Un Pays de fantômes, Margaret Killjoy

👻Chronique👻

« Exprimer mon opinion ne faisait pas partie de mon travail. »

Qu’on se le dise, Dimos Horacki ne sera jamais un journaliste moralisateur. Il l’a fait une fois, et s’en est mordu les doigts, et maintenant qu’il est en disgrâce d’un côté comme de l’autre des deux empires, il ne lui reste pas beaucoup d’option pour exprimer ne serait-ce que, quelque chose. Et pourtant, cet homme va traverser une situation inédite en étant à la solde d’un groupe révolutionnaire pour le moins atypique. Mais leurs valeurs vont commencer à prendre vie, ce qui parait totalement incongru alors qu’il marche sur Un Pays de fantômes….Dimos Horacki se retrouve donc, en mission-reporter, au milieu d’un conflit armé, à tenter d’apporter une vérité sur les efforts de guerre. Mais la vérité est multiple et les points de vue, divers et variés. Alors que va-t-il donc apprendre, exprimer, défendre, une fois qu’il aura rencontré la Compagnie Libre de l’Andromède bleue? La vérité est forcément ailleurs, et il vous faudra foncer vers cette histoire passionnante et mouvementée pour saisir toutes les subtilités de la liberté qui bruissent dans les montagnes Cerracs…

« Et nous risquons nos vies de notre plein gré. En quoi serait-il approprié qu’on me dicte comment je dois mourir? Le choix ne m’appartient-il pas? »

Quel choix nous appartient? Dans ce livre, je me suis posée pas mal de fois cette question, car si c’est bien en fantasy que l’on rentre, c’est aussi une porte ouverte sur une réflexion politique. Et c’est pour cela, que j’aime tant aller en imaginaire, c’est pour cette exploration et ces dynamiques socio-politiques poussées au-delà d’une certaine limite, et regarder ce qu’il en ressort. En effet, les notions de liberté, d’anarchie, de guerres expansionnistes, d’utopie viennent hanter Un pays de fantômes. Et nous aussi, par la même occasion, et c’est heureux. Car nos fantômes sont si omniprésents, qu’on se dit qu’il est peut-être temps de repenser nos fonctionnements. L’Histoire nous a prouvé que le capitalisme est un système qui a ses limites. Entre ses lois liberticides, son intolérance et sa folie destructrice et dévorante, les plaies de ce système sont profondes et purulentes, dans ce monde comme dans cette utopie mystérieuse… Avec cette lecture, nous avons le choix de l’alternative. Le choix de l’anarchisme. Une proposition réflexive, du moins, présentée sur un plateau d’argent. Loin d’être cette idée décriée du chaos, Margaret Killjoy ouvre plutôt, et avec brio, un possible où la liberté est le nouvel Eden. Certes, comme tout idée politique, l’anarchisme est plurielle et imparfaite, mais intéressante dans son potentiel. Grâce à ce journaliste candide et ignorant de ces façons de vivre, de se sacrifier, ou d’embrasser cette cause, nous pouvons entrevoir, et c’est très édifiant, que l’indépendance assumée d’un être, d’une communauté, d’un pays est la plus grande peur de ces empires colonialistes destructeurs et avides de pouvoir. Donc on se s’étonne pas que l’idée le séduise mais qu’il la questionne aussi, forcément, avec beaucoup d’entrain, tellement elle est aux antipodes de ce qu’il a acquis jusqu’ici entre les frontières de la Borolie…Alors finalement, est-ce que ce n’est pas à nous, et à eux, effectivement, de décider, comment va-t-on vivre ou mourir? Est-ce que la liberté totale n’est pas le chemin à envisager pour un nouveau départ solidaire? Je vous laisse voir cela par vous-même, mais en tout cas, j’ai adoré ce détour intelligent et déconstructeur par le Pays de Fantômes…Ne reste plus qu’à vous dire que l’émotion est aussi épique que son message, mais qu’on en revient avec un coup de cœur, car aussi bien le style que le fond, est « bigrement meilleur que tout ce que j’ai pu voir ailleurs. » Petit clin d’œil à Nola, ma chouchou badass et fabuleuse que nous avons la chance de suivre aux côtés de Dimos…

« Tout ce qu’il reste d’eux, c’est cette conversation, leurs corps qui pourrissent dans la terre et les brides de libertés qu’ils nous ont apportées par leur sacrifice. »

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement les éditions Pocket Imaginaire de leur confiance et l’envoi de ce livre.

4 Commentaires (+ vous participez ?)

  1. tampopo24
    Mai 21, 2024 @ 19:59:55

    Bravo pour cette belle chronique !
    J’ai aussi beaucoup aimé les thématiques de ce roman et son utopie en crise. ça change des nombreuses dystopies qu’on a.

    Réponse

  2. Ma Lecturothèque
    Mai 21, 2024 @ 15:24:48

    J’aimerais beaucoup découvrir ce roman.

    Réponse

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En Féérie, il brille quelques poussières…

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