Trois fois la fin du monde, Sophie Divry.

 

Trois fois la fin du monde par Divry


Synopsis:

Après un braquage avec son frère qui se termine mal, Joseph Kamal est jeté en prison. Gardes et détenus rivalisent de brutalité, le jeune homme doit courber la tête et s’adapter. Il voudrait que ce cauchemar s’arrête. Une explosion nucléaire lui permet d’échapper à cet enfer. Joseph se cache dans la zone interdite. Poussé par un désir de solitude absolue, il s’installe dans une ferme désertée. Là, le temps s’arrête, il se construit une nouvelle vie avec un mouton et un chat, au cœur d’une nature qui le fascine.

Trois fois la fin du monde est une expérience de pensée, une ode envoûtante à la nature, l’histoire revisitée d’un Robinson Crusoé plongé jusqu’à la folie dans son îlot mental. L’écriture d’une force poétique remarquable, une tension permanente et une justesse psychologique saisissante rendent ce roman crépusculaire impressionnant de maîtrise.


Ce que j’ai ressenti:

  • Onde de choc fois trois/Onde de choc trois fois…

Perdre son frère, sa liberté, sa dignité pour une seule journée d’erreur de jeunesse, c’est le lourd fardeau que Joseph Kamal va payer, maintenant, entre les murs de cette prison. Condamné à subir la haine, démuni face à cette violence insensée. Sophie Divry nous emmène au coeur de ces cellules où les comportements sont désaxés, les relations déstructurées, l’air nauséabond, l’atmosphère irrespirable, et même, toi, lecteur, tu te prends en pleine face, la violence démesurée de ces établissements de l’ombre…C’est le premier uppercut qu’elle va t’infliger, et si, jamais tu te relèves encore, malgré la douleur, les blessures ouvertes, les failles béantes dans l’inconscient, elle ne s’arrêtera pas en si bon chemin…Elle te contera les enfers: trois fois. Trois fois trop bouleversant, trois fois trop bien, trois fois trop intense. A coups de plume percutante, à coups de caresse poétique, à coups de maux déchirants. Les mots justes, pour le dire…Que la fin du monde, peut prendre tellement de formes…

« Mais comment est-il fait celui qui laisserait perdre son frère sans prendre le risque de se perdre avec lui? »

  • Solitude et Mal-être…

Lecture en trois temps, mais juste le temps de retenir ma respiration, entre ses pages, je me suis perdue, avec plaisir, dans ces fins du monde, dans le monde des hommes, dans un monde sans hommes, dans le monde de Sophie Divry qui y sublime la Nature, et raconte la vie d’un homme égaré, ses états d’esprits, ses coups du sort. Dans le bruit ou dans le silence, c’est la solitude qui asphyxie Joseph : seul face aux autres, seul face à la catastrophe, seul face à l’environnement. Jamais bien tout seul, jamais bien seul, jamais bien…Une souffrance intime, un vide à combler, une vie aux multiples fractures. C’est une robinsonnade moderne qui touche de près, nos plus profondes angoisses…

« La peur s’efface, une ivresse la remplace. »

  • Retour aux sources…

J’ai beaucoup aimé la sensibilité et la plume de Sophie Divry. Elle peut décrire aussi bien la violence que les instants suspendus, la beauté d’un paysage que la virulence d’une échauffourée. Elle tend toujours vers un espoir, comme s’il était à portée de main, peu importe le lieu, le temps, la personne…Magnifique et époustouflant dans sa singularité, j’ai adoré cette lecture. A l’aube d’une des fins du monde, une si belle histoire contée avec délicatesse, ça promet encore quelques jolis instants à vivre, sur Terre….

 

« Oui c’est cela. Que les étoiles le prennent, que les étoiles l’aspirent, qu’il sombre dans le ciel. »

 

Ma note Plaisir de Lecture   9/10

Remerciements:

Je tiens à remercier chaleureusement Alina Gurdiel, Talya Chaumont, ainsi que les éditions Noir sur Blanc pour l’envoi de ce livre! Ce fut une lecture bouleversante.

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14 Commentaires (+ vous participez ?)

  1. Rétrolien: Une note de fraîcheur conclue août 2018 – Albédo
  2. Yuyine
    Août 28, 2018 @ 11:17:12

    Woaw la claque que tu viens de me coller avec cette critique est indescriptible. J’avais lu le résumé de ce livre et il m’avait complètement repoussé. Je l’avais relégué dans les oubliettes, et puis j’ai vu le post de Maks qui te citait, et je me suis dit que je ne risquais rien à jeter un oeil à ta critique. Et là paf, retournement de cerveau… j’ai envie de me jeter sur un livre que j’avais décidé de rejeter, juste par tes mots.

    Réponse

    • stelphique
      Août 28, 2018 @ 11:36:51

      Waouh, touchée en plein cœur!
      Merci pour ce commentaire aussi enthousiaste! Tu ne pouvais pas me faire plus plaisir…Bon maintenant, ‘attends avec impatience, ton retour de lecture …Et merci merci beaucoup pour ta confiance….<3

      Réponse

  3. Collectif Polar : chronique de nuit
    Août 24, 2018 @ 03:24:10

    Il est sur ma liste de commande de la rentrée littéraire. J’avias beaucoup aimé Quand le diable sortit de la salle de bain de cette auteure, un roman humoristique et caustique sur la vie d’une trentenaire avec un regard acéré sur la société d’aujourd’hui. Mais là j’ai comme l’impression que son propos est plus lourd, plus grave ! Merci ma Fée pour ce beau retour

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  4. Lup Appassionata
    Août 23, 2018 @ 18:27:04

    Totale découverte pour moi aussi ! Et si poétiquement révélée, comme toujours avec ta plume féerique !!! 😍

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  5. Yvan
    Août 23, 2018 @ 15:56:21

    Merci pour cette belle découverte d’un livre dont je n’avais pas entendu parlé !

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  6. belette2911
    Août 23, 2018 @ 11:15:18

    Trois fois ?? Comme si une ne suffisait pas… Bon, c’est pas ça, mais tu m’énerves déjà parce que j’ai des fourmillements dans les doigts à cause d’une furieuse envie de le noter 😛

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Laissez un peu de poussière de féerie, cela fait toujours plaisir...

En Féérie, il brille quelques poussières…

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