Délivrées, Delilah S. Dawson

🦟Chronique🦟

« Il y a une rumeur bizarre. À propos d’une nouvelle épidémie. Pas comme le Covid. Une maladie qui rend les gens bizarres. Agressifs. »

Est-ce que la Violence sera la réponse à la violence? Cette question posée dans un sens comme dans l’autre, nous mène au cœur d’un problème de société majeur mais silencié, et quoi de mieux que ce nouveau thriller de Delilah S. Dawson pour aller piquer, pile là où ça fait mal? Sous couvert d’anticipation, elle nous emmène dans l’enfer des violences faites aux femmes. Au cœur des foyers. Quelles soient physiques, psychologiques ou sexuelles, les violences domestiques sont réelles mais pas toujours visibles, alors l’autrice s’emploie à nous décrire les mécanismes d’emprises, à nous montrer ces monstres insoupçonnés, à nous déciller les yeux sur un phénomène systémique dévastateur. J’imagine que ces périodes de confinements que nous avons passé avec la pandémie planétaire a nourri son intrigue, mais on sent qu’il a aussi développé sa compassion pour ces femmes enfermées avec un homme violent. Mais avec ce roman captivant, engagé, puissant et cette nouvelle épidémie de Violence, la donne pourrait changer. Les camps pourraient s’inverser. Les femmes pourraient se libérer…Avouez que c’est réjouissant! En tout cas, je vous invite vivement à vous précipiter sur cette petite bombe littéraire! J’ai adoré! Mais plus encore, je crois que ce qu’il m’a plu, c’est cette manière intime et survoltée de traiter ce sujet avec autant de sensibilité. C’est maitrisé, documenté, et juste. Ces femmes, quel que soit leurs âges sont victimes. Toutes souffrent d’une façon ou d’une autre d’être une femme, dans un monde de brutes. Cette famille, de la grand-mère à la mère et aux petites filles, est dysfonctionnelle car elle essaye de correspondre aux diktats insensés de la société patriarcale. Mais, à un moment, il est temps de dire STOP. Avec ou sans aide, avec ou sans Violence, il n’est plus humainement possible de subir ce genre de maltraitance insidieuse et ignoble. Je peux vous certifier que je n’ai pas pu lâcher cette lecture. Non seulement, on s’attache à ces femmes qui se débattent pour survivre, on est pris viscéralement dans une tension permanente et addictive qui nous bouleverse de l’intérieur, mais on a aussi matière à réfléchir à nos propres peurs avec ce virus qui court les rues. Je ne veux pas divulgâcher de l’intrigue mais j’ai apprécié l’évolution de ces femmes, qu’il soit timide ou phénoménal, leur changement est encourageant et significatif. C’est un coup de cœur. Mais ce n’est pas cela l’essentiel, ici, dans cette chronique, ce que je pense en revanche, c’est qu’il est un souffle de fraîcheur pour celles qui en ont besoin. Peut-être que de s’imaginer un instant, incarner la Floridienne pourra leur être utile. Même en rêve, même pour un peu de temps, sortir de leurs réalités cauchemardesques, réveillera sans doute, un élan d’émancipation. Un cri au moins, dans la maison. Et je promets de tendre l’oreille. Je jure d’y faire attention. Et je remercie du fond du cœur, Delilah S. Dawson, d’avoir eu cet acte de générosité et de sororité en écrivant, Délivrées, cet excellent thriller!

« Maman, tu viens de te faire tabasser par papa. À quoi tu voudrais ressembler? »

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement les éditions Sonatine de leur confiance et l’envoi de ce livre.

3 Commentaires (+ vous participez ?)

  1. belette2911
    Juin 18, 2024 @ 18:58:44

    Non, je ne chanterai pas 😆 Mais je l’avais surligné, il m’intriguait, ce roman 🙂

    Réponse

Laissez un peu de poussière de féerie, cela fait toujours plaisir...

En Féérie, il brille quelques poussières…

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