissais pas, mais ça a l’air d’une lecture puissante qui marque la vie d’un lecteur.

    Réponse

Laissez un peu de poussière de féerie, cela fait toujours plaisir...

En Féérie, il brille quelques poussières…

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